Chapitre 3 : Les lois du silence

L’air lourd des bas-fonds d’Étheria s’alourdissait encore ce soir, épaissi par une brume grisâtre qui léchait les murs suintants des ruelles étroites. Le murmure constant des âmes errantes, perdues dans la survie quotidienne, formait une mélopée oppressante que seule Nyrah semblait entendre distinctement.

Assise dans l’ombre d’une alcôve dégradée, elle frottait délicatement les mains, tentant de calmer les tremblements qui la tenaillaient. Le contact du tissu usé contre sa peau, le murmure lointain des pas précipités, le souffle rauque d’un enfant qui pleurait quelque part au-delà des décombres — tout cela faisait partie de ce monde sourd, où la parole était devenue un luxe dangereux.

Nyrah connaissait trop bien les lois non écrites qui régissaient ce territoire maudit : les lois du silence. Celles qui étouffaient la vérité, qui tordaient les langues, qui écrasaient les cris sous des poids invisibles mais implacables.

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1. Un secret plus lourd que la peur

Depuis qu’elle avait franchi le seuil de cette cité en ruines, Nyrah portait en elle un secret qui la consumait lentement. Héritière maudite de la lignée Velyn, elle était l’ombre d’un passé que tous voulaient oublier — ou faire disparaître à jamais.

Elle avait appris, à travers les regards furtifs et les murmures sournois, que parler était un risque. Parler c’était appeler la colère des Élus, les juges impitoyables d’une société où le silence valait mieux que la vie. Un silence imposé par la peur, mais aussi par la trahison.

Un soir, alors que les ombres se faisaient plus épaisses, Nyrah s’était aventurée plus loin dans le labyrinthe des bas-quartiers. Elle avait croisé une bande de Disparus, leurs yeux cernés par la faim et le désespoir. Ils la dévisageaient avec une curiosité mêlée d’hostilité. Elle sentait que chacun d’eux portait une histoire brisée, une douleur trop grande pour être dite.

Mais c’était l’hostilité masquée par la résignation qui la frappait le plus. Un pacte tacite d’oubli, de silence imposé pour survivre, pour ne pas attirer l’attention des Élus et de leurs soldats.

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2. La magie de la parole tue

Dans Étheria, la magie était tout, et paradoxalement, c’était le silence qui régnait en maître. Le pouvoir des mots avait été réduit à néant, ou plutôt détourné. Les paroles prononcées n’étaient plus des actes de vie ou d’espoir, mais des armes, des chaînes invisibles qui enfermaient l’esprit.

Nyrah, elle, avait découvert un autre usage de la parole : la lecture silencieuse des douleurs enfouies, celle qui ne nécessitait aucun son, mais juste un regard, une caresse, un souffle. Sa magie empathique lui permettait de sonder les blessures cachées, de transformer le silence en lumière intérieure. Mais cette capacité était un fardeau qu’elle cachait au monde.

Elle avait vu trop de fois les conséquences de la parole révélée — arrestations, tortures, disparitions. Les Élus s’appuyaient sur la peur du silence pour maintenir leur domination, et Nyrah se savait une proie de choix.

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3. Une rencontre sous tension

Ce soir-là, alors qu’elle s’apprêtait à rejoindre sa cachette, une présence se fit sentir dans l’ombre. Nyrah n’était pas dupe : elle avait croisé le chemin de Kaël, ce soldat taciturne et froid, dont la mission semblait claire comme le cristal — traquer les Disparus et tout ce qui menaçait l’ordre établi.

Kaël la fixa d’un regard perçant, où se mêlaient suspicion et une douleur indicible qu’elle devinait. Nyrah sut que le moindre mot échangé pourrait déclencher une tempête. Pourtant, sans un bruit, sans un geste agressif, leurs regards se croisèrent dans un silence lourd d’histoires inexprimées.

Elle comprit alors que Kaël n’était pas simplement un instrument du pouvoir, mais un homme lui aussi prisonnier des lois du silence.

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4. Le poids du non-dit

Au fil des jours, Nyrah sentit que les murs autour d’elle se resserraient. Les rumeurs couraient dans la ville, des histoires de meurtres rituels visant les Élus, des soupçons grandissants sur les Disparus et surtout sur elle. Elle comprenait que le silence imposé devenait un piège mortel.

Mais au-delà de la peur, c’était la honte qui la paralysait. La honte d’une lignée oubliée, celle des Velyn, qui avait tenté de restaurer l’équilibre entre magie et humanité, avant d’être anéantie par la brutalité des puissants.

Le silence était devenu une cage dorée, un étau autour de son cœur meurtri.

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5. La résistance des murmures

Pourtant, même dans l’obscurité, des voix s’élevaient, fragiles mais déterminées. Nyrah croisa un jour Syrel Haan, l’archiviste rebelle, qui lui glissa entre les doigts un manuscrit interdit, un fragment d’histoire secrète.

« Les mots sont des clés, » murmura-t-il, « même dans le silence, ils peuvent ouvrir les portes de la vérité. »

Cette rencontre éveilla en Nyrah une flamme nouvelle. Peut-être que la loi du silence pouvait être brisée, que la vérité enfouie sous les ruines pouvait reprendre vie.

Mais pour cela, il faudrait affronter la peur, la trahison, et peut-être même Kaël lui-même.

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6. Le dernier souffle d’une ombre

Le chapitre se termine sur une image poignante : Nyrah, seule face à un arbre-mémoire, ses larmes mêlées à celles de l’arbre qui pleurait les morts du passé. Un arbre dont les racines étaient nourries par les secrets et les douleurs d’Étheria.

Alors que les cendres du passé tourbillonnaient dans le vent nocturne, une silhouette s’approcha silencieusement derrière elle. Le souffle de la nuit portait avec lui le présage d’un affrontement inévitable.

Le silence allait-il enfin se briser ? Ou Nyrah allait-elle être consumée par les lois du silence, avalée par les ombres d’Étheria ?

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Notes pour la suite

Le chapitre doit garder une atmosphère de tension constante, mêlant introspection et action retenue.L’opposition entre Nyrah et Kaël se dessine ici clairement, avec une complexité émotionnelle croissante.Le thème du silence, de la peur et du poids des secrets est central, préparant la montée des enjeux.La magie organique de Nyrah, son empathie, et les mystères des arbres-mémoire commencent à se dévoiler.L’écriture alterne passages poétiques, descriptions immersives, et dialogues brefs mais chargés de sens.Le cliffhanger final incite à poursuivre vers le chapitre 4, « Kaël, soldat de l’ordre ».

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