entre doutes et promesses
Le lendemain de l’anniversaire de Darils, je me réveillai avec la tête encore pleine des images de la veille. La fête, les rires, les regards furtifs, le jeu de questions-réponses… et surtout cette phrase, cette réponse qui résonnait toujours dans mon cœur : « Son nom c’est Cephas, et il n’est pas venu. »
J’avais essayé de m’endormir avec légèreté, mais le poids de ces mots m’avait suivi jusque dans mes rêves.
Ce matin-là, pourtant, je pris mon courage à deux mains. J’ouvris mon téléphone, hésitai un instant, puis écrivis un simple :
— Cc.
À peine avais-je envoyé le message que, presque immédiatement, son nom s’afficha en haut de mon écran. Une réponse, rapide, pressée, comme si lui aussi attendait mon signe.
— Alors comme ça tu me fuis ?
Mon cœur bondit. Ses mots me traversèrent comme une flèche. J’eus un petit sourire amer : il avait remarqué mon silence de la veille, mon absence de réponses à ses déclarations.
— Je te fuis pas, répondis-je simplement.
Quelques secondes passèrent. Puis de nouveau, son message :
— Alors pourquoi tu m’as plus répondu ?
Je fixai l’écran longuement, mes doigts hésitants au-dessus du clavier. Devais-je lui dire la vérité ? Lui avouer que j’avais paniqué, que ses mots m’avaient bouleversé au point de me couper le souffle ? Non. Je choisis la voie la plus simple : détourner la conversation.
— Au fait, mon anniversaire aussi c’était le 13 juillet.
Je tapai cette phrase presque innocemment, comme pour créer une complicité légère. Quelques instants plus tard, il répondit avec une petite blague qui me fit éclater de rire.
— De plus, on est nés dans le même mois ! On a quoi en commun en plus ?
Ce ton taquin, ce sourire que je pouvais presque entendre derrière les mots, allégea mon cœur. J’écrivis en riant :
— On en reparlera le 13.
Bien sûr, je n’avais rien prévu pour fêter mon anniversaire, mais lui annoncer cela me donnait une excuse. Une promesse suspendue dans l’air.
Nous échangeâmes ainsi de nombreux messages dans la matinée. Il me raconta qu’il attendait les résultats du baccalauréat, qui devaient sortir le soir.
— Ce soir, les résultats sortent, écrivit-il.
Je répondis aussitôt, avec toute la conviction possible :
— Je suis sûr que tu seras admis.
Son assurance me fit sourire.
— Wep, je sais que je serai admis.
J’imaginai son air fier, sa confiance naturelle. Tout en lui respirait la certitude et la détermination. Moi, de mon côté, je sentais une admiration croissante pour lui, une sorte d’attirance qui dépassait ce que je pouvais expliquer.
Quand la conversation se calma, je restai seul avec mes pensées. Mais l’agitation intérieure ne s’apaisait pas. J’avais besoin d’en savoir plus, de comprendre vraiment où je mettais les pieds. Alors, dans un geste que je jugeai moi-même un peu bête, j’écrivis à Fernando, son meilleur ami .
*. *
La journée vait pris une tournure étrange. Après nos messages du matin, je me retrouvai à attendre son prochain mot comme on attend un rayon de soleil dans une journée grise. Mon téléphone était devenu une extension de moi-même : chaque vibration, chaque éclairage d’écran me faisait bondir.
C’était ridicule, peut-être. Mais c’était ainsi.
Je ne cessais de relire nos échanges. Son « Alors comme ça tu me fuis ? », son « Est-ce que je te plais ? », ses petites blagues. Tout prenait une dimension démesurée dans mon esprit. Je m’analysais, je me reprochais d’avoir paniqué la veille. Mais en même temps, comment aurais-je pu réagir autrement ? C’était la première fois que quelqu’un me disait des mots pareils, surtout lui, Darils.
Je m’étais toujours dit que j’étais quelqu’un de discret, d’ombre, incapable de susciter l’attention particulière de quelqu’un comme lui. Pourtant, la veille, il m’avait regardé, il m’avait posé la main sur le menton, il m’avait taquiné. Et cette nuit, il m’avait avoué que je lui plaisais. Tout cela tournait en boucle dans ma tête.
La discussion avec Fernando
C’est pour cela que j’avais écrit à Fernando. Je savais que c’était risqué, peut-être même bête, mais j’avais besoin d’une vérité extérieure, d’un regard qui m’éclairerait sur la situation. Fernando connaissait Darils depuis longtemps, il savait ce qu’il valait vraiment.
Quand il me dit que la relation avec Cephas battait de l’aile, mon cœur fit un bond d’espoir. Pourtant, je ne laissai pas paraître ma joie. J’écrivis calmement :
— Tu penses vraiment que ça ne va plus durer ?
Sa réponse arriva rapidement.
— Oui. Parce que Cephas est trop impoli. Il ne respecte pas ses amis. Et tu sais, pour Darils, l’amitié est sacrée. Il met toujours ses amis en avant, parfois même plus que tout le reste.
Ces mots m’émurent. Je me souvenais de la veille, lorsqu’il avait pris soin de me servir à boire, de me faire servir à manger, d’avoir cette attention envers moi malgré les dizaines d’invités. Oui, je voyais ce qu’il voulait dire.
— Et Darils… comment il est vraiment, en amour ?
