La lumière du matin filtrait à travers les feuilles épaisses, découpant des formes dansantes sur le sol recouvert de mousse. Bel était déjà éveillé, assis au bord de la rivière, les pieds dans l’eau fraîche, les mains posées sur ses genoux.
Il aimait ce moment précis : l’instant où la forêt se réveillait doucement.
Les oiseaux lançaient leurs premiers chants, le vent glissait entre les branches, et les lucioles de la nuit disparaissaient une à une, comme si elles rentraient chez elles.
Bel ferma les yeux. Il n’y avait aucun danger ici.
Aucune voix pour lui ordonner, aucun regard pour le juger.
Et pourtant… quelque chose, en lui, murmurait qu’il n’était pas né pour cette paix.
Il leva lentement le bras droit, observant les marques noires qui s’enroulaient autour de sa peau.
Elles n’étaient pas douloureuses. Pas lourdes.
Mais elles étaient là. Toujours.
Silencieuses. Dormantes.
Il avait essayé, plusieurs fois, de comprendre leur sens.
Il avait plongé ses bras dans l’eau, posé ses mains sur les pierres anciennes de la forêt, même parlé aux esprits qui habitaient les vieux troncs.
Mais les sceaux restaient muets.
Et pourtant, il savait, au fond de lui… qu’ils retenaient quelque chose d’immense.
« Vous ne m’appartenez pas… pas encore, » murmura-t-il.
Il regarda son reflet dans l’eau.
Ses cheveux blancs tombaient en mèches légères sur son visage calme.
Ses yeux, clairs comme du cristal, ne portaient aucun souvenir d’enfance.
Juste un vide ancien. Une attente.
Bel n’avait jamais quitté la forêt.
Il n’en connaissait même pas les limites.
À ses yeux, il n’y avait que cette dimension verte, ce ciel changeant, ces animaux sages et doux.
Il n’avait jamais vu de châteaux. Jamais entendu de chants de guerre.
Mais parfois, dans ses rêves, il entendait des voix qu’il ne comprenait pas…
Des voix d’un autre monde.
Il ne savait pas ce qu’était l’amour d’un père.
Mais il se souvenait du regard de sa mère, ou de ce qu’il pensait être sa mère : un visage flou, noyé dans la lumière, avec un sourire plein de paix.
Elle peignait. Toujours. Des fleurs, des visages, des symboles.
Un pinceau à la main, un tatouage lumineux sur le front.
Un anneau flottant.
L’image revenait parfois, entre le sommeil et le réveil.
Et chaque fois, le cœur de Bel se serrait sans savoir pourquoi.
Il posa une main sur sa poitrine.
Quelque chose approchait. Il ne savait pas encore quoi.
Mais le vent, ce matin-là, portait une voix différente.
Une note étrangère, presque brisée.
La forêt, elle aussi, semblait écouter
Bel se leva lentement, la rosée collant à ses pieds nus. Il marcha sans bruit entre les troncs, comme s’il flottait. Un grand cerf s’approcha sans peur, ses bois brillants de lumière dorée. Bel posa doucement sa main sur son museau, et l’animal ferma les yeux.
« Je suis comme vous, » pensa-t-il. « Libre… mais lié à quelque chose d’invisible. »
Il leva les yeux vers le ciel.
Un frisson lui parcourut l’échine.
Un oiseau noir venait de passer.
Un oiseau qu’il n’avait jamais vu ici.
Et dans ses ailes, Bel ressentit une chose qu’il n’avait jamais connue :
le pressentiment.
Mot de l’auteure
Bel ne sait pas qui il est, mais la forêt, elle, le sait.
Ses marques dorment encore…
Mais le silence commence à changer.
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Comments
Awer ✨🩷
Merci ❤️
2025-07-19
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Xia Lily3056
waouh, incroyable!
2025-07-18
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