Chapitre 4 – Un dîner pas si royal

L’ambiance dans la grande salle du château de Louviosa était aussi glaciale qu’un souffle d’hiver.

Saphiriana, assise calmement à la droite de l’archiduchesse Rhéana, mangeait avec discrétion, ses gestes mesurés, sa respiration régulière. Elle semblait être un ilot de paix au milieu d’un champ de tension invisible, car autour d’elle, les quinze princesses prétendantes, fraîchement arrivées, la fixaient avec froideur et mépris.

Les regards s’entrecroisaient, lourds de jugement, tandis que les princes soupiraient discrètement, déjà fatigués de ce spectacle mondain grotesque.

Les princesses royales de Louviosa, elles, regardaient avec agacement les jeunes femmes du couloir princier, venues comme un troupeau bruyant.

Akane, l’une des princesses de Louviosa, tapa doucement du doigt sur la table, agacée, et lança d’un ton cinglant :

— « Dites-moi une chose… Vos Altesses. »

Le ton sec coupa court aux chuchotements. Les prétendantes se tournèrent vers elle, surprises.

— « Oui, Altesse Akane ? », répondit Anella, un sourire forcé aux lèvres.

Akane haussa un sourcil, ses yeux rouges brillants d’une colère contenue.

— « De un, nous ne nous connaissons pas, donc abstenez-vous de m’appeler par mon prénom. Et de deux… vous vous croyez où, exactement ? Ce n’est pas votre château. Entrer ainsi, sans saluer, sans décence… Pour qui vous prenez-vous ? »

Les princesses prétendantes se regardèrent, choquées par le ton employé, mais aucune ne baissa les yeux.

Une autre princesse, moqueuse, désigna Saphiriana :

— « Et cette princesse, alors ? Pourquoi est-elle déjà assise ? »

Avant que quiconque ne puisse répondre, une voix grave et calme s’éleva :

— « Sa Majesté est arrivée à l’heure. Elle nous a remerciés pour notre invitation, et mon père lui a expressément demandé de prendre place. Voilà tout. »

C’était le prince Orion, son regard froid planté dans celui de la prétendante.

Saphiriana, fidèle à elle-même, resta silencieuse. Ce n’était pas à elle de répondre, encore moins de se défendre. L'étiquette voulait qu’elle laisse les souverains parler.

Mais les autres princesses, elles, n’en avaient que faire. Elles s’avancèrent et prirent place sans autorisation, certaines se posant même à côté des jeunes princes, espérant attirer leur attention.

Anella, sans aucune gêne, s’assit à côté d’Orion et déclara avec un rire léger :

— « Mon Prince, vous me flattez en proposant des mets de mon royaume ! Avouez… vous êtes tombé sous mon charme, n’est-ce pas ? »

Appolo, qui jusque-là avait gardé son calme, grimaça.

— « Tch… Elles ne vont jamais arrêter de piailler ou quoi ? »

Plus loin, Cynthia, la plus jeune des princesses royales, pencha vers son frère Kael.

— « Frère, tu sembles contrarié. »

Kael fixait Saphiriana avec curiosité.

— « Dites-moi, Princesse… Vous ne parlez pas beaucoup, n’est-ce pas ? »

Saphiriana leva lentement les yeux vers lui, sans sourciller, et répondit avec calme :

— « Je préfère écouter. On apprend toujours plus en écoutant… Et puis, le silence est une bénédiction. »

Appolo éclata de rire, sincèrement amusé.

— « Voilà une bonne réponse ! »

Les autres princesses se tournèrent vers Saphiriana, foudroyant son calme d’un regard empli de jalousie féroce. Une seule phrase, et elle avait capté l’attention des princes… ce qu’elles n’arrivaient pas à faire malgré leurs minauderies.

L’archiduchesse Rhéana, assise avec grâce, observait tout. Son regard se posa sur la broche à la poitrine de Saphiriana. Ses yeux s’illuminèrent.

Elle se pencha légèrement vers la jeune fille.

— « Chère Altesse Saphiriana… Puis-je vous appeler ainsi, princesse ? »

Saphiriana inclina respectueusement la tête.

