Le goût de la fuite

Kenza éteignit la lampe de chevet et resta allongée dans l’obscurité, les yeux ouverts.

Depuis leur rencontre, il avait imposé sa présence comme une ombre qui ne se détachait jamais d’elle.

Mais ce soir, elle prit une décision : elle allait l’éviter.

Le lendemain, elle prétexta un devoir à finir pour ne pas passer par son trajet habituel.

Elle prit des rues différentes, changea même de station de métro.

En arrivant au lycée, elle scruta les alentours.

Pas de silhouette sombre. Pas de regard perçant.

---

À la pause de midi, elle sortit son téléphone et installa une application de rencontres.

Elle se força à sourire en choisissant une photo où elle paraissait détendue.

Très vite, les messages commencèrent à arriver.

Un profil attira son attention : Lucas, 19 ans, étudiant en architecture.

Blond, yeux d’un bleu clair presque transparent, un air solaire qui tranchait avec l’ombre qui la suivait depuis des jours.

Ils discutèrent toute la pause. Lucas lui proposa un café le week-end.

Elle hésita, puis accepta.

---

Ce soir-là, alors qu’elle rentrait, elle se sentit légère pour la première fois depuis longtemps.

Jusqu’à ce qu’elle ouvre la porte de sa chambre.

Son ordinateur était allumé.

Un onglet ouvert affichait une phrase en lettres noires sur fond blanc :

"Tu crois que je ne te vois pas ?"

Son cœur accéléra. Elle recula d’instinct, regarda autour d’elle. Tout semblait normal, mais elle savait qu’il était passé.

---

Deux jours plus tard, elle retrouva Lucas dans un café du centre.

Il était encore plus beau en vrai. Sourire facile, gestes détendus, rien d’intimidant.

Ils parlèrent de musique, de voyages. Kenza se surprit à rire.

Puis, en relevant les yeux vers la vitre, elle le vit.

De l’autre côté de la rue.

Appuyé contre un lampadaire, le regard fixé sur elle.

Elle sentit ses mains devenir moites.

— Ça va ? demanda Lucas.

— Oui… juste un peu fatiguée.

Elle tenta de continuer la conversation, mais chaque fibre de son corps sentait sa présence.

Il ne bougeait pas. Il attendait.

---

En sortant du café, Lucas lui proposa de la raccompagner.

— Non, merci, dit-elle rapidement.

Elle se força à sourire, puis prit une rue différente.

Elle marcha vite, jetant des coups d’œil derrière elle.

Et soudain, une main attrapa son bras.

— Tu te caches de moi maintenant ?

Sa voix était basse, mais chargée de colère.

— Lâche-moi, souffla-t-elle.

— C’est ça, ton nouveau type ? Blond, yeux bleus ?

Elle le regarda, choquée.

— Comment tu sais…

Il eut un sourire sans joie.

— Je sais tout.

Il se pencha vers elle, son visage si près qu’elle sentit son souffle.

— Tu m’appartiens, Kenza.

Elle tenta de se dégager, mais sa main se referma plus fort.

— Si tu veux jouer à ça, on va jouer. Mais souviens-toi d’une chose : il ne t’aimera jamais comme moi.

Puis il la relâcha, et partit dans la nuit.

---

De retour chez elle, elle verrouilla toutes les portes, ferma les volets.

Son téléphone vibra.

Un message, encore de ce numéro inconnu :

"Supprime ton compte. Ou je m’en occupe."

Elle sentit ses mains trembler.

Et pour la première fois, elle comprit vraiment : il ne comptait pas la laisser partir.

***Téléchargez NovelToon pour profiter d'une meilleure expérience de lecture !***