chapitre3: Une faille dans l'armure

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La soirée battait son plein. Les verres s’entrechoquaient, les rires sonnaient faux, et les alliances se tissaient derrière les sourires feints. Marco traversait la foule avec une maîtrise glaciale. Il connaissait ce terrain de jeu : l’hypocrisie et le pouvoir y régnaient. Mais ce soir, quelque chose clochait. Son regard revenait, malgré lui, vers Eden.

L’Oméga semblait flotter dans ce décor. Trop parfait, trop sûr de lui. Il riait à une blague qu’un ministre corrompu venait de lui souffler à l’oreille, puis ses yeux cherchaient de nouveau ceux de Marco.

Sandro s’approcha de son patron, un verre à la main.

— Tu le regardes encore.

Marco ne répondit pas.

— Tu sais que ça commence à se voir, non ? Même mon cousin, à moitié aveugle, aurait capté.

— La ferme, Sandro.

— Je dis juste… tu n’es pas aussi indifférent que tu veux le croire.

Marco se tourna vers lui, menaçant.

— Tu veux savoir ce que je crois ? Je crois que ce type se joue de moi. Et je vais lui montrer qu’on ne joue pas avec un De Luca.

Il reposa son verre d’un geste sec, puis se dirigea d’un pas ferme vers Eden.

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Eden l’avait vu arriver. Il ne bougea pas, terminant calmement son champagne. Lorsque Marco fut devant lui, il inclina la tête comme un prince saluant un roi.

— Vous êtes venu. J’étais prêt à parier que vous m’éviteriez toute la soirée.

— Je ne t’évite pas. Je t’observe.

— Oh ? Et qu’avez-vous observé ?

— Que tu aimes te faire remarquer. Que tu es arrogant. Et que tu crois pouvoir contrôler la pièce rien qu’avec un sourire.

Eden haussa un sourcil.

— Tout ça dans un seul regard ? Impressionnant. Vous avez manqué votre vocation d’analyste comportemental.

Marco grimaça. Il attrapa Eden par le bras et le tira légèrement à l’écart, vers un petit couloir qui menait à une terrasse.

— Vous avez toujours été aussi direct avec les Omégas ? demanda Eden sans résister.

— Juste avec ceux qui jouent un rôle.

Ils arrivèrent sur la terrasse. Le silence extérieur tranchait avec le bruit du gala. Les lumières de la ville brillaient en contrebas.

Marco relâcha Eden.

— Pourquoi tu es vraiment ici ? demanda-t-il d’une voix basse.

— Tu connais déjà la réponse. Affaires, influence, expansion. Ce n’est pas un mensonge.

— Mais il y a autre chose, pas vrai ? Tu n’es pas comme les autres.

— Et vous non plus, murmura Eden.

Marco le fixa, troublé. Eden se rapprocha d’un pas. Pas trop. Juste assez pour que son parfum s’infiltre à nouveau dans l’air.

— Je sais ce qu’ils disent sur toi, Marco De Luca. Le grand Alpha impitoyable. Le roi sans cœur. Mais je vois autre chose derrière tes yeux. Quelque chose de brisé.

Marco sentit un frisson remonter sa nuque.

— Tu ne sais rien de moi.

— Ton frère. Le drame. Ta haine. Elle n’est pas née sans raison. Elle t’a sauvé un temps… mais elle te dévore désormais.

Le silence s’épaissit.

— Ferme-la, souffla Marco, d’une voix presque tremblante.

Eden le regarda, un peu plus doucement.

— Je ne suis pas là pour te faire du mal, Marco.

— Non. Tu es pire. Tu remues tout ce que j’essaie d’oublier.

Marco fit un pas en arrière. Son cœur battait plus vite, il le sentait. C’était insensé. Cet homme l’agaçait, le provoquait, et pourtant… une part de lui voulait encore l’écouter.

— Tu sais ce que mon frère m’a dit ? murmura-t-il soudain. Quand je l’ai retrouvé, après… après ce que ce monstre lui a fait ?

Eden resta silencieux.

— Il a dit : "Tu ne peux pas me protéger de tout, Marco. Parfois, c’est moi qu’il faut que tu écoutes. Moi qu’il faut que tu regardes."

Un souffle glacial passa entre eux.

— Je n’ai jamais pu le regarder de la même manière après. Ni aucun Oméga.

— Et tu crois que c’est lui que tu punis en me méprisant ? demanda Eden. Tu crois que ça venge sa douleur ?

Marco tourna brusquement les talons, prêt à s’éloigner. Mais la voix d’Eden le retint.

— Tu as le droit d’avoir mal, Marco. Mais tu n’as pas le droit d’enterrer tout le reste sous ta peur.

Marco s’arrêta. Il avait envie de hurler. De frapper. De l’embrasser. Il ne savait plus.

— Tu me rends malade, Eden.

— Et toi, tu es la plus belle contradiction que j’ai jamais vue.

Ils se regardèrent. Longtemps. Aucun mot ne franchit leurs lèvres. Mais dans ce silence chargé, quelque chose était né.

Pas encore de l’amour.

Mais une faille.

Et c’est par là que la lumière commence toujours à entrer.

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A suivre

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