Chapitre 5 : Une journée épuisante pour les princes et princesses du Royaume de Louviosa

Le lendemain du dîner royal, le palais fut à nouveau secoué par l'agitation.

Dans les longs couloirs dorés de l’aile princière, les cris hystériques des princesses résonnaient dès l’aube. Les servantes couraient en tous sens, les bras chargés de robes, de coffrets à bijoux et de parfums étourdissants. Les majordomes, au bord de l’épuisement, tentaient de coordonner les tâches.

— « Par les étoiles, elle veut encore changer de robe ! » haleta une servante.

— « Elle m’a giflée hier soir ! » chuchota une autre, tremblante. « La princesse aînée d’Allusiona… J’ai juste posé une cuillère au mauvais endroit… »

— « Tu vas t’occuper de sa sœur cadette aujourd’hui, non ? » murmura une autre, inquiète.

— « Oui, c’est la première fois. J’espère qu’elle est différente… »

— « Fernand a dit qu’elle était douce… gentille… » glissa un majordome, un peu essoufflé.

Un silence tendu tomba entre eux.

Ils s'arrêtèrent devant la porte de l’aile Ouest. Devant eux se dressait la chambre de la princesse Saphiriana d’Allusiona.

Ils échangèrent un regard nerveux.

Le majordome frappa doucement.

— « Oui, vous pouvez entrer. »

La voix était douce, posée. Une voix qui contrastait étrangement avec le tumulte ambiant.

La porte s’ouvrit.

Et là, tout s’arrêta.

Les deux servantes et le majordome restèrent figés à l’entrée. Une lumière douce baignait la pièce. L'air y était empli d’un parfum léger de lavande et de citron. Et au centre de cette atmosphère apaisante se tenait Saphiriana, vêtue d’une robe de nuit pâle, ses longs cheveux de givre dévalant en cascade sur ses épaules.

Une des servantes porta soudain la main à ses yeux. Une larme solitaire glissa sur sa joue.

— « Vous êtes malade, mademoiselle ? » demanda Saphiriana, s'approchant d’elle avec inquiétude.

La servante sursauta légèrement.

— « N… non, pardonnez-moi, Altesse… Ce n’est rien. J’ai juste… une poussière dans l’œil. »

Les yeux de Saphiriana s’adoucirent davantage.

— « Vous en êtes sûre ? »

La jeune femme hocha timidement la tête. Un petit sourire de soulagement se dessina sur les lèvres de la princesse.

Les trois domestiques s'inclinèrent respectueusement.

— « Votre Altesse… Nous serons à votre service aujourd’hui. » déclara le majordome, la voix pleine de respect.

— « Je vais couler votre bain, Altesse. » dit la première servante.

— « Et moi, je vais préparer votre toilette. » ajouta la seconde.

— « L’archiduchesse a prévu une tenue pour vous aujourd’hui, Altesse, » poursuivit le majordome. « Elle a dit que la beauté d’une véritable princesse commence dans l’âme. »

Saphiriana hocha doucement la tête, ses yeux étincelants d’un éclat calme.

— « Elle a raison… La beauté intérieure compte plus que tout. Si l’on oublie cette philosophie de vie, les princesses de demain ne seront plus que l’ombre de ce qu’elles pourraient être… »

Un silence solennel accueillit ses mots. Le majordome murmura presque avec ferveur :

— « Elle est notre sainte… notre sainte bien-aimée… »

— « Sa présence est… apaisante… » souffla la servante, les yeux brillants.

Quand elle ressortit de son bain, Saphiriana était resplendissante de simplicité. Une robe bleu saphir épousait ses formes délicates. Une rose blanche ornait sa chevelure, et la broche d’Andromède scintillait à son col. Elle portait des souliers plats, sans aucun bijou extravagant.

Pendant ce temps, dans l’aile Est, les cris redoublaient.

— « MA ROBE EST TROP COURTE ! »

— « CE COUSSIN N’EST PAS ASSEZ MOELLEUX ! »

Les princes Orion, Appolo et Yoros, qui passaient devant les chambres princières, échangèrent un regard désabusé.

Un soupir parfaitement synchronisé s’échappa de leurs lèvres.

— « Je sens que ça va être un fiasco… comme hier soir, » grommela Appolo, les bras croisés.

— « Surtout que certaines étaient vertes de jalousie quand on a parlé à la seconde princesse d’Allusiona… » ajouta Orion. « J’ai peur qu’elles ne préparent quelque chose… »

Yoros, plus calme, secoua la tête.

— « Ne t’en fais pas. Cette jeune fille est différente. Sa prestance… son éloquence… tout chez elle semble venu d’un autre monde. Elle ne nous saute pas dessus, elle… »

— « Allons voir l’aile de Saphir. Je suis curieux de savoir comment nos serviteurs s’en sortent avec elle… » proposa Appolo.

Ils traversèrent les couloirs, mais un détail les frappa immédiatement.

Le silence.

Un calme presque sacré régnait dans l’aile Ouest.

Un parfum léger flottait dans l’air : lavande, citron… et une note épicée, difficile à identifier.

— « Ce parfum… » murmura Appolo. « Il est apaisant… »

— « C’est vrai. Ma migraine a disparu, » constata Yoros, surpris.

— « D’où peut-il venir ? » demanda Orion.

Soudain, la porte de la chambre s’ouvrit lentement.

Un majordome sortit, suivi de Saphiriana.

Elle semblait flotter.

Elle s’inclina avec grâce devant les trois princes, ses yeux brillants d’une lumière paisible. Puis, sans un mot, elle continua sa marche… dans la direction opposée à la serre princière.

Les princes échangèrent un regard perplexe.

— « Attendez… pourquoi elle va de ce côté ? » demanda Orion, fronçant les sourcils. « La serre princière est de l’autre côté… »

Appolo hocha la tête.

— « Oui, c’est vrai… »

C’est à ce moment-là que Fernand et Rosa arrivèrent, s’inclinant devant les princes.

— « Vos Altesses, le petit-déjeuner est prêt. »

— « Rosa, pourquoi son Altesse Saphiriana est-elle partie de l’autre côté ? »

— « Elle se dirige vers sa serre désignée : la serre de la Rose de Saphir, » répondit Rosa avec un doux sourire.

— « Elle mangera seule ? » demanda Appolo, un peu troublé.

— « Ne vous inquiétez pas, » répondit Fernand. « Son Altesse a besoin de calme. Et je crois… qu’elle va s’y plaire. »

Les princes hochèrent lentement la tête. Ils se dirigèrent vers la serre de la Rose Jaune, où les autres princesses les attendaient, leurs cris résonnant déjà dans les jardins.

Mais alors qu’il franchissait le seuil de l’aile Ouest, Appolo s’arrêta.

Il se retourna une dernière fois vers la direction qu’avait prise Saphiriana.

Le parfum était toujours là.

Il ferma un instant les yeux.

Appolo (pensée intérieure, pincement au coeur) : Elle est vraiment différente… Mais pourquoi ce parfum me manque déjà… ?

À suivre... 🌙💎

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