Chapitre 5:Les Liens Éternels.

Quand ils rouvrirent les yeux, un décor irréel se dévoila autour d’eux. Une grotte marine, baignée d'une lueur argentée et douce, s’étendait devant eux comme un rêve suspendu entre les vagues et le silence. Les parois rocheuses, brillantes de cristaux marins, semblaient chanter doucement avec l’écho des vagues.

Taro, stupéfait par la beauté du lieu, s’exclama :

— Mais où sommes-nous ?

Rika observait les lieux avec curiosité, ses yeux reflétant l’éclat de la mer :

— Comment sommes-nous arrivés ici ?

Haru, les sourcils froncés, ajouta :

— Nous sommes dans une grotte, c'est vraiment curieux.

C’est alors qu’une voix éthérée, douce comme une brise sur les flots, résonna dans la cavité :

— Taro... enfin, tu es là.

Tous trois se retournèrent d’un bond. Devant eux flottait une femme à la beauté surnaturelle, suspendue au-dessus de l’eau, comme une vision sortie des profondeurs d’un rêve ancien.

Rika, la bouche entrouverte, balbutia :

— Elle flotte sur l’eau !?

Haru, pétrifié par la scène, murmura :

— Ce n’est pas possible... Nous sommes face à un spectre.

La femme s’approcha lentement. Malgré leur frayeur, les enfants reculèrent à peine, guidés par un instinct de prudence. Mais la silhouette céleste leur parla avec une voix apaisante :

— N’ayez crainte, je ne vous veux aucun mal.

Intrigué, Taro demanda :

— Qui êtes-vous ? Et où sommes-nous ?

La femme se présenta, son regard rempli de souvenirs :

— Je m’appelle Yaohime, l’ancienne princesse de Wakasa.

Le nom fit l’effet d’un éclair.

— Êtes-vous Yaohime, la princesse du royaume de Wakasa ? s’écria Rika, stupéfaite.

— Mais c’est incroyable ! Comment se fait-il que nous puissions vous voir ? ajouta Haru.

Un sourire triste effleura les lèvres de Yaohime.

— Je t’attendais, mon cher Taro. Comme tu as grandi.

Taro, pris au dépourvu, secoua la tête.

— Qu’est-ce que vous voulez dire par là ? Je ne comprends rien ! Que se passe-t-il, au juste ? Pourquoi mes amis et moi pouvons-nous voir un spectre ? Et comment connaissez-vous mon nom ?

Yaohime hocha la tête lentement, son regard doux et lucide.

— Je comprends tes inquiétudes et ton manque de compréhension face à la situation, mais nous allons avancer étape par étape pour mieux appréhender l’histoire.

— Quelle histoire !? s’étonna Haru.

La princesse poursuivit, les yeux tournés vers la mer :

— La raison pour laquelle je fais appel à Taro en cet endroit est liée au lien tout à fait unique qu’il partage avec la mer.

Taro écoutait en silence, le cœur battant. Yaohime entama alors le récit de sa vie, comme on entrouvre un livre scellé depuis des siècles.

— Il y a longtemps, alors que j’avais seulement quinze ans, un banquet eut lieu dans notre palais. Ce jour-là, les invités furent stupéfaits de découvrir que les poissons servis au repas avaient une tête humaine...

Les enfants froncèrent les sourcils, choqués.

— Méfiants, ceux qui ne mangeaient pas de poisson dissimulèrent leurs portions dans des serviettes pour les jeter plus tard, afin de ne pas offenser nos hôtes. Malheureusement, mon père oublia de se débarrasser de cette étrange nourriture.

— Dans la nuit, affamée, je suis allée me servir... et j’ai mangé, sans le savoir, la chair d’une sirène. En punition, j’ai reçu l’immortalité.

Les mots tombèrent comme un poids ancien.

