Aria ramassa ses fleurs en silence, les mains tremblantes, les joues encore
brûlantes de l’étrange rencontre. Son cœur battait si vite qu’elle n’entendait plus
les oiseaux nocturnes.
La lune rouge planait encore au-dessus d’elle lorsqu’elle reprit le chemin du
retour.
Lorsqu’elle arriva enfin près de la maison, la lumière chaude de l’entrée éclairait
deux silhouettes.
Roy et sa grand-mère venaient tout juste de revenir de leur voyage. À sa vue, la
vieille dame lâcha son panier, et Roy accourut, les yeux grands ouverts.
« Aria ! » cria la vieille. « Mais où étais-tu, par les esprits de nos ancêtres ?! »
Aria, bouleversée, se jeta dans leurs bras, soulagée et encore tremblante. Elle les
étreignit avec force, respirant enfin.
Mais Roy, lui, était crispé. Son regard passait de son visage à ses mains salies, à
ses vêtements froissés et aux fleurs éparpillées.
« Qu’est-ce qui t’a pris d’aller aussi loin dans la forêt à cette heure-là ?! » lança-til, les sourcils froncés.
Aria, encore bouleversée, raconta tout.
Le château. Les chauves-souris. L’homme au manteau noir. Ses yeux rouges.
Le silence tomba.
Roy bondit, les poings serrés.
« T’es complètement inconsciente ! Tu sais ce qu’on raconte sur cette forêt la nuit
?! Et si ce… ce type t’avait fait du mal ?! Et s’il t’avait… dévorée ?! »
Aria recula sous le ton brutal. Elle baissa les yeux, mordant ses lèvres, et
murmura :
« Je suis désolée… je ne voulais pas... »
Mais Roy ne décolérait pas.
« Tu ne réfléchis jamais quand tu es curieuse, hein ?! Il t’aurait suffi d’un faux pas,
Aria ! UN SEUL ! »
Les larmes montèrent aux yeux d’Aria.
Elle tourna la tête, mais déjà, des sanglots silencieux roulaient sur ses joues.
Roy se figea.
Il soupira profondément, passa une main nerveuse dans ses cheveux, puis
s’approcha lentement.
« Aria… je suis désolé. » Il l’enlaça doucement. « J’ai eu peur, c’est tout… peur de
te perdre. T’es comme ma sœur, tu sais… »
Aria renifla, les mains agrippées à sa tunique. Son cœur battait plus calmement
maintenant, entourée de chaleur familière.
Puis, un bruit sec résonna.
Paf !
La vieille dame venait de donner un petit coup de louche sur la tête de Roy.
« Espèce de brute sentimentale ! Elle revient bouleversée, et toi tu la grondes
comme un petit voyou ! »
Roy se frotta la tête avec un grognement, et Aria, malgré ses larmes, se mit à rire
doucement.
Un moment simple, doux.
Un moment de famille.
.....
Les jours passèrent.
Roy et Aria allaient désormais toujours ensemble dans la forêt. Tandis qu’il
coupait du bois, elle cueillait les fleurs, riait avec les enfants du village et
fabriquait des couronnes pour leurs cheveux.
Les enfants adoraient Aria. Toujours douce, rieuse, généreuse. Ils se disputaient
même pour porter son panier ou lui offrir des cailloux brillants.
Mais Roy, lui, ne les supportait pas vraiment.
Il grognait, les réprimandait pour leur « bruit », leur « maladresse », et surtout
parce qu’ils collaient trop Aria.
« Tu es leur princesse ou quoi ? » râlait-il souvent.
Un jour, l’un des garçons du village, un apprenti forgeron au sourire charmeur,
offrit à Aria une rose en fer forgé, qu’il avait façonnée lui-même.
Roy le fusilla du regard.
« T’approche pas trop près. »
Le garçon s’éloigna, confus.
Aria, gênée, leva les yeux au ciel.
« Tu exagères… »
Mais c’est la grand-mère qui mit les mots sur le malaise.
Alors qu’ils préparaient le dîner, elle lança, l’air innocent :
« Roy… c’est quoi ton problème avec les garçons qui approchent Aria, hein ? Avec
ta tête, on croirait que tu vas l’empêcher de se marier un jour. »
Roy rougit violemment, planta son couteau dans un navet, et marmonna :
« Ils sont pas dignes d’elle. C’est tout. Et moi, je suis son… son représentant. En
tant que père. Voilà. »
Paf.
Un autre petit coup de louche, cette fois plus léger.
« Laisse-la respirer, va. Elle est pas une pierre précieuse à enfermer. »
Et Aria, dans un coin de la cuisine, riait à gorge déployée.
---
La vie était douce, entre la forêt, les enfants, la maison, et les fleurs.
Mais sous les rires et les journées paisibles, le souvenir du château restait ancré
dans le cœur d’Aria.
Ce visage.
Ces yeux.
Et cette phrase qui la hantait la nuit :
> « Tu n’as donc rien entendu…
Derrière mes murs… un souffle s’élève… »
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