Chapitre 2 — L’arrivée au château de Louviosa

Le soleil s’était couché depuis peu sur le Royaume de Louviosa, et pourtant, tout le village était déjà en émoi.

Dans les rues pavées, les villageois observaient avec étonnement quinze carrosses dorés entrer en grande pompe, précédés d’hérauts criant les titres de princesses venues de terres lointaines.

Mais ce qui fit frissonner les plus anciens, ce fut l’unique carrosse blanc, orné de saphirs lumineux, avançant lentement derrière les autres.

Une vieille femme s’agenouilla sur la place du marché, les larmes aux yeux.

— Que les étoiles nous soient favorables… Le carrosse blanc… C’est peut-être elle…

— La sainte ? demanda un jeune garçon.

— Ou le malheur… murmura un ancien. Quand le blanc rencontre les dorés, une prophétie s’éveille.

Le vent se leva légèrement, et une brume douce flotta autour du carrosse blanc. Les villageois prièrent en silence, sans savoir pourquoi.

Devant les grandes marches du château, la famille royale s’était réunie pour accueillir les prétendantes.

Sur les hauteurs, l’impératrice Erika, digne et sévère, se tenait aux côtés de l’empereur Adam, imposant mais au regard chaleureux. Leurs enfants les accompagnaient :

– Orion, l’aîné, calme et stratège.

– Apollo, charmeur mais discret.

– Kael, mystérieux et lettré.

– Yoros, loyal et protecteur.

– Akane, la princesse cadette à la chevelure d’argent.

– Et Cynthia, l’aînée à la langue bien pendue.

Les majordomes et les servantes étaient alignés comme un orchestre silencieux. Tous observaient avec attention l’arrivée des carrosses.

L’un après l’autre, les véhicules dorés s’arrêtèrent. Les princesses en descendirent avec exagération, agitant leurs éventails, relevant leurs jupes, adressant des salutations plus théâtrales les unes que les autres.

— Regardez-les… murmura Cynthia, exaspérée. Aucune ne s’est présentée correctement.

— Elles cherchent un trône, pas un cœur, répondit Akane, les bras croisés.

Puis vint le carrosse doré d’Anella.

Elle descendit d’un pas assuré, vêtue d’une robe rouge rubis éclatante. Un sourire confiant étirait ses lèvres.

— Vos Altesses, merci de me recevoir dans votre humble château, déclara-t-elle, exécutant une révérence élégante mais un peu trop mécanique.

Les princes se regardèrent discrètement.

— Et toujours pas de nom… souffla Orion.

— Tenez, fit-il en pointant du doigt l’arrière. Voilà un carrosse particulier.

Le carrosse blanc serti de saphirs venait de s’arrêter.

— Qui aurait osé choisir celui réservé aux Archiducs ? demanda Erika, méfiante.

— Nous allons bientôt le savoir, répondit Kael, intrigué.

Le valet s’inclina, ouvrit délicatement la porte… et la lumière du soir fit briller la silhouette qui en sortait.

Saphiriana descendit avec lenteur, vêtue d’une robe bleu nuit aux reflets d'argent.

Elle posa un pied au sol, puis l’autre, et remercia doucement le valet.

— Merci pour votre patience…

Le jeune homme rougit légèrement, surpris par la douceur de sa voix.

Puis, devant la famille royale, Saphiriana s’inclina profondément, gardant la tête baissée.

Sa voix résonna, calme, fluide, presque sacrée :

— Je salue le Petit et le Grand Soleil, ainsi que la Petite Étoile et la Grande Lune du royaume de Louviosa.

— Je suis Saphiriana, seconde princesse impériale du royaume d’Allusiona. Je suis à votre service, Vos Altesses.

Un silence total s’abattit sur l’assemblée.

Même les valets et les servantes cessèrent de respirer un instant.

Les autres prétendantes restaient figées.

Anella elle-même, à quelques pas, ouvrit de grands yeux.

— Mais… qu’est-ce qu’elle raconte ? N’importe quoi…

Et pourtant… l’air semblait s’être figé autour de Saphiriana.

Le vent jouait doucement avec sa chevelure pâle, et une étrange aura paisible se dégageait d’elle.

