La lumière du jour baignait les murs de bois de la maison de Monsieur Fujisawa d’une lueur douce et chaleureuse. À l’intérieur, une atmosphère paisible régnait. Dame Alma, aidée par Dame Sakura, s’affairait avec délicatesse à changer le bandage de Taro. Le tissu imbibé de soins commençait à se détacher sous l’effet de la chaleur et du mouvement du garçon.
Nanami, assise tout près de lui, ne l’avait pas quitté un seul instant depuis son réveil. Inquiète pour lui, elle refusait de le laisser seul, comme si son cœur n’aurait pas supporté une autre absence.
Dans la cuisine, Haru et Rika s’étaient montrés serviables en apportant de l’eau fraîche à leur mère, afin de continuer à prodiguer les soins nécessaires à Taro.
Ce jour-là, le restaurant de Monsieur Fujisawa n’avait pas ouvert ses portes au public. L’enseigne était éteinte, et bien que les plats fussent toujours préparés pour quelques clients fidèles, l’établissement était resté clos. C’était un jour de silence, un jour pour veiller sur l’un des leurs.
La journée s’écoula dans une sérénité inhabituelle. Lorsque le soleil entama sa descente, Monsieur Saï revint au restaurant. Il retrouva sa femme à l’intérieur et, après avoir reçu des nouvelles rassurantes du jeune garçon, il quitta les lieux en compagnie d’elle et de leur fils. Dame Sakura fit de même, en promettant de revenir dès l’aube.
La nuit enveloppa bientôt le village de sa couverture étoilée, et Taro passa cette nuit paisible chez Monsieur Fujisawa, veillé tendrement par Nanami. Elle resta à son chevet, silencieuse, veillant sur son sommeil comme sur un trésor.
Mais au petit matin, quand les premiers rayons du soleil caressèrent la fenêtre, Nanami ouvrit les yeux… et constata avec stupeur que Taro n’était plus là.
Elle resta un instant immobile, les yeux écarquillés, le souffle coupé.
— ...
Soudain, le cœur affolé, elle se précipita hors de la chambre en criant :
— Papa, Taro...
Mais avant même d’achever sa phrase, son regard fut attiré par une scène dans la salle principale. Elle aperçut Taro, bien éveillé, assis à table aux côtés de son père, en train de savourer un plat fumant. Le garçon riait doucement.
Une vague de soulagement l’envahit. Les larmes lui montèrent aux yeux et, d’un bond, elle s’élança vers lui pour l’enlacer.
— Je suis tellement soulagée, tu t’es enfin réveillé.
Taro leva les yeux vers elle avec un petit sourire et répondit d’une voix douce :
— Je suis désolé de t’avoir inquiétée, mais tu vois, je suis maintenant en pleine forme.
— Je vais très bien, je suis en pleine forme.
Mademoiselle Alma, qui venait d’entrer, posa sa main sur le front du garçon, comme par réflexe. Elle fronça les sourcils, visiblement troublée.
— C’est incroyable, tu n’as pas de fièvre !? Tu es complètement guéri !?
Taro lui sourit, toujours aussi calme.
— Oui, je me sens maintenant en pleine forme... Je vous remercie sincèrement de m’avoir soigné lorsque j’étais malade.
La vieille dame sourit à son tour, attendrie.
— C’était tout à fait normal, surtout après tout ce que tu as fait pour nous.
Nanami, tout sourire, l’observa attentivement.
— Je peux le voir, et tes blessures sont presque guéries.
— Tu as remarqué ? Je me suis remis de mes blessures en un jour et, comme tu peux le constater, je n’ai plus de fièvre.
Nanami, les sourcils levés d’étonnement :
— Eh bien, tes capacités de récupération sont impressionnantes.
C’est alors qu’une voix familière s’éleva derrière eux.
— Je vois que notre petit garçon a enfin ouvert les yeux.
Tous se retournèrent. Dame Alma, Dame Sakura, Rika et Haru s’avançaient vers eux, les bras chargés de fruits et de sourires.
— Bonjour à vous, comment allez-vous ? lança Nanami en s’inclinant légèrement.
— Bonjour Nanami, répondit Mademoiselle Alma. Nous allons très bien, et toi, comment vas-tu ?
— Je vais bien, merci.
Taro, lui, était resté silencieux. Il les regardait avec des yeux ronds, comme s’il découvrait une nouvelle réalité. Mademoiselle Alma s’approcha et posa une nouvelle fois la question :
— Et toi, mon petit Taro, comment te sens-tu aujourd’hui ?
— Je vais très bien, je suis en pleine forme.
Une fois encore, elle posa sa main sur son front, surprise de l’absence totale de fièvre.
— C’est incroyable, tu n’as pas de fièvre !? Tu es complètement guéri !?
— Oui, je me sens maintenant en pleine forme... Je vous remercie sincèrement de m’avoir soigné lorsque j’étais malade.
— C’était tout à fait normal, surtout après tout ce que tu as fait pour nous, répondit-elle.
Taro les regarda avec reconnaissance. Puis, un peu gêné, il se leva lentement.
— Je dois maintenant partir.
