Chapitre 5: La Septième Blague

La place de Kabocha-Ville est figée dans un silence absolu, comme si la nuit elle-même retenait son souffle.

Les confettis, encore en suspension dans l’air, semblent flotter au ralenti.

Les torches-citrouilles s’éteignent une à une, laissant place à une lumière rougeâtre qui émane de la septième pousse noire.

Elle grandit.

Lentement d’abord.

Un bourgeon.

Puis une tige fine.

Puis une coque lisse, brillante comme de l’obsidienne liquide.

En trois battements de cœur, elle dépasse Léo.

En six, elle domine les six citrouilles géantes qui se sont mises en cercle, lianes dressées comme des barreaux de prison vivants.

Elles ne bougent plus.

Elles attendent.

Au centre de la pousse, un œil rouge unique apparaît.

Pas gravé.

Pas peint.

Vivant.

Il cligne lentement.

Il regarde.

Il juge.

La coupe-bonbon vivante roule jusqu’aux pieds de Léo.

Elle s’arrête net, comme si elle pesait une tonne.

Sa surface craquelle légèrement.

Une voix en sort, douce, mielleuse, mais avec une pointe de tristesse ancienne :

« Une blague.

Une seule.

Pas de sort.

Pas de potion.

Pas de farce magique.

Juste votre rire vrai.

Si elle me fait rire, la règle est scellée pour toujours.

Sinon…

Halloween recommence demain.

Et le jour d’après.

Et encore.

Jusqu’à ce que quelqu’un rit vraiment.

Jusqu’à ce que personne ne soit seul. »

Tom pâlit.

Il se penche vers Léo, la voix tremblante :

« C’est notre peur qui l’a créée.

L’an dernier, quand j’ai disparu…

J’ai ri seul dans la citrouille.

Personne n’était là pour partager.

Personne n’a cherché.

Cette chose… c’est l’écho de ça. »

Léo sent son cœur battre dans ses tempes.

Il regarde autour de lui.

Les Mini-Maudites sont là.

Toutes.

Lili, les yeux brillants.

Zoé, le grimoire fermé pour la première fois.

Mia, les mains jointes, sans larmes de crocodile.

Nina, les poings serrés, mais pas pour frapper.

Sasha, qui signe lentement : main dans la main.

Léo lève la main droite.

Lentement.

Comme un serment.

Tout le monde pose la sienne dessus :

• Tom, d’abord.
Sa main est froide.
Mais il serre fort.

• Lili, ensuite.
Elle tremble un peu.

• Zoé, qui pose son grimoire par terre.

• Mia, qui sourit pour de vrai.

• Nina, qui tape doucement dans la pile.

• Sasha, qui signe ensemble avant de poser sa main.

Puis, les six citrouilles géantes tendent chacune une liane fine, comme des doigts.

Elles tremblent.

Elles veulent faire partie.

Elles ont besoin de rire aussi.

Léo inspire profondément.

La foule, derrière, est muette.

Même les gamins ont arrêté de courir.

Même le maire-vampire a enlevé ses fausses dents.

BLAGUE COLLECTIVE

Léo commence, voix claire, sans peur :

« Pourquoi la septième citrouille est noire ? »

Tom enchaîne, un sourire en coin, les yeux humides :

« Parce qu’elle a peur du noir ! »

Lili, avec un clin d’œil malicieux :

« Et elle porte des lunettes de soleil la nuit… »

Zoé, malicieuse, un peu théâtrale :

« …pour cacher ses larmes de rire ! »

Mia, avec un grand geste :

« Elle danse la macarena en chaussettes trouées… »

Nina, riant déjà, la voix qui monte :

« …avec des chaussons en guimauve qui collent au parquet ! »

Sasha signe vite, et Léo traduit à voix haute, les larmes aux yeux :

« Et elle rote des arcs-en-ciel après trop de bonbons ! »

TOUS ENSEMBLE, CRIÉ COMME UN SEUL HOMME, COMME UNE FAMILLE :

« PARCE QUE MÊME LES CITROUILLES ONT LE DROIT D’ÊTRE RIDICULES ! »

La septième tremble.

Son œil rouge cligne.

Une fissure fine apparaît en haut.

Puis une autre.

Puis dix.

Puis cent.

Puis mille.

CRAC-CRAC-CRAC-CRAC-CRAC !

Elle éclate en un nuage de confettis noirs et oranges.

Les confettis tourbillonnent, forment des mots lumineux dans l’air, qui flottent comme des lanternes :

RÈGLE SCELLÉE.

SIX CITROUILLES.

UNE BLAGUE PARTAGÉE.

JAMAIS SEUL.

HALLOWEEN EST À NOUS.

Les six citrouilles géantes rétrécissent doucement, comme des ballons qui se dégonflent.

Elles deviennent six ballons-citrouilles légers, attachés par des fils de lumière dorée.

Elles montent lentement dans le ciel, comme des lanternes volantes.

Chaque ballon porte une lettre : R-I-R-E-S-!

La coupe-bonbon fond en sirop doré.

Elle murmure une dernière fois, avant de disparaître dans le sol :

« Merci… d’avoir ri avec moi.

Et avec lui. »

La foule explose.

Des cris.

Des rires.

Des applaudissements.

Le maire-vampire, ému, remet la coupe officielle (en vrai bonbon, sculptée, brillante) à Léo et Tom.

« Ex aequo ! Les rois d’Halloween ! »

Les Mini-Maudites sautent sur scène.

Sasha signe : selfie.

Photo de groupe.

Flash.

Les ballons-citrouilles brillent au-dessus comme des étoiles orange.

CLIFFHANGER FINAL :

Minuit sonne.

La lune pâlit.

Les torches s’éteignent une à une.

Dans l’ombre du cimetière, une graine noire germe.

Mais cette fois, six graines orange l’entourent déjà.

Elles clignent de l’œil.

L’une d’elles chuchote, douce comme un bonbon :

« L’an prochain… sept ?

Seulement si on rit tous. »

À suivre… l’an prochain ?

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