Draconic King

Draconic King

L'hybride draconique.

Dans la cité royale d’Aconit, capitale prospère et scintillante d’un royaume miné par les tensions internes, les cloches résonnaient doucement tandis que les ruelles du marché s’animaient au lever du jour. Une jeune fille, au regard calme et à la présence discrète, avançait entre les étals. Sa silhouette se fondait dans la foule, mais son aura mystérieuse n’échappait pas aux plus observateurs. Elle choisissait quelques vivres, marchant d’un pas tranquille, comme si elle ne portait aucun poids — ni sur les épaules, ni dans l’âme.

Pendant ce temps, dans une artère principale de la ville, un cortège d’apparat fendait la foule. Les gardes royaux ouvraient la marche avec solennité, accompagnant une silhouette noble, fière, revêtue d’un manteau orné de broderies d’or et d’un voile léger masquant partiellement son visage. C’était la princesse Keli, en route vers Coram, une bourgade aride du sud, secouée ces dernières semaines par d’étranges disparitions et un affaiblissement dramatique de sa population. Avec elle, des vivres et des médicaments — maigre espoir pour des âmes désespérées.

Keli croisa brièvement le regard de la jeune fille dans la foule. Une seconde d’échange muet, une intuition partagée, puis chacune poursuivit sa route.

Une fois arrivée à Coram, la princesse descendit de sa monture et observa l’état du village : silence pesant, regards fuyants, misère rampante. Elle aperçut un vieil homme marchant seul, dos courbé, appuyé sur une canne.

— Princesse : Excusez-moi.

L’homme s’immobilisa, méfiant. La voix de Keli resta douce et polie.

— Princesse : Excusez-nous, pourriez-vous nous indiquer où trouver le chef de ce village ?

Le vieillard la fixa avec amertume, avant de répondre sèchement :

— Désolé, nous ne parlons pas aux inconnus.

Et il tourna les talons, s’enfonçant dans la poussière des ruelles.

— Chevalier : Cet homme est vraiment charmant.

— Keli : Il ne faut pas lui en vouloir, ils traversent une période difficile en ce moment.

Ils n’eurent pas le temps d’aller plus loin. Une petite voix les interrompit.

— Petite fille : Excusez-moi, êtes-vous la princesse Keli ?

Keli se retourna, découvrant une fillette aux yeux clairs et au sourire sincère. Elle se pencha légèrement.

— Keli : Oui, c’est bien moi. À qui ai-je l’honneur ?

— Petite fille : Je m’appelle Mily. Veuillez excuser mon grand-père, il est un peu grognon ce matin.

— Keli : Ne vous inquiétez pas, je ne suis pas offensée.

— Mily : J’ai cru comprendre que vous cherchez le chef du village.

— Keli : Oui, c’est exact.

— Mily : Je vous conseille de vous rendre dans cette maison là-bas, c’est là qu’il vit.

Elle pointa du doigt une demeure en pierre, modeste mais bien entretenue.

— Keli : Je vous remercie.

— Mily : Je vous en prie.

La fillette s’éloigna en trottinant. Keli s’avança vers la maison, suivie de ses gardes. Lorsqu’on ouvrit la porte, le même vieil homme que tout à l’heure se tenait là, stupéfait. Il les reconnut, baissa légèrement la tête.

— Keli : Bonjour, veuillez nous excuser pour ce dérangement. Si possible, j’aimerais m’entretenir avec vous.

L’homme, cette fois, ne ferma pas la porte. Il écouta avec attention la raison de leur venue. Après un moment de silence, il répondit simplement :

— Venez avec moi.

Ils marchèrent à travers le village jusqu’à un grand hangar. À l’intérieur, des dizaines de corps amaigris, malades, blessés ou à l’agonie. Des femmes, des enfants… Keli sentit son cœur se serrer.

— Keli : La première division, vous vous occuperez des malades. La deuxième division, vous vous chargerez de distribuer des vivres et des couvertures. Exécution.

— Les chevaliers : À vos ordres, princesse.

Les chevaliers s’activèrent sans attendre. La solidarité se mit à naître, timide mais réelle, entre soldats et villageois valides.

Soudain, Mily revint auprès de la princesse. Dans ses mains, un bracelet de fleurs sauvages.

Elle le tendit avec un sourire :

— Mily : Tenez, c’est pour vous.

Keli, touchée par ce geste simple mais chargé de sens, enfila le bracelet et la serra dans ses bras. Un instant de chaleur, fragile… qui fut brutalement interrompu.

Un chevalier surgit, l’expression figée par la panique.

— Chevalier : Princesse Keli ! Les semi-dragons s’approchent du village !

La terre se mit à trembler. Les cris éclatèrent.

— Keli : Rassemblez les chevaliers ! Érigez une barrière et repoussez l’ennemi !

Des larmes aux yeux, elle tenta de rassurer un jeune garçon terrorisé.

— Keli : Je te le promets, rien ne t’arrivera tant que je suis là.

Mais la promesse ne suffira pas. Lorsque Keli revint à l’abri pour vérifier la sécurité des civils, l’horreur la frappa de plein fouet : tous étaient morts. Défigurés. Massacrés.

Parmi eux, Mily.

Keli s’effondra, tenant le petit corps sans vie dans ses bras.

— Marcus : Princesse Keli, nous devons partir.

