\*\*battements de la nuit\*"
Quand je suis rentré chez moi ce soir-là, mon corps marchait dans les rues de Lomé, mais mon esprit, lui, flottait encore chez Fernando. Tout était flou autour de moi : les lampadaires jaunes, les cris des vendeuses au bord de la route, le bruit des motos qui filaient dans la nuit. Tout me semblait lointain, comme si j’étais enveloppé dans une bulle invisible, une bulle où il n’y avait que moi… et Darils.
Mon cœur battait encore vite, comme s’il voulait se libérer de ma poitrine. Je ne pouvais pas m’empêcher de repenser à lui, à ses tresses, à ses yeux rieurs, à ce sourire qui semblait toujours cacher quelque chose. Il avait un copain, je le savais. Cephas. Ce prénom résonnait dans ma tête comme une barrière, comme un mur entre lui et moi. Et pourtant, malgré ce mur, je sentais que quelque chose venait de naître en moi. Une graine minuscule, mais qui s’accrochait, qui poussait déjà dans l’ombre de mon cœur.
Je me suis allongé sur mon lit, les yeux fixés au plafond. J’avais l’impression d’avoir ouvert une porte qu’il m’était interdit de franchir. J’étais troublé, excité, perdu. Était-ce normal de ressentir ça après une seule rencontre ? Était-ce normal de vouloir plus, alors que je savais que « plus » m’était interdit ?
Mon téléphone a vibré. Une notification Messenger.
C’était lui.
Darils : Alors, t’as aimé notre rencontre ?
J’ai relu le message trois fois, incapable de croire qu’il m’écrivait déjà. Mon cœur a recommencé à cogner comme un tambour. Mes doigts tremblaient, mais j’ai réussi à taper :
Moi : Oui, j’ai aimé.
Quelques secondes plus tard, la réponse est arrivée, rapide, comme si lui aussi m’attendait.
Darils : Hahaha, j’espère que t’as pas trop flippé hein, on t’a pas traumatisé ?
Un sourire idiot s’est dessiné sur mon visage. Ses mots semblaient simples, juste une plaisanterie, mais pour moi, ils avaient une force immense. Chaque lettre, chaque rire écrit, je les lisais comme s’il me parlait directement, comme si c’était une preuve qu’il pensait à moi.
Moi : Non, du tout ! C’était bien, vraiment.
Il a continué à écrire, à plaisanter, à me lancer des petites piques légères. Et plus il écrivait, plus je me sentais pris au piège de quelque chose que je ne contrôlais pas. J’essayais de cacher mon jeu, de répondre normalement, mais en moi, je savais que je m’enfonçais. Ses mots me faisaient sourire bêtement dans le noir, et je me détestais pour ça.
Au bout d’un moment, il a changé de ton :
Darils : Dis, t’as quoi ? Tu me sembles… différent.
Je suis resté longtemps devant l’écran. Qu’est-ce que je pouvais répondre ? Que j’étais déjà en train de tomber pour lui alors qu’il appartenait à quelqu’un d’autre ? Que ses mots me troublaient au point de m’empêcher de respirer ? Non, impossible. J’ai choisi de jouer la carte du mystère.
Moi : Rien, je vais bien.
Il n’a pas insisté, mais je sentais que mes silences l’intriguaient.
Puis, presque sans prévenir, un nouveau message est tombé :
Darils : Hé, je fête mon anniversaire le 8 juillet ! Tu viens, hein ? Ce sera encore chez Fernando.
J’ai senti une chaleur parcourir tout mon corps. Une invitation. Pas juste un rendez-vous banal, mais une porte grande ouverte sur un monde que je découvrais à peine. L’idée de revoir Darils, de revoir Fernando et les autres, me donnait le vertige.
Moi : Oui, bien sûr, je viendrai.
Je pouvais presque entendre son sourire à travers l’écran.
Darils : Sérieux ? Trop cool ! Je compte sur toi alors ! Et tu sais, tu dois me faire un cadeau, hein.
J’ai ri doucement, seul dans ma chambre.
Moi : Hahaha, ça c’est un secret.
Darils : Toi et tes secrets… Bon, j’espère que ce sera pas une pierre emballée dans du papier cadeau, hein !
Il ajouta un emoji qui riait aux larmes. J’ai souri encore plus fort, sentant mon cœur se tordre à l’intérieur. Comment pouvait-il être aussi à l’aise, aussi léger, alors que moi je luttais contre des sentiments que je n’arrivais plus à contenir ?
La conversation a continué jusque tard dans la nuit. Des blagues, des questions, parfois des silences étranges. Plus il écrivait, plus je voulais me perdre dans ses mots. Plus il riait, plus je tombais. Mais je faisais semblant. Je cachais tout, parce que je savais que je n’avais pas le droit de montrer.
Quand il a fini par dire « bonne nuit », j’ai posé mon téléphone sur ma poitrine. Je me sentais à la fois heureux et coupable. Heureux d’avoir partagé ça avec lui, coupable d’aimer quelqu’un qui ne m’appartenait pas. Cephas était là, quelque part, l’ombre invisible entre nous deux. Mais je n’arrivais pas à l’effacer.
Cette nuit-là, je n’ai presque pas dormi. Mes pensées tournaient en boucle : son rire, ses yeux, ses compliments, son invitation. Tout cela me faisait peur, mais aussi, ça m’excitait. L’idée de revoir d’autres garçons comme moi, de partager ces instants interdits, me donnait une énergie nouvelle. J’avais l’impression que, pour une fois, je n’étais pas seul.
Les jours suivants, je comptais presque les heures qui me séparaient du 8 juillet. Chaque notification Messenger était devenue une bouffée d’air. Parfois, c’était juste un mot, une blague, un « ça va ? », mais pour moi, c’était suffisant. Je sentais bien qu’il aimait jouer avec moi, qu’il testait mes réactions. Et moi, je répondais, je souriais, je me laissais prendre, tout en cachant le feu qui grandissait en moi.
Le doute me rongeait : étais-je en train de me perdre ? Était-ce une erreur de m’attacher à lui ? Certainement. Mais au fond, je le savais : ce genre d’erreur, j’avais envie de la vivre jusqu’au bout.
Chaque soir, je repensais à sa voix, à son rire, à ses questions : « T’as aimé ? T’as quoi ? Tu vas venir à mon anniv ? » Et chaque soir, je sentais ce lien invisible se renforcer.
Peut-être que c’était ça, l’amour toxique : vouloir quelque chose qu’on sait dangereux, mais avancer quand même, les yeux fermés, parce que le cœur, lui, refuse d’écouter la raison.
Et moi, Henry, dix-sept ans, j’étais déjà prisonnier d’un piège dont je ne voulais pas sortir.
\*\*a suivre dans le chapitre 3\*\*
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Comments
ange (づ。◕‿‿◕。)づkika
je suis de tout cœur avec toi ♥️🌹
2025-08-23
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🌚🖤รɦiʀɑ ɑ ʆɑ ɓɛcɦɑɱɛʆ🤍🌝
n'oublie jamais t'as un don incroyable pour l'écriture
2025-08-18
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