Nihilo 4 : l'homme sans contours

La nuit tomba comme un rideau de plomb. Les lampadaires clignotaient dans le campus désert, et le vent soufflait des murmures que personne n’osait traduire.

Dans leur salle, les cinq — Jellal, Yasmine, Blessing, Natsu et Victor — fixaient le symbole laissé par Louisa. L’infini. Gravé dans le plancher du vieux bâtiment, comme brûlé dans le bois lui-même.

Victor brisa le silence :

— *Le Nihilo est un concept, pas un être. Mais si Louisa dit vrai, alors… il se manifeste. Il prend forme à travers ceux qui perdent leur contour.*

— *Perdre son contour ?* répéta Natsu, confus.

— *Oui. La frontière entre ce qu’on pense être, et ce qu’on est. Si tu ne sais plus ce qui te définit… le Nihilo peut t’absorber.*

Blessing murmura, presque pour elle-même :

— *Et si c’est déjà en train de se produire ? Si Louisa est la preuve ?*

— *Alors il y en a d’autres*, dit Jellal en serrant les poings. *Et on doit les trouver.*

Le lendemain, un nouveau professeur fit son apparition. Grand, maigre, vêtu d’un manteau noir trop long, il n’avait ni nom inscrit sur le registre, ni cours prévu.

Il entra dans la salle de Victor et dit simplement :

— *Je suis là pour... compléter.*

Victor pâlit.

— *Qui… êtes-vous ?*

— *Je suis celui qu’on oublie dès qu’il tourne le dos. Vous pouvez m’appeler... Aucun.*

Le silence fut glacial.

Aucun fixa les étudiants avec des yeux si noirs qu’on y voyait son propre reflet tremblant.

— *J’ai lu vos recherches. Le Nihilo n’est pas une chose. C’est une absence trop grande pour être nommée. Et vous, mes pauvres petits, vous creusez trop profond.*

Jellal se leva, tendu :

— *Vous êtes avec Louisa ?*

— *Louisa… est une bouche qui parle trop. Moi, je suis l’ombre derrière le rideau. Et vous, vous êtes déjà dans le noir.*

Le soir, Victor rassembla les autres.

— *Ce n’est pas un professeur. Je n’ai trouvé aucune trace de lui dans l’administration. Et depuis qu’il est là… les miroirs dans le campus se mettent à fuir.*

— *À fuir ?* demanda Yasmine, sceptique.

— *Oui. Refusent de refléter les visages. Ou montrent d’autres choses. Hier, j’ai vu mon reflet… me sourire alors que je ne bougeais pas.*

Blessing ferma les yeux.

— *Le Nihilo mange nos contours. Nos limites. Nos reflets. Jusqu’à ce qu’on devienne lui.*

Le lendemain, Aucun donna un cours. Salle pleine. Mais personne ne se souvenait du sujet.

Juste une phrase. Grinçante. En boucle.

*"Si vous entendez votre nom dans une pièce vide, ne répondez jamais. Ce n’est pas vous qu’on appelle. C’est vous qu’on appelle à devenir… autre."*

Plus tard, Jellal et Blessing fouillèrent les archives du campus. Ils découvrirent une photo, vieille de 1974.

Un groupe d’étudiants. Tous morts dans un incendie… sauf un. Une silhouette floue, au visage gribouillé par le temps.

Jellal murmura :

— *Il est là. Aucun. Exactement le même manteau.*

Blessing ajouta :

— *Le Nihilo ne vieillit pas. Il observe. Et s’il enseigne… c’est qu’il prépare quelque chose.*

Cette nuit-là, Yasmine entendit une voix dans sa chambre.

Douce. Trop douce.

— *Yasmine… tu dors ?*

Elle ouvrit les yeux.

Personne.

— *Yasmine… je veux te montrer… ce que tu pourrais être sans toi.*

Le miroir de sa chambre s’était couvert de buée. Une silhouette l’observait depuis l’autre côté.

Elle cria. Mais aucun son ne sortit.

Et alors, le reflet de Louisa apparut, derrière elle. Souriante.

— *Chapitre quatre terminé. Les contours s’effacent, Yasmine. Es-tu prête à être... floue ?*

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