Un amour infini.

Akil poursuivait son récit, les yeux plongés dans le feu crépitant, entouré des enfants captivés par ses mots. Son ton grave trahissait la profondeur de ce souvenir. Deux années s’étaient écoulées, et pourtant chaque détail lui brûlait encore la mémoire.

> — Très bien les enfants, dit la mère d’une voix claire, maintenant brandissez vos épées, visualisez une sphère rouge se former sous vos pieds et, à trois reprises, formulez clairement la phrase suivante.

Les enfants, obéissants, plongèrent leurs épées dans le sol en répétant la formule avec une synchronisation presque mystique :

> — Cum Saxum Saxorum

In Duersum Montum Oparumda.

In Aetibulum

In Quinatum Draconis !

La prêtresse du dragon, concentrée, leur demanda ensuite d’imaginer l’explosion de la sphère et son énergie convergeant vers eux, avant de retirer leurs lames.

Parmi eux, Asuka fut la première à y parvenir. Lorsqu’elle arracha son épée du cercle magique, une lumière irisée apparut et un souffle immense se déchaîna. Une entité majestueuse se matérialisa dans les airs : Sairys, le dieu de l'Est, maître des dragons de l'air.

> — J'ai réussi... Vous avez répondu à mon appel, murmura Asuka, le regard levé vers la créature divine.

> — Jeune mortel, répondit Sairys de sa voix céleste, ton cœur est pur et tes capacités intellectuelles sont très prometteuses. C'est pourquoi moi, Sairys, dieu de l'Est de l'air, accède à ta requête et t’initie à la magie draconique.

> — Je vous remercie, ô grand dragon, répondit-elle, la voix tremblante d’émotion.

Quand Asuka rouvrit les yeux, son père la fit sortir doucement du cercle.

> — Comment te sens-tu ? demanda-t-il.

> — Très bien. J’ai vu Sairys, le dieu de l’Est de l’air... Il m’a admise.

> — C’est formidable, dit Akil avec fierté. Tu as un dragon divin en toi. En grandissant, tu pourras transmettre ton savoir à d’autres enfants.

> — Oui.

Mais leur joie fut interrompue.

> — Silence, vous deux. Vous allez distraire les autres, trancha la mère, sévère.

Le rituel poursuivit son cours, les enfants se concentrant davantage. C’était désormais au tour de Karla, qui s’apprêtait à invoquer Naelyan, le dragon de l’Ouest. La sphère prenait forme sous ses pieds... Mais soudain, une flèche fendit l’air, transperça le cercle et brisa le sort en une détonation étourdissante.

Les enfants ouvrirent les yeux, criant de douleur. La prêtresse s’écria :

> — Que se passe-t-il !?

Son regard se posa sur la flèche fichée au centre du cercle.

> — Qui a tiré cette flèche ? Qui a osé interrompre le rituel ?

Elle se retourna — et pâlit en voyant un groupe de chevaliers entrer dans le sanctuaire, accompagnés d’un homme en armure dorée : le roi en personne.

> — Que vient faire ici le roi ?

Un chevalier s’avança.

> — Écoutez-moi. Nous réclamons la présence de la ritualiste dragon, Dame Karla.

Un murmure traversa la foule. Il s’agissait de la mère d’Akil et Asuka.

> — Je suis là, que me voulez-vous ? dit-elle d’une voix ferme.

> — Sa Majesté exige que vous enseigniez la magie draconique au chevalier royal. Il en a besoin pour défendre le royaume contre nos ennemis.

> — En aucun cas ! s’indigna-t-elle. Cette magie n’a jamais été conçue pour la guerre. Cela va à l’encontre de nos lois fondamentales.

> — Puisque c’est ainsi, répliqua le roi avec froideur, vous obéirez de force. Que cela vous plaise ou non.

Un murmure d'effroi traversa les enfants. Le mari de Karla, s’interposant, s’écria :

> — Je refuse catégoriquement de vous laisser emmener ma femme. Vous êtes peut-être roi, mais vous n’êtes pas au-dessus des lois !

> — Les lois, ici... c’est moi, répondit le roi avec cruauté.

Il fit signe à l’archer.

La flèche partit sans attendre. Elle perça la poitrine du père d’Akil, qui tomba à genoux. Son sang s’étendit lentement sur le sol, sous les yeux pétrifiés des villageois.

Akil, figé, sentit sa rage l’envahir. Il fit un pas vers les soldats, prêt à attaquer. Sa mère cria :

> — Akil, arrêtez !

Il se figea. Près de lui, Asuka, en larmes, tenait le corps de leur père.

> — Je t’en prie, ne pars pas, murmura Dame Karla.

