chapitre4:le poids du passé

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Le silence de la terrasse résonnait encore dans l’esprit de Marco lorsqu’il rentra chez lui. La villa, pourtant vaste et luxueuse, lui semblait oppressante cette nuit-là. Il monta à l’étage, délaissant son verre de whisky entamé, ignorant les appels de Sandro.

Il entra dans son bureau privé, verrouilla la porte et s’assit lourdement dans le fauteuil de cuir noir. Une photo trônait sur son bureau : lui, plus jeune, souriant à côté d’un garçon aux cheveux châtains, un adolescent de quinze ans aux grands yeux doux.

— Enzo…

Il effleura l’image du bout des doigts. Son frère. Son trésor. Celui qu’il avait juré de protéger depuis la mort de leurs parents. Mais il avait échoué. Un soir, une fête, une mauvaise rencontre, et Enzo n’était jamais revenu entier.

Marco se souvenait encore du cri, de la voix cassée d’Enzo quand il l’avait retrouvé, en sang, caché dans une ruelle.

— Il m’a marqué, Marco. Il m’a forcé. Il a détruit quelque chose en moi… et maintenant, tu ne me regarderas plus jamais comme avant.

Et c’était vrai. Marco n’avait jamais pu le regarder comme avant. Non pas par honte… mais par culpabilité.

— Je te vengerai, Enzo… murmura-t-il. Même si ça doit me brûler de l’intérieur.

Il serra les poings. C’était pour ça qu’il détestait les Omégas. Pas à cause d’eux en soi. Mais à cause de sa propre impuissance. Et Eden… Eden faisait ressortir cette impuissance d’une manière insupportable.

Et pourtant, au fond de lui, il savait qu’il ne pourrait pas simplement le haïr.

Pas complètement.

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Le lendemain — Bureaux d’Eden Corp

Eden feuilletait un rapport en sirotant un thé au jasmin. Cyrus entra sans frapper, visiblement inquiet.

— Tu fais quoi, là ? demanda-t-il en s’asseyant en face de lui.

— Mon travail.

— Je parle de Marco De Luca. Ce type est instable, Eden. Il pourrait t’arracher la gorge pour une simple parole de travers.

— Et pourtant… il m’a écouté, hier soir.

Cyrus soupira.

— T’as vu la façon dont il te regardait ? On aurait dit qu’il se battait contre un démon intérieur.

— C’est exactement ça. Marco n’est pas un homme mauvais. Il est juste… noyé dans sa propre douleur.

— T’as pas peur de te brûler ?

— Peut-être. Mais tu sais ce que j’ai appris, Cyrus ? Les cœurs les plus froids fondent toujours au contact de la vérité.

Cyrus le fixa avec lassitude.

— Tu ne veux pas juste le séduire, hein ? C’est pas une conquête pour toi ?

Eden secoua la tête.

— Il y a quelque chose de plus profond. Ce regard… ce silence… Ce n’est pas du mépris, c’est un appel à l’aide qu’il refuse de prononcer.

Il se leva et referma le dossier.

— Je vais l’avoir. Pas par la force. Par la patience.

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Deux jours plus tard — Siège De Luca

Eden entra dans le grand bâtiment gris, escorté par deux gardes. Il portait un costume noir élégant, sobre cette fois. Il avait compris que Marco réagissait à l’excès. Il fallait frapper autrement.

La secrétaire de Marco l’annonça à l’interphone. Après une longue pause, la porte s’ouvrit. Eden entra.

Marco était assis derrière son bureau. Il leva à peine les yeux.

— Tu es en avance, dit-il.

— Mieux vaut trop tôt que trop sûr de soi, répondit Eden.

Un léger sourire effleura les lèvres de Marco. Presque imperceptible.

— Assieds-toi.

Eden s’installa sans un mot. Un silence pesant s’installa. Puis Marco parla.

— Pourquoi tu fais ça ?

— Les affaires ?

— Non. Moi. Pourquoi tu insistes ? Pourquoi tu cherches à me faire parler ? Tu veux quoi, au fond ?

Eden le regarda droit dans les yeux.

— La vérité. Et peut-être… te libérer.

Marco éclata d’un rire sans joie.

— Me libérer ? De quoi ? De ma haine ? De mes souvenirs ? De mon frère qui a failli se tuer deux ans après son agression parce qu’il pensait que j’avais honte de lui ?

Eden baissa les yeux.

— Je suis désolé, Marco.

— Garde ta pitié.

— Ce n’est pas de la pitié. C’est de la compréhension. Tu veux savoir pourquoi je ne pars pas ? Parce que je connais la douleur. Pas la même que la tienne, mais j’ai aussi été blessé. Utilisé. Trahi. Et pourtant… j’ai choisi de me relever.

Marco détourna le regard. Les mots d’Eden le heurtaient de plein fouet.

— Je n’ai jamais su comment l’aider, murmura-t-il. Je l’ai enfermé dans un cocon de protection… mais je n’ai jamais su l’écouter. Et maintenant, chaque Oméga que je croise… c’est comme si je revoyais son visage. Brisé. Silencieux.

Eden se leva. Lentement, sans gestes brusques, il s’approcha de Marco. Il ne le toucha pas. Il s’arrêta juste à côté.

— Alors regarde-moi, Marco. Regarde-moi en face. Je ne suis pas ton frère. Je ne suis pas cet Alpha qui l’a détruit. Je suis moi. Eden. Et je suis vivant. Fort. Libre.

Marco leva enfin les yeux. Ils croisèrent ceux d’Eden, et pendant quelques secondes, il n’y eut plus de guerre.

Plus de passé.

Juste deux hommes.

Deux êtres humains.

Et au fond du regard de Marco, une faille s’ouvrit un peu plus.

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Dans un coin reculé de la ville — Même soir

Une silhouette observait l’entrée du siège De Luca depuis une voiture noire. Il portait des lunettes teintées et mâchait lentement un chewing-gum.

— Alors, t’es vivant, toi aussi… Eden Valenti, murmura-t-il.

Il sortit une photo froissée de sa poche. On y voyait Eden adolescent… et un autre Oméga, plus jeune, souriant à ses côtés.

— T’as pas changé.

Il rangea la photo, alluma le moteur et s’éloigna dans la nuit.

Quelqu’un du passé d’Eden était de retour.

Et il ne venait pas avec de bonnes intentions.

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