DANS LE SILENCE De TES BRAS

DANS LE SILENCE De TES BRAS

chp 1

**Juin 2023. Lomé.**

Je me souviens de cette chaleur lourde, pesante, presque étouffante. Une chaleur qui colle à la peau et aux pensées, comme si même l’air voulait me rappeler que je ne pouvais pas respirer librement. Si tu es en train de lire ces mots, c’est sûrement que mon histoire t’intéresse. Et je te le dis dès le départ : ce que tu vas découvrir n’est pas une fiction. Ce n’est pas un joli conte inventé pour passer le temps. C’est ma vie. Ce que je vis. Ce que je refuse de perdre, même si parfois, j’ai l’impression de tout perdre en moi.

Je m’appelle Henry. J’ai vingt ans aujourd’hui. Mais ce que je vais te raconter a commencé quand j’avais dix-sept ans. À dix-sept ans, j’étais un garçon discret, timide, celui qui sourit aux autres mais qui pleure la nuit, quand tout le monde dort. J’étais ce genre de gay qui aime en silence, qui rêve d’amour, mais qui sait déjà que son amour sera une douleur dans un monde où aimer un homme, ici en Afrique, est une malédiction.

Tout le monde connaît le dicton : « être gay, c’est être contre nature. » On nous répète ça, on nous l’impose, jusqu’à ce qu’on finisse par y croire, par se haïr soi-même. Beaucoup deviennent des homophobes, par peur. D’autres prétendent être bisexuels, comme si c’était plus acceptable. Mais moi, je ne suis ni l’un ni l’autre. Je suis juste moi. Un garçon qui aime les garçons, sans masque, sans faux semblant, mais avec la douleur de le cacher au monde entier.

Tout a vraiment commencé un soir de juin. J’avais commencé à regarder des séries BL comme Not Me ou Theory of Love. Des histoires qui me faisaient rêver, qui me donnaient un peu de courage. Puis un jour, je suis tombé sur une série chinoise : The Untamed, ou L’Indompté. L’histoire parlait de deux jeunes hommes, dans une époque ancienne, qui se découvraient peu à peu. Et je ne sais pas pourquoi, mais cette série a réveillé quelque chose en moi. Quelque chose de violent, de brûlant. Comme si, d’un coup, j’osais enfin me dire : « moi aussi, je veux aimer comme ça. »

Une semaine plus tard, j’ai créé un compte Facebook. J’ai choisi un pseudo, « Hèn », parce que je ne voulais pas que les gens sachent que c’était moi. J’avais peur, bien sûr. Mais j’avais besoin de parler, besoin d’exister ailleurs que dans mes silences.

Et puis, un jour, une notification. Un certain « Brayan » m’avait envoyé une invitation. Sur son profil, il y avait la photo de deux adolescents qui s’embrassaient. Rien que ça, c’était déjà énorme. Une provocation pour certains, un espoir pour moi. J’ai accepté.

Très vite, on a commencé à discuter.

— Salut Hèn, cv ? m’a-t-il écrit.

— Wep, cv, répondis-je.

On parlait presque tous les jours. Ses messages étaient devenus mon oxygène. Puis, sans prévenir, il a disparu. Plus de réponse. Plus rien. J’avais l’impression qu’on m’arrachait quelque chose. Et quand il est revenu, des semaines plus tard, c’était pour m’inviter à le voir.

Je n’en revenais pas. J’étais nerveux, excité, effrayé. Il m’a dit qu’on se retrouverait chez son meilleur pote, Fernando, qui était aussi gay. Là-bas, j’allais rencontrer d’autres garçons : Jérémy, Florent, Justin…

Le jour venu, je l’attendais au bord de la route. Et quand il est arrivé… je n’ai pas su respirer. Brayan – de son vrai nom Darils Tim – avait dix-neuf ans. Moi, dix-sept. Il était en terminale, moi en première. Il avait un teint clair, des tresses, et ce regard qui mélangeait malice et assurance. Il était beau, d’une beauté qui faisait mal.

Il a souri, et ça a suffi pour que je me sente ridicule avec mon cœur qui battait trop vite. On a marché un peu, parlé. Il était drôle, léger, il avait cette manière de mettre les gens à l’aise. Mais très vite, il m’a parlé de Cephas, son copain. J’ai senti mon cœur se serrer. Pourquoi m’inviter, pourquoi me donner tout ça, alors qu’il appartenait déjà à quelqu’un d’autre ?

En chemin, il m’a lancé, avec ce ton mi-sérieux, mi-taquin :

— Tu sais, je suis métisse.

J’ai haussé un sourcil. Il était clair de peau, oui, mais pas métisse. Je le savais, il le savait. Mais il aimait ce mensonge, comme pour se donner une autre image, comme pour tester ma réaction.

Puis, soudain :

— Et toi, t’es quel rôle ? m’a-t-il demandé.

Je suis resté muet. Le mot « rôle » m’a frappé. Je savais ce que ça voulait dire : actif, passif… Mais je n’avais jamais réfléchi à ça. J’étais vierge. Je ne savais pas répondre. Alors j’ai baissé les yeux.

— Je… je sais pas.

Il a éclaté de rire, amusé mais pas méchant.

— T’es vierge, pas vrai ?

J’ai senti mes joues brûler.

— Oui…

Il m’a regardé longtemps, avec un mélange d’étonnement et de curiosité. Puis il a dit quelque chose qui m’a marqué au fer rouge :

— Ton teint noir te va très bien. J’aime bien. C’est clair que tu prends grand soin de ta peau.

Je ne savais pas quoi répondre. Personne ne m’avait jamais dit ça. Dans un monde où mon existence même semblait être une faute, lui me faisait un compliment. Et ce compliment, même banal, résonnait comme un aveu secret : peut-être que je méritais d’être aimé, un jour.

Chez Fernando, il m’a présenté tout le monde. Jérémy, Florent, Justin… Chacun avait son histoire, ses blessures, ses rires un peu trop bruyants pour masquer les silences. C’était étrange : pour la première fois, j’étais entouré de garçons comme moi. Différents mais semblables, chacun portant ce poids de vivre une vérité que le monde refusait.

Darils riait, plaisantait, faisait des blagues. Mais parfois, son regard se posait sur moi, et j’avais l’impression qu’il voyait au-delà. Qu’il savait que je n’étais pas comme les autres. Que j’étais fragile, peut-être trop sincère pour ce monde.

Ce jour-là, il m’a menti en disant qu’il était métisse. Il m’a testé en me parlant de « rôle ». Il m’a surpris en découvrant ma virginité. Et il m’a touché en me complimentant sur ma peau. Tout ça en quelques heures.

Je ne savais pas encore que ces petits détails allaient devenir des cicatrices gravées dans ma mémoire.

Parce qu’au fond, ce n’était pas juste une rencontre. C’était le début d’une histoire. Une histoire belle et toxique, lumineuse et sombre, comme une flamme qui éclaire mais qui finit toujours par brûler.

Et ce soir-là, en rentrant chez moi, le cœur battant, je savais une chose : ma vie venait de basculer.

**A suivre dans le chapitre deux**

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Comments

🌚🖤รɦiʀɑ ɑ ʆɑ ɓɛcɦɑɱɛʆ🤍🌝

🌚🖤รɦiʀɑ ɑ ʆɑ ɓɛcɦɑɱɛʆ🤍🌝

t'as toujours sû me touché mais là c'est grave....je fond en larme.... parce que c'est vrai....

2025-08-18

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