Elle se tourna vers le roi.

> — Si je viens avec vous... laisserez-vous le village tranquille ?

Le roi planta son regard dans le sien. Il hocha la tête.

> — Maman, ne pars pas ! cria Akil.

> — S’il te plaît, maman, reste avec nous ! pleura Asuka.

Karla s'approcha des chevaliers, jetant un dernier regard à ses enfants. Elle se pencha vers Akil.

> — Protège ta sœur. Prends soin d’elle, s’il te plaît.

> — Non ! Tu ne partiras pas ! protesta-t-il.

D’un geste doux, mais déterminé, elle posa sa main sur le front de son fils. Une lumière bleutée l’enveloppa, et Akil s’effondra, endormi, des larmes roulant encore sur ses joues.

Les villageois s’occupèrent des enfants et du rituel brisé. Quand Akil rouvrit les yeux, Karla, une des femmes du village, se pencha sur lui.

> — Akil, tu as enfin repris connaissance.

> — Où est ma mère ?

> — Elle est partie... avec le garde du roi.

Il se redressa d’un bond, l’air furieux.

> — Maudits chevaliers ! Comment ont-ils osé faire cela !?

> — Akil, je vous en prie, calme-toi. Pense à ta sœur...

> — (Asuka)... Où est-elle ?

> — Toujours devant le corps de votre père... Elle ne cesse de pleurer.

Akil sortit en courant. Il retrouva sa sœur, recroquevillée contre le corps froid de leur père.

> — Pourquoi ? Pourquoi, grand frère ? sanglota-t-elle. Qu’a fait papa pour mériter ça ? Pourquoi l’ont-ils tué ?

Akil, incapable de répondre, l’enlaça.

> — Ils n’auraient jamais dû faire ça...

Elle se serra contre lui.

> — Je t’en prie... Ramène maman à la maison. Je t’en supplie, grand frère...

Mais Akil resta silencieux.

Plus tard dans la nuit, Asuka s’endormit en larmes. Les femmes du village la prirent avec douceur. Karla revint vers Akil, qui fixait le ciel d’un regard sombre.

> — Que fais-tu ici ? demanda-t-elle.

> — Demain... Non. J’aimerais te demander un service.

> — Lequel ?

> — Prends soin d’Asuka. Je pars chercher maman demain.

> — Tu es fou. Si tu y vas, tu risques d’être tué !

> — Ma vie importe peu. Ce qui compte, c’est le bonheur de ma sœur.

> — Peut-être que ta vie t’importe peu... mais pas à moi. Je ne veux pas te perdre.

> — Je te le demande en tant qu’ami. S’il te plaît.

Voyant qu’elle ne parviendrait pas à le dissuader, elle finit par acquiescer, le cœur lourd.

Le lendemain, Akil quitta le village. Lorsqu’il atteignit la capitale, une agitation sourde agitait la foule. Il se faufila à travers la place. Ses yeux s’écarquillèrent.

Sa mère était attachée à un bûcher, blessée, épuisée, le regard digne.

Il fit un pas, prêt à intervenir. Mais sa mère lui parla par télépathie :

> Akil, non. Ne t’approche pas. S’il te plaît.

> Mais je peux t’aider !

> Non... Je ne survivrais pas à te voir mourir. Mon fils, il n’y a rien de plus beau pour une mère que de sacrifier sa vie pour ses enfants. Reste en vie, je t’en supplie.

Le chevalier alluma la torche et la jeta dans le bûcher.

Les flammes s’élevèrent.

> — S’il te plaît... évacue le village, murmura Dame Karla. S’ils restent ici, ils subiront le même sort que moi. Va les prévenir, d’accord ?

> — Je le ferai, répondit Akil, les larmes aux yeux.

> — Mon fils... Mon courageux garçon... Arrête de pleurer. Regarde-moi. Je ne disparaîtrai jamais. Mon amour pour vous... vivra à jamais dans vos cœurs.

Le feu l’engloutit.

Akil, brisé, tourna les talons et partit en courant vers son village.

Pendant ce temps, les chevaliers levaient leurs armes dans les airs. Le peuple, figé, regardait sans un mot. Et le roi déclara :

> — Cette femme n’a rien voulu nous révéler. Alors nous mettrons le village à sang.

Télécharger maintenant

Aimez-vous ce travail ? Téléchargez l'application et vos enregistrements de lecture ne seront pas perdus
Télécharger maintenant

Bien-être

Les nouveaux utilisateurs peuvent télécharger l'application pour débloquer 10 chapitres gratuitement.

Recevoir
NovelToon
Ouvrir la porte d'un autre monde
Veuillez télécharger l'application MangaToon pour plus d'opérations!