— J’ai traversé huit siècles. J’ai vu mourir tous ceux que j’aimais. Mon époux a vieilli et m’a quittée. Mes enfants, effrayés par mon apparence figée dans le temps, se sont éloignés...

— C’est vraiment terrible, souffla Rika.

Yaohime reprit, sa voix légèrement brisée :

— Dans ma détresse, je suis devenue nonne errante. J’ai planté des arbres à chaque étape de mon voyage. Puis, un jour, j’ai rencontré une véritable sirène.

— Vous avez rencontré une vraie sirène !? s’écria Haru, les yeux écarquillés.

— Oui. Je lui ai présenté mes excuses... Je lui ai demandé de m’accorder la vieillesse. Elle a accepté, et m’a donné deux cents années de vie. J’ai pu revenir à Wakasa, et trouver le repos dans cette grotte. Mais avant de m’éteindre… j’ai donné naissance à un fils.

Taro retint son souffle.

— Ne me dis pas que… murmura Haru.

Yaohime s’inclina doucement, la voix pleine d’émotion.

— Tu as bien compris, mon enfant. Cet enfant… c’est toi, Taro.

Le monde sembla s’arrêter. Taro resta figé, submergé. Sa voix tremblait :

— Je suis ton fils ? Tu es vraiment ma mère ?

La femme s’approcha de lui et l’enlaça tendrement. Taro sentit ses larmes couler, brûlantes comme des vagues retenues trop longtemps.

— Taro est le fils d’une princesse… l’ancienne princesse de Wakasa, murmura Rika, éblouie.

Yaohime caressa les cheveux de son fils :

— Je ne t’ai jamais quitté des yeux. J’ai vu à quel point tu as souffert dans la solitude à cause de moi, et je suis vraiment désolée, mon petit Taro.

— Ce n’est vraiment pas de ta faute. Je suis heureux de faire enfin ta connaissance, maman, dit-il avec un sourire tremblant.

Les larmes dans les yeux, Yaohime le serra un peu plus fort. Haru rompit ce moment avec une question essentielle :

— Mais quel est donc le lien de Taro avec la mer ?

— Taro a dans ses veines l’héritage des sirènes, expliqua Yaohime. Il peut ressentir la mer, comprendre son langage, et prédire ses colères.

— Je me doutais bien que tu n’étais pas un garçon comme les autres ! lança Rika, fière. Tu es un enfant vraiment spécial.

Mais Yaohime assombrit son ton.

— Cependant, cet héritage en fait aussi une cible...

— Une cible ? interrogea Haru, inquiet.

— Le sang de Taro possède un pouvoir unique : celui d’ouvrir la porte des Abysses. Une faille scellée depuis des millénaires… où sont retenus les dévoreurs de mondes.

Un silence glaçant tomba.

— Il est impératif qu’elle ne soit jamais ouverte. Tu devras faire très attention, mon fils.

Taro releva les yeux vers elle :

— Dis-moi, maman…

— ...

— À quoi ressemblait mon père ? Et mes frères et sœurs ? Est-ce que je rencontrerai un jour tes descendants ?

Un sourire doux éclaira le visage de Yaohime.

— Tu ressembles beaucoup à ton père. Courageux, curieux, intrépide. Et ton grand-père… oh, s’il t’avait connu, il aurait fait de toi son favori. Vous avez la même chevelure. La mienne.

Taro sentit son cœur s’alléger. Pour la première fois depuis longtemps, il se sentait complet.

— Je suis vraiment content... j’ai eu une mère extraordinaire.

Rika s’approcha :

— Tu as vraiment de la chance d’avoir eu une mère comme Yaohime.

— Et mon fils a eu beaucoup de chance d’avoir des amis comme vous, répondit Yaohime avec tendresse. Je suis heureuse qu’il ait croisé votre chemin.

Mais dans l’ombre de la grotte, une présence silencieuse avait tout entendu. Tapie dans l’obscurité, une silhouette inconnue souriait froidement.

Le secret de Taro venait d’être découvert.

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