— Elle est différente, souffla Akane, sans détacher son regard.

— Il y a quelque chose chez elle… quelque chose de… familier, ajouta Cynthia.

L’empereur Adam plissa les yeux.

— Comme quoi, ma fille ?

— Vous vous souvenez de ce que le Grand Prêtre a dit ? Que notre Sainte reviendrait en temps de trouble…

— Je m’en souviens, confirma Apollo à voix basse.

L’impératrice Erika, elle, fronça les sourcils.

— Restons prudents. Parfois, la simplicité cache les plus grands dangers.

À ce moment-là, une servante s’approcha timidement de Saphiriana. Elle avait un visage doux et modeste.

Elle s’inclina avec respect, un léger sourire aux lèvres.

— Je salue la Petite Étoile d’Allusiona. Princesse Saphiriana, soyez la bienvenue.

Saphiriana releva doucement la tête et lui offrit un sourire sincère.

— Je vous remercie de tout cœur de m’accueillir.

Les autres majordomes, d’abord hésitants, vinrent également la saluer — certains froidement, d’autres par pure formalité.

Puis les princesses furent invitées à découvrir leurs chambres.

Les couloirs s’emplirent de rires, de cris d’excitation. Plusieurs prétendantes claquèrent la porte au nez de leurs serviteurs, hurlant déjà pour réclamer des bains parfumés.

Devant deux portes princières, il ne restait qu’Anella et Saphiriana.

Le majordome s’inclina :

— Voici votre chambre, Altesse Anella.

— Fantastique ! s’exclama Anella. Tu as vu ça, Saphiriana ? Tout cet espace… rien que pour moi !

Elle éclata de rire, puis claqua la porte sans même un au revoir.

Le majordome poussa un long soupir.

— Je plains nos princes…

— Fernand ! s’indigna la servante Rosa. Un peu de retenue, voyons.

— Oh, je m’excuse, Princesse… Pardon pour mon insolence.

Saphiriana posa une main légère sur sa poitrine et déclara, mi-amusée, mi-fatiguée :

— Ne vous en faites pas… Je vous comprends parfaitement. Après toutes ces années à subir ses caprices, je me retiens moi-même de ne pas lui gifler un jour.

Rosa éclata de rire doucement.

— Allons, votre Altesse. Suivez-moi. L’aile de Saphir vous attend.

Ils avancèrent dans le couloir ouest du château. Les murs étaient d’un blanc pur, semblables à la lumière lunaire, ornés de rideaux bleu nuit brodés de constellations.

Devant eux se dressait une porte d’un bleu saphir éclatant.

— Voici votre chambre, Altesse.

Saphiriana ouvrit doucement… et s’arrêta net, les yeux écarquillés.

— C’est… splendide.

Les murs étaient baignés de tons bleus et indigo, et au plafond… les constellations scintillaient comme un ciel nocturne éternel.

Andromède, le Lion, la Vierge, la Grande Ourse, la Balance… toutes ses amies célestes étaient là.

— Vous aimez ces couleurs, Altesse ? demanda le majordome avec curiosité.

— Oui… Et je peux voir ma vieille amie, même le jour. Merci à vous…

Rosa cligna des yeux.

— Votre… vieille amie ?

— La constellation d’Andromède. Elle me berce depuis que je suis toute petite. Quand je pleurais, elle m’écoutait. Quand je rêvais, elle brillait pour moi.

Le majordome posa une main sur son cœur.

— Princesse Saphiriana, je serai à votre service durant tout votre séjour.

— Moi aussi, votre Altesse, ajouta Rosa, avec une révérence sincère.

Saphiriana leur sourit, émue.

Des servantes entrèrent discrètement pour ranger ses affaires. Avant de repartir, l’une d’elles dit :

— Une gouvernante viendra vous chercher ce soir pour le dîner avec la famille royale et les autres prétendantes.

Saphiriana inclina doucement la tête en guise de remerciement.

Puis elle se retourna, leva les yeux vers Andromède, et murmura :

— Je suis arrivée, mon amie. Le destin peut commencer.

🕊️ À suivre...

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