\*\* L’anniversaire de Darils\*\*
Le jour de l’anniversaire de Darils était enfin arrivé. J’avais préparé mon cadeau avec soin : une montre élégante, sobre mais qui, je savais, pourrait lui plaire. J’arrivai chez lui avec une boule au ventre, le cœur battant à tout rompre. Quand je franchis la porte, il n’était pas encore là. Mais les autres invités, eux, étaient déjà présents.
Je commençai par faire connaissance avec certains d’entre eux. Il y avait Legé, Jacques, Rich, Felic, Daniel… et d’autres encore. Tous étaient chaleureux, rieurs, bavards. Mais, honnêtement, peu importait à quel point ils étaient gentils ou intéressants. Tout ce que je voulais voir, c’était Darils. Mon regard balayait la pièce à chaque instant, espérant qu’il apparaisse enfin.
Et puis, il entra. Mes yeux ne le quittèrent plus. Il avait deux sachets de Pure Water dans un jaba noir – ce long habit musulman qui lui donnait une allure à la fois majestueuse et mystérieuse. Quand il me vit, il me sourit, et ce simple sourire me fit frissonner. Il ne dit rien, se contenta de passer, et je compris qu’il allait se changer.
Le temps sembla s’allonger indéfiniment avant que la fête ne commence. Et quand elle commença enfin, Darils revint vers moi. Il m’apporta une boisson et me demanda gentiment ce qu’on pouvait me servir à manger. Il s’installa juste en face de moi, un pied entre mes jambes, et posa sa main sur mon menton. Je ne savais plus où me mettre. Il me taquinait doucement, amusé par mon silence et mes gestes hésitants.
Puis Rich l’appela pour quelque chose, et Darils dut s’éloigner. À sa place, Jérémy – un de ses amis bruyants et toujours prêt à boire – se rapprocha de moi. Il me taquinait, parlait sans arrêt, et petit à petit, je me sentis intégré à ce petit groupe. Jérémy était drôle et léger, un peu encombrant mais attachant. Par moments, je jetais des coups d’œil à Darils, qui s’éloignait parfois, et je ressentais ce mélange étrange entre excitation et nervosité.
Le soir avançait, et un jeu fut lancé. Le principe était simple : l’anniversaireux devait se tenir devant tout le monde pendant que chacun lui posait des questions. Les premières interrogations étaient banales, puis Daniel osa une question plus personnelle.
« Darils, tu es gay ou bi ? » demanda-t-il.
Darils répondit calmement : « Bi. »
Quelques autres questions suivirent, portant sur son rôle dans la vie, ses choix… jusqu’à ce qu’on lui demande : « Et ton couple, c’est qui ? »
Mon cœur sembla exploser dans ma poitrine. Sa voix résonna, claire et ferme : « Je suis en couple, comme vous tous le savez. Son nom, c’est Cephas, et il n’est pas venu. »
Ces mots, prononcés si naturellement, frappèrent mon cœur comme des aiguilles brûlantes. La douleur était immédiate et sourde, comme si un poids invisible s’était installé au creux de ma poitrine. Je me levai, incapable de formuler une question. Tout ce que je pus dire fut :
« Je n’ai pas de questions à te poser… je veux juste rentrer. »
Sans attendre de réponse, je quittai la fête, Jérémy à mes côtés. Je sentais mes mains moites, mon souffle court, et mon esprit tourbillonnait de mille pensées contradictoires. Une fois dehors, j’appelai Darils pour qu’il vienne récupérer son cadeau.
Il arriva quelques instants plus tard, l’air attentif. « Jérémy te dérange trop ? » demanda-t-il doucement.
« Non, » répondis-je froidement, ne voulant pas trahir la confusion qui m’habitait.
« Alors… c’est à cause de ce que j’ai dit sur mon couple ? » insista-t-il, comme s’il devinait ma douleur.
« Non… » mentis-je. Je voulais partir, tout simplement, avant que mes émotions ne me submergent.
Il me demanda alors quel était son cadeau. Je lui montrai la montre que j’avais préparée. Darils la prit délicatement, et je sentis mes doigts frôler les siens quand il la passa à son poignet gauche. Mon cœur fit un bond. Cette proximité, ce contact fugace, suffisa à me faire vaciller.
Sans un mot de plus, je partis. Il m’accompagna jusqu’à une voiture, et je m’installai à l’intérieur, le cœur lourd, presque brisé. Sur le chemin du retour, mes pensées revenaient sans cesse à lui, à son sourire, à sa voix, à ce mot… Cephas. Ce simple nom résonnait comme un écho douloureux dans ma tête.
Plus tard dans la nuit, allongé dans mon lit, je sentis les larmes me monter aux yeux. Quelques gouttes s’échappèrent malgré moi. Je ne comprenais pas cette douleur intense qui m’emplissait, cette envie de pleurer et de crier à la fois. Puis mon téléphone vibra. Un message de Darils.
« Tu es bien rentrée ? »
Je répondis simplement : « Oui… merci pour l’invitation. »
Quelques minutes de silence, puis il reprit :
« Est-ce que t’es fan de moi ? »
Je fronçai les sourcils. « Je… je n’ai pas compris. »
« Est-ce que je te plais ? » répéta-t-il.
Je sentis mon cœur s’emballer. Je voulais répondre, mais aucun mot ne sortit. « Je… je sais pas… si c’est de l’amour ou… »
Il répliqua calmement, mais avec une douceur qui me fit trembler : « Moi, tu me plais bien, et j’aimerais être plus que ton ami. »
Le choc fut immédiat. Mon esprit vacilla, mes mains tremblèrent. Je paniquai, incapable de répondre. Les mots restaient coincés dans ma gorge. Une part de moi voulait courir vers lui, une autre voulait se terrer dans le silence. Je me sentis à la fois vivante et brisée, transportée par une vague d’émotions trop intense pour que je puisse la contrôler.
Je restai là, immobile, le téléphone serré dans mes mains, sentant mon cœur battre à un rythme effréné. L’image de sa main sur mon menton, son regard doux mais espiègle, le contact fugace de la montre sur son poignet… tout revenait en boucle dans mon esprit. Je compris alors que cette nuit, ce moment, resterait gravé dans ma mémoire pour toujours.
Je me laissai glisser contre le mur, fermant les yeux, essayant de calmer le flot de sentiments qui me submergeait. La tristesse, la confusion, l’excitation, la douleur… tout se mêlait en une seule sensation insoutenable mais étrangement belle.
Et malgré tout, malgré la peine causée par son autre relation, malgré mon incapacité à répondre à ses mots, je sentis naître quelque chose de fragile mais lumineux au fond de moi : l’espoir. L’espoir que peut-être, un jour, ce lien entre nous pourrait changer. Que ce que je ressentais pouvait avoir une chance de se transformer en quelque chose de réel, quelque chose de partagé.
Je m’endormis finalement, le téléphone toujours à côté de moi, le cœur lourd mais étrangement vivant, avec cette image gravée dans mon esprit : Darils, souriant, mystérieux, insaisissable… mais étrangement proche de moi, malgré tout.
\*\*a suivre dans le chapitre 4\*\*
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Comments
🌚🖤รɦiʀɑ ɑ ʆɑ ɓɛcɦɑɱɛʆ🤍🌝
je te le dis ici et mtn n'abandonne jamais pas passion pour l'écriture
2025-08-18
2
Eugénio Sandoval
😭😭😭😭 c’est si émouvant 🥹
Mes félicitations mon grands. C’est une histoire aussi triste que joyeuse. J’aime trop ça
2025-08-18
1