Nanami se tourna brusquement vers lui, les yeux élargis par la surprise.
— Tu pars !? Que se passe-t-il ?
— Je dois aller réparer ma maison, elle a été endommagée par la tempête. Si je ne fais rien, je n’aurai pas de toit ce soir.
Elle lui adressa un regard doux, rassurant.
— Ne t’inquiète pas pour ta maison, le problème a déjà été réglé.
— ...
En effet, quelques instants plus tard, Taro se tenait devant sa demeure. Il resta figé. La maison avait été entièrement remise en état. Les murs étaient propres, les tuiles réparées, le sol balayé.
— C’est vous qui avez fait cela ?
— Oui, en fait, tout le monde a participé, répondit Nanami avec un sourire.
— C’était notre façon de te remercier pour toute l’aide que tu nous as apportée, ajouta Dame Sakura.
— Grâce à toi, j’ai pu guérir de ma maladie, dit Mademoiselle Alma.
— Tu as sauvé mon père en l’empêchant de mourir en mer, poursuivit Rika.
— Oui, c’est tout à fait vrai, conclut Dame Sakura.
Un frisson parcourut Taro. C’était la première fois qu’il ressentait cela. Il ne voyait plus dans leurs regards la peur ou le jugement… mais une chaleur nouvelle, bienveillante. Une tendresse sincère.
Les yeux brillants, il souffla d’une voix tremblante :
— Merci… Merci infiniment.
Un peu plus tard, après ces échanges émouvants, Taro, désormais remis sur pied, exprima son désir de repartir en mer.
— Je tiens à vous remercier sincèrement pour tout. Vous avez pris soin de moi et réparé ma maison, et pour cela, je vous en serai toujours reconnaissant.
— Tu n’as pas besoin de nous remercier autant, c’était un réel plaisir de pouvoir t’aider, dit Dame Sakura.
— Et n’oublions pas que c’est toi qui nous as aidés en premier, ajouta Mademoiselle Alma.
— Que prévois-tu de faire maintenant, cher Taro ? demanda alors Monsieur Fujisawa.
— J’ai l’intention d’aller pêcher et de vous ramener un énorme poisson pour ce soir, vous n’allez pas en croire vos yeux !
Mais Nanami fronça les sourcils.
— Tu viens à peine de te rétablir, et tu penses déjà à retourner en mer… Parfois, je me demande ce que tu cherches là-bas !
Le regard de Taro s’assombrit un instant. Il répondit, d’un ton plus sérieux :
— Eh bien, j’adore passer du temps en mer. Là-bas, je me sens revivre, un peu comme si c’était le seul lien qui me reliait à quelqu’un.
Nanami le regarda, surprise.
— Un lien !?
— Oui, c’est comme si nous étions connectés, et ce lien me plaît beaucoup.
Elle vit dans ses yeux une lueur profonde, un attachement sincère. Elle baissa la tête un instant, puis hocha doucement la tête.
— D’accord, je comprends… Tu peux partir en mer.
Taro afficha un sourire radieux. Mais Nanami ajouta aussitôt, d’un ton taquin :
— Je te laisserai partir, à condition que tu me promettes de venir dîner avec nous ce soir.
— Mais...
— Oui, Taro, accorde-nous cette faveur, appuya Monsieur Fujisawa.
— Mais…
— C’est non négociable, dirent Dame Sakura et Mademoiselle Alma d’une seule voix.
Taro les regarda, hésitant.
— Êtes-vous certains que ma présence ne dérangera personne là-bas ?
— N’oublie pas que c’est moi le propriétaire de l’établissement. Si quelqu’un n’est pas content de te voir, il peut toujours s’en aller, déclara Monsieur Fujisawa.
— Bien dit, papa ! Personne n’osera te chasser d’ici, ajouta Nanami.
— Et ne t’inquiète pas pour ces vilains messieurs qui t’ont fait du mal, ils ne te causeront plus jamais de souci, assura Mademoiselle Alma.
— Ce serait vraiment un grand plaisir de partager un repas avec toi, Taro, conclut Dame Sakura.
Tout le monde approuva, et devant tant de bienveillance, Taro céda.
— Très bien, je viendrai dîner avec vous ce soir... Merci beaucoup… Merci à vous tous.
Les sourires fleurirent sur chaque visage. Rika s’approcha alors de lui, les yeux pétillants :
— Dis, ça te dirait que je vienne pêcher avec toi ?
Taro, pris de court, s’exclama :
— Quoi !? Venir pêcher avec moi !?
— Oui, tu es d’accord, maman ?
— Oui, pourquoi pas. Ce sera l’occasion de faire connaissance, c’est une très belle idée, répondit Dame Sakura.
— Quoi !?
— Je suis sûre que nous allons devenir de grands amis, tous les trois, dit Rika avec assurance.
— Tous les trois !?
À ces mots, le cœur de Taro se réchauffa. L’écho d’une solitude trop longtemps endurée fut enfin remplacé par une certitude : il n’était plus seul.
Et ce soir-là, pour la première fois, il partagea un dîner en famille… pas celle du sang, mais celle du cœur.
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