l'ombre du doute

Le jour avait été long. Trop long. Noa ferma son ordinateur à 19h passées, épuisé mais satisfait. Il avait réussi à organiser tout le planning du PDG pour les deux prochaines semaines… sans erreur.

En sortant du bureau, il croisa Aidan, qui venait d’un appel.

— Tu pars ?

— Oui. Enfin, si vous n’avez plus besoin de moi…

Aidan le fixa un instant, pensif.

— Tu n’es pas obligé de m’appeler « vous » quand on est seuls, tu sais.

Noa sourit timidement.

— Tu veux dire… que je peux te tutoyer ?

— Si tu veux, oui.

Un silence. Puis Aidan, adossé au mur, ajouta :

— Tu fais du bon travail. Vraiment.

Le compliment, simple mais sincère, fit battre le cœur de Noa un peu plus fort.

— Merci, Aidan.

Il s’inclina légèrement pour le saluer, puis prit l’ascenseur. Quand les portes se refermèrent, il appuya doucement la tête contre la paroi, les joues rouges.

Mais dans le hall, alors qu’il s’apprêtait à sortir, il entendit une conversation chuchotée.

— Tu as vu le nouveau ? Toujours collé au PDG…

— Un Oméga, en plus. Il cherche clairement à se faire entretenir.

Noa s’arrêta net. Les voix venaient de deux employés qu’il ne connaissait pas. Ils ne l’avaient pas vu.

Il serra les poings.

Il n’avait rien demandé. Il faisait son travail. Et il commençait, malgré lui, à… à s’attacher à Aidan.

Il sortit sans rien dire. Mais cette phrase-là, elle resta coincée dans sa poitrine comme une écharde.

Le ciel était gris ce samedi après-midi. Lio avait proposé à Eren de l’accompagner au marché couvert, pour « changer un peu d’air et de décor d’entreprise ». Contre toute attente, Eren avait accepté.

— T’as déjà goûté des mochi frais ? demanda Lio en lui tendant une petite boule rose poudrée.

Eren l’examina avec méfiance avant de croquer dedans. Son regard s’illumina, une expression rare chez lui.

— C’est… meilleur que ce à quoi je m’attendais.

Lio éclata de rire.

— T’es beaucoup trop sérieux pour ton bien, Eren.

Ils marchèrent ensemble, un peu à l’écart du monde. Lio parlait beaucoup, Eren écoutait. Mais peu à peu, leurs silences devinrent naturels, presque confortables.

Puis, sans prévenir, la pluie se mit à tomber.

— Oh non ! s’exclama Lio en couvrant sa tête avec sa veste. Viens, on se met là-bas !

Ils coururent vers un abri, riant comme des enfants. Arrivés sous un porche, Lio soufflait, les cheveux humides, les joues roses.

— J’avais oublié à quoi ressemblait ce genre de journée, dit-il doucement.

— Quel genre ?

— Une journée où quelqu’un me regarde… comme toi tu me regardes.

Eren resta figé un instant, pris au dépourvu. Puis il s’approcha, très lentement.

— Je te regarde… parce que tu me fais du bien.

Le cœur de Lio rata un battement. Il leva les yeux vers lui, et pour la première fois… Eren posa doucement sa main contre sa joue.

Ce n’était pas un baiser. Pas encore. Mais c’était une promesse silencieuse.

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