Acte 1, Scène 3
La ruelle semblait avaler la lumière. Le corps du professeur gisait encore là, grotesque, presque comique dans son immobilité. Eliana ne ressentait ni peur, ni compassion. Seulement un frisson d’extase.
Enfin. La mort est plus honnête que la vie. Elle au moins, ne triche pas.
Ses yeux verts fixaient la scène comme si elle observait un chef-d’œuvre au musée. Mais une silhouette, plus loin, la fit se raidir. Quelqu’un l’observait.
Elle cligna des yeux. Rien. Seulement l’ombre mouvante d’un lampadaire qui grinçait au vent.
Un sourire tordu s’étira sur son visage.
— « Si c’est un stalker… qu’il sache au moins que je suis déjà fiancée à la mort. »
Elle s’éloigna tranquillement, le bruit de ses pas résonnant comme une signature laissée sur le trottoir.
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Chez elle
Le lendemain matin, un détail la frappa aussitôt. Sur sa table de chevet, une pomme rouge, brillante comme du sang frais. Elle ne se souvenait pas l’avoir posée là.
Elle croqua dedans, sans hésitation.
— « Intéressant… Le tueur a de l’humour biblique. »
Dans le miroir, ses yeux brillaient d’un éclat inquiétant. Était-ce de l’excitation… ou de la paranoïa ? Peu importait. Les deux avaient toujours été ses compagnes préférées.
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Dans le bus
Assise à l’arrière, elle fixait les passagers avec cette intensité qui les mettait mal à l’aise. Un étudiant finit par changer de place.
Les gens me fuient comme la peste. S’ils savaient à quel point la peste est bavarde, ils m’embrasseraient presque pour rester en vie.
Soudain, elle remarqua un détail. Un homme, capuche noire rabattue sur le visage, semblait la fixer dans le reflet de la vitre.
Quand elle se retourna, il avait disparu.
Un frisson la parcourut. Pas de peur. Non.
De plaisir.
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À la fac
Dans les couloirs, l’agitation battait son plein : la rumeur du meurtre du professeur s’était répandue comme une traînée de poudre. Certains chuchotaient, d’autres pleuraient faussement, trop heureux de s’offrir un rôle tragique.
Eliana passa au milieu d’eux, indifférente.
— « Je n’ai pas perdu un professeur. J’ai gagné une œuvre d’art macabre. »
Justin apparut soudain, adossé à un casier, un sourire tranquille aux lèvres.
— « Toujours aussi dramatique, Eliana ? »
Elle le fixa, impassible.
— « Ce n’est pas du drame. C’est de la lucidité. »
Henri, son frère, les rejoignit en trombe.
— « Sérieusement, tu ne ressens rien ?! C’était notre prof ! »
— « Mon prof, non. Ton problème, peut-être. »
Henri gronda de frustration, mais Justin se contenta de rire. Lui, au moins, comprenait à moitié son humour tordu.
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La découverte
En ouvrant son casier, Eliana trouva une enveloppe glissée entre ses livres. Papier noir, écriture fine, presque élégante.
Elle l’ouvrit. Une seule phrase.
> "Je t’ai vue sourire devant son cadavre. Ton secret est en sécurité avec moi."
Un rire cristallin lui échappa.
— « Enfin quelqu’un qui me comprend. »
Mais à l’intérieur d’elle, quelque chose vibrait. Un mélange de jubilation et de danger.
Elle leva les yeux, balaya la foule. Quelqu’un, là, se cachait derrière un masque de banalité. Son stalker. Son reflet déformé.
Un sourire carnassier étira ses lèvres.
Qu’il vienne. Le jeu peut enfin commencer.
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