— Keli : Ce petit ne méritait pas de mourir… Elle était si gentille et accueillante, alors pourquoi… pourquoi a-t-elle dû mourir ?

Marcus ne répondit rien. Une boule de feu traversa soudain les airs, forçant les soldats à fuir avec la princesse. Le corps de Mily s’embrasa. Keli n’eut pas la force de pleurer.

Dehors, la princesse donna l’ordre :

— Keli : Repli général ! Battez en retraite !

Ils montèrent à cheval, mais les semi-dragons fondirent sur eux avec une rage inhumaine. La moitié des chevaliers furent tués dans une attaque fulgurante.

La terre s’ouvrit et en engloutit certains. Grâce à Marcus, Keli parvint à survivre.

Lorsqu’elle reprit conscience, elle était seule. Son cheval disparu. Elle se traîna jusqu’à une grotte. Là, elle se laissa tomber contre la roche, bouleversée.

— Keli : Ce n’est pas possible… Ils ont tous été tués… Une fois de plus, les semi-dragons ont tout détruit.

Mais le répit fut de courte durée.

Une embuscade. Des silhouettes reptiliennes approchaient, harnachées d’écailles, bavant de haine.

— Keli : Oh non… une embuscade.

Elle se figea. Aucun plan ne pouvait la tirer d’affaire. Fuir ne servirait à rien. Se battre… serait suicidaire.

Puis soudain, en un souffle invisible, cinq têtes tombèrent. Tranchées net.

Keli, stupéfaite, regarda autour d’elle.

Une silhouette chuta du ciel. Une enfant. Petite, vive, dangereuse. Elle abattit son poing sur l’un des semi-dragons, le pulvérisant comme une poupée de pierre.

— Keli : C’était de la magie !? Tu es une magicienne draconique !?

La jeune fille répondit calmement :

— ??? Il serait préférable pour vous de quitter cet endroit. Il n’est pas très sûr.

— ??? Prenez la direction de gauche, vous y trouverez des gardes qui vous recherchent.

Et elle disparut. Dans l’air.

Keli, abasourdie, suivit ses instructions. Et à la sortie de la forêt, elle vit les armures familières des gardes royaux, menés par la capitaine Gwen.

— Gwen : Princesse Keli, comment allez-vous ?

— Keli : Je vais bien… heureusement, grâce à mes vaillants chevaliers.

— Gwen : Montez, vous me raconterez tout au palais.

Deux jours plus tard, dans les jardins du palais, Keli, assise parmi les fleurs, fixait le vide.

— Gwen : Vous semblez bien préoccupée, princesse Keli. Est-ce que quelque chose vous tracasse ?

— Keli : Je vous ai déjà dit que nous n’avons pas besoin de formalités entre nous. Mais vous avez, une fois de plus, raison.

— Gwen : Voulez-vous m’en parler ?

— Keli : Oui… mais pas ici. Allons plutôt faire un tour.

Dans une calèche tirée par deux chevaux noirs, la princesse raconta tout : Coram, Mily, le massacre, l’enfant draconique…

— Gwen : Votre récit est particulièrement étrange. Et cette petite dont vous parlez l’est encore plus…

— Keli : En effet, j’aurais aimé en parler mais…

La calèche s’arrêta brutalement.

— Gwen : Que se passe-t-il ?

— Charretier : Capitaine, il y a deux hommes qui se disputent sur la route.

Keli descendit, son regard déjà prêt à affronter un nouveau tumulte.

Et elle n’avait encore aucune idée de ce qu’elle allait découvrir.

L’un accusait l’autre de vol, tandis que l’autre niait farouchement. Le ton montait, les passants s'arrêtaient, formant un cercle de curiosité, de méfiance ou de simple ennui. Keli, quant à elle, était ailleurs. Elle ne regardait pas l'altercation — ou du moins pas directement.

Son regard venait de croiser une silhouette fuyante, emmitouflée sous une capuche trop large pour son petit gabarit. Une démarche vive, presque féline. Elle la reconnut aussitôt : la jeune fille rencontrée un peu plus tôt.

Son cœur fit un bond. Elle se tourna vers la capitaine Gwen, l’air hésitant. Mais à peine une seconde plus tard, Keli avait pris sa décision. Elle tourna les talons et se lança à la poursuite de la fillette, qui venait de s'engouffrer dans une ruelle étroite, coincée entre deux bâtisses décrépites.

Keli s'y engouffra à son tour, les bruits de la ville se dissipant derrière elle. Mais lorsqu’elle déboucha au bout de la ruelle, il n’y avait plus personne. Le silence y régnait comme si rien ni personne ne l’avait jamais traversée.

Essoufflée, elle scruta les environs : rien. Aucun recoin ne semblait assez large pour dissimuler un corps, aucune porte entrebâillée, aucun escalier de secours. Elle fronça les sourcils.

— Où est-ce qu’elle est passée…? murmura-t-elle pour elle-même.

C’est alors qu’une voix nonchalante, un peu moqueuse, retentit au-dessus d’elle :

— J’peux savoir pourquoi tu me suis, petite princesse ?

Surprise, Keli leva brusquement la tête. Perchée sur le toit d’une maison basse, jambes croisées comme si elle était en plein pique-nique, se tenait celle qu’elle cherchait. Son visage n’était plus dissimulé, et un léger sourire flottait sur ses lèvres, mi-curieux, mi-défensif.

Keli l’avait retrouvée.

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