Un regard de trop

Cela faisait désormais deux semaines que Noa travaillait aux côtés d’Aidan. Chaque jour, il en apprenait un peu plus sur l’homme derrière le masque du PDG. Et chaque jour, il l’admirait davantage.

Aidan était exigeant, mais juste. Silencieux, mais attentif. Il ne souriait que rarement… mais quand il le faisait, Noa avait l’impression que le monde entier devenait plus chaud.

Ce matin-là, en entrant dans le bureau avec un rapport, Noa le trouva penché sur une photo encadrée posée sur son bureau. Une photo de famille. Il hésita à parler, puis Aidan leva les yeux.

— C’est mon petit frère. Il est décédé il y a cinq ans.

Noa sentit son cœur se serrer.

— Je suis désolé…

Aidan hocha la tête sans un mot. Un silence s’installa, profond mais pas pesant.

— Vous devez beaucoup lui ressembler, murmura Noa.

Aidan le fixa, et cette fois, son regard était plus doux. Moins distant.

— Il avait ton sourire.

Noa rougit, incapable de répondre.

Mais ce moment fragile fut soudain interrompu par un coup sec à la porte. Un homme entra, vêtu d’un costume trop luxueux, au regard froid.

— Aidan, tu as vu les chiffres du dernier trimestre ? Ils sont inacceptables.

Noa voulut se reculer, se faire discret, mais l’homme le fixa de haut en bas.

— Et c’est quoi ça ? Ton nouveau jouet de compagnie ?

Aidan se leva, froid et tranchant comme une lame.

— Ce "ça" s’appelle Noa. Et si tu veux rester dans mon bureau, tu lui parles avec respect.

L’homme pâlit. Noa, lui, resta figé, son cœur battant à tout rompre.

Quand l’autre homme fut sorti, Aidan se tourna vers lui, calmement.

— Tu n’as pas à supporter ça. Si quelqu’un t’insulte, tu me le dis.

Noa hocha la tête, touché bien plus qu’il ne le montrait.

Il ne savait pas encore ce qu’il ressentait pour Aidan. Mais à ce moment précis, il savait une chose : il se sentait protégé. Pour la première fois depuis longtemps.

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Lio était assis au bord de la fontaine du jardin d’hiver, une boîte de bento sur les genoux. Il était censé déjeuner avec Noa, mais celui-ci avait été retenu. À la place, ce fut Eren Takagi qui apparut.

— Noa est coincé en réunion, dit-il simplement. Il m’a demandé de te tenir compagnie. Tu permets ?

Lio acquiesça, un peu nerveux. Eren s’assit à côté de lui, croisant les jambes.

— Je peux te poser une question ? demanda Lio en piquant dans ses makis.

— Bien sûr.

— Pourquoi tu fais ce métier ? T’as l’air trop sérieux pour juste… porter des dossiers.

Eren esquissa un sourire en coin.

— Parce que j’aime l’ordre. Et aussi parce qu’Aidan est mon ami. Peu de gens le savent, mais… c’est grâce à lui que j’ai pu m’en sortir.

Lio pencha la tête, curieux.

— Tu t’en sortir de quoi ?

— D’un passé compliqué. Trop long à raconter en un déjeuner, dit Eren avec humour.

Lio sourit. Il aimait cette voix calme, cette retenue. Et il aimait encore plus le fait qu’Eren lui parle… comme à un égal.

— Tu veux goûter un onigiri ? Je les ai faits moi-même !