Fernando mit un peu plus de temps à répondre, comme s’il cherchait ses mots. Puis :
— C’est quelqu’un de généreux, tu peux avoir son cœur. Mais… son corps, jamais. Il n’est pas habitué à la fidélité.
Je restai longtemps bloqué sur cette phrase. Elle vibrait en moi comme une note grave et inquiétante. J’essayai d’en percer le sens. « Son cœur mais pas son corps »… Était-ce un avertissement ? Une manière de dire que Darils donnait beaucoup, mais qu’il ne se posait pas, qu’il papillonnait ?
Et pourtant, je pensai immédiatement : Peut-être que moi, je peux le changer.
C’était audacieux, naïf sans doute, mais je le ressentais au plus profond de moi. J’avais envie de croire que j’étais capable d’être celui qui transformerait son rapport à l’amour, celui qui lui donnerait une stabilité.
Je ne voulais pas me précipiter. Alors je lui écrivis plus tard :
— Je te donnerai ma réponse le jour de mon anniversaire.
Il répondit simplement :
— Oui.
Un « oui » plein de promesses, comme un pacte silencieux entre nous.
L’attente des résultats
L’après-midi se déroula lentement. Je n’avais qu’une idée en tête : le soir, Darils allait connaître son sort, ses résultats du bac. Je sentais l’importance que ce moment avait pour lui, et, par ricochet, pour moi. J’étais nerveux, comme si j’étais celui qui passait l’examen.
Je me surpris plusieurs fois à prier intérieurement pour lui, à murmurer son nom avec espoir. J’imaginais son visage fier, son sourire satisfait en découvrant la mention.
Le soir venu, je n’arrivais plus à tenir en place. Je restais connecté, guettant chaque seconde. Et puis, enfin, son message arriva.
— J’ai eu mon bac ! Mention Assez Bien !
Je bondis de joie, mon cœur explosant de fierté. J’avais envie de courir dans les rues, de hurler à tout le monde : Il a réussi ! Comme si c’était ma propre victoire.
— Félicitations ! Je suis tellement fier de toi !
Je lui envoyai une pluie d’emojis, des cœurs, des feux d’artifice, des applaudissements. Mais malgré cette explosion d’enthousiasme, je me retins d’aller trop loin. J’avais peur qu’il voie à quel point j’étais attaché à lui.
Il me répondit avec un sourire virtuel que je pouvais presque entendre. Et moi, je restai là, serrant mon téléphone contre ma poitrine, comme si c’était lui que je tenais dans mes bras.
Ma propre réussite
Quelques instants plus tard, ce fut mon tour. Les résultats de mon probatoire tombèrent, et moi aussi j’étais reçu. Je sautai de joie, un cri m’échappa, presque enfantin. Immédiatement, je voulus partager ça avec lui.
— Moi aussi, j’ai eu mon probatoire !
Je l’imaginai sourire derrière son écran, fier de moi à son tour. Deux victoires, presque en miroir. Comme si le destin décidait de nous accorder cette étape ensemble, côte à côte.
Je luis écrivis encore :
— On dirait qu’on avance tous les deux, toi étudiant, moi aussi je monte…
Il répondit avec un emoji fort et sûr de lui. Et moi, je restai là, ému, presque tremblant.
La nuit de confidences
Après cette avalanche d’émotions, la nuit s’installa doucement. Je restai éveillé, repensant à tout ce qui venait de se passer. À mes messages avec lui, à mes échanges avec Fernando, à l’avenir qui se dessinait.
Je me demandai mille choses : Que voulait-il dire vraiment quand il m’avait dit que je lui plaisais ? Était-ce un jeu, une provocation, ou une sincérité profonde ? Et moi, étais-je prêt à assumer mes sentiments ?
J’avais promis une réponse le jour de mon anniversaire. Ce délai me rassurait et m’angoissait à la fois. Trois semaines. Trois semaines pour comprendre ce que je ressentais, trois semaines pour savoir si j’étais prêt à dire oui.
Et pourtant, au fond de moi, je le savais déjà. Oui, il me plaisait. Oui, je voulais être plus qu’un ami pour lui. Mais comment le dire, comment l’assumer sans trembler ?
Je me laissai tomber sur mon lit, les yeux fixés sur le plafond. Mes pensées s’entremêlaient dans un chaos doux-amer. L’image de son sourire, de son regard taquin, de ses mots résonnait encore et encore.
Je me sentais heureux, confus, effrayé, tout à la fois. C’était comme si la vie s’ouvrait devant moi avec une promesse immense, mais fragile.
L’éveil d’un espoir
Ce chapitre de ma vie venait de s’écrire à travers des messages, des sourires virtuels et des confidences chuchotées. Mais il avait la force des grands tournants. J’avais l’impression qu’un chemin s’ouvrait devant moi, un chemin que je n’avais jamais osé emprunter.
Et dans le silence de la nuit, une phrase s’imposa à moi, claire comme une évidence :
Peut-être que je suis en train de tomber amoureux de Darils.
Je fermai les yeux, un sourire timide aux lèvres, le cœur battant plus fort que jamais.
"a suivre"
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Comments
🌚🖤รɦiʀɑ ɑ ʆɑ ɓɛcɦɑɱɛʆ🤍🌝
c'etait super, la suite stp......
2025-08-18
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