— « Bien sûr, Votre Grâce. »

— « Je remarque que vous portez la broche de la constellation d’Andromède… Je l’avais laissée dans toutes les chambres princières, et pourtant… vous êtes la seule à l’avoir portée. Puis-je vous demander pourquoi ? »

La salle se figea. Tous attendaient sa réponse.

Saphiriana, le regard toujours doux, répondit sans détour :

— « Cette constellation, Votre Grâce… est une partie de moi. »

Erika, l’impératrice, écarquilla les yeux.

— « Une partie de vous ? »

Kael, intrigué :

— « Que voulez-vous dire par là, Altesse ? »

Saphiriana ferma brièvement les yeux, comme si elle replongeait dans ses souvenirs.

— « Andromède… m’a bercée durant mon enfance. Elle était là quand je n’avais plus personne. Elle m’a parlé, guidée… comme une amie, une mère… un père. Elle me berce encore aujourd’hui. Comme les autres constellations… qui me viennent en aide quand j’en ai besoin. »

Un silence religieux tomba sur la pièce. Mais soudain…

— « AHAHAHAHAHAHA ! »

Les princesses prétendantes éclatèrent de rire, se moquant à gorge déployée.

— « Elle parle aux étoiles maintenant ! »

— « Quelle poésie ridicule ! »

Mais Saphiriana continua son repas sans même broncher, les sourcils détendus, l’expression sereine.

Ce fut la goutte d’eau.

Appolo se leva brusquement.

— « C’en est trop. Père, j’en ai marre. Je retourne dans ma chambre. »

Akane se leva également, les bras croisés.

— « Moi aussi. J’ai bien mieux à faire que d’assister à un défilé de prétention. »

Les autres princes et princesses de Louviosa suivirent, quittant la table un à un, excédés.

Seuls restaient l’empereur Adam, l’impératrice Erika, l’archiduchesse Rhéana… et Saphiriana.

L’archiduchesse regarda la jeune fille un instant, puis demanda doucement :

— « Et… pourquoi avoir choisi la place à mes côtés, Altesse ? »

Saphiriana leva les yeux vers elle, un sourire sincère et doux éclairant son visage.

— « C’est simple, Votre Grâce… Vous dégagez une paix intérieure. Une présence apaisante. Je ne cherche rien. Vous m’avez invitée… je suis venue. Ni plus, ni moins. »

Rhéana, touchée, tendit la main et posa délicatement sa paume sur la tête de Saphiriana.

— « Je vois… », murmura-t-elle.

Son regard se perdit un instant dans les boucles argentées de la princesse, et un frisson la parcourut.

« Elle est là… Elle est vraiment là… Notre Sainte. »

Adam, l’Empereur, prit la main de son épouse.

— « Mon amour… Ressens-tu cette aura ? Cette lumière qui émane d’elle ? »

Erika, les yeux embués, acquiesça doucement.

— « Oui… Il n’y a plus de doute. Ce n’est pas une mascarade. Sa simplicité est sincère. Elle est… celle que nous cherchions. »

Oui… Saphiriana, sans le savoir, était bien plus qu’une princesse rejetée par son propre royaume.

Dans ce château… au cœur du royaume de Louviosa…

Elle allait s’élever.

Les autres princesses, elles, bouillaient de rage. L’une d’elles, plus que toutes, Anella, fixait Saphiriana avec une jalousie insupportable. Elle l’enviait, ce contact, ce sourire, cette aura mystérieuse qui l’éloignait d’elles.

Et tandis que les prétendantes se préparaient à tout faire pour se faire remarquer comme de bonnes épouses…

Elles ignoraient que leur comportement allait avoir de lourdes conséquences pour leurs propres royaumes.

À suivre…

Télécharger maintenant

Aimez-vous ce travail ? Téléchargez l'application et vos enregistrements de lecture ne seront pas perdus
Télécharger maintenant

Bien-être

Les nouveaux utilisateurs peuvent télécharger l'application pour débloquer 10 chapitres gratuitement.

Recevoir
NovelToon
Ouvrir la porte d'un autre monde
Veuillez télécharger l'application MangaToon pour plus d'opérations!