L'ART DE LA PROVOCATION

Le banquet terminé, Freya ne dormit presque pas, son esprit hanté par le regard d’Igris. Pas parce qu’il l’avait admirée — non, justement parce qu’il ne l’avait _pas_ fait. Elle en avait vu des hommes puissants, fiers, froids. Mais tous finissaient par s’incliner. Tous… sauf lui. Et cela suffisait pour attiser sa volonté.

"Qu’il tombe amoureux de moi. Qu’il ploie comme les autres. Mais avec élégance… et douleur."

Le lendemain, elle arriva au jardin royal à l’aube, officiellement pour "visiter les serres impériales". Officieusement pour croiser Igris, dont on disait qu’il s’entraînait là chaque matin. Comme prévu, elle le vit, seul, épée en main, torse partiellement ouvert sous sa tenue de combat, enchaînant des mouvements précis, presque chorégraphiques. L’homme était un roc vivant, sculpté dans la discipline.

Elle attendit qu’il termine, puis s’avança, thé à la main, sourire en coin. "On dirait un dieu tombé sur le champ de guerre."

Il la regarda, sans même essuyer la sueur sur son front. "On dirait surtout une dame en mal d’attention."

Elle rit doucement, mais ses yeux s’assombrirent. "Toujours aussi charmant… Vous blessez mon cœur."

"Et pourtant, vous revenez."

Elle s’approcha, jusqu’à sentir la chaleur de sa peau. "Parce que vous m’intriguez. On ne rencontre pas souvent un homme qui préfère une épée à mes sourires."

"Peut-être parce que vos sourires ressemblent à des armes."

Le silence tomba, lourd de tension. Légèrement, Freya inclina la tête, un éclat de sincérité perçant enfin son masque. "Vous ne me plaisez pas… parce que vous ne cherchez rien. C’est rare."

"Et vous, vous plaisez à trop de monde… pour comprendre le vide derrière les compliments."

Il rangea son épée, son regard toujours fixé sur elle. "Si vous cherchez un jeu, dame Freya, trouvez un autre pion."

"Je ne cherche pas un pion. Je cherche une victoire."

"Alors vous perdez déjà."

Et il partit, laissant Freya seule, le souffle court. Pas de regard de désir. Pas de trouble. Juste une muraille, froide, infranchissable. Mais Freya Da Costa n’était pas une fille qui abandonnait. Elle appela sa suivante.

"Prépare une lettre. Non, deux. Une pour lui. Une pour mon père. Il va falloir une stratégie. Ce jeu ne fait que commencer."Plus tard dans la journée, Freya fit livrer à Igris un coffret en bois laqué, scellé du blason de sa maison. À l’intérieur, une plume d’aigle royal — rare, précieuse — et un billet finement calligraphié :

*« L’arme est peut-être votre domaine, mais l’élégance reste le mien. Quand vous serez las de l’acier, venez goûter au poison sucré des mots. — F. »*

Elle n’attendait pas une réponse immédiate. Ce n’était pas dans son style. Elle savait planter des graines, laisser les pensées mûrir comme les fruits interdits dans les jardins des dames. Mais à l’intérieur d’elle, un feu nouveau brûlait : une forme d’impatience, de rivalité presque... personnelle.

En soirée, lors d’un dîner plus restreint entre familles proches de la couronne, elle aperçut Igris au fond de la salle. Il n’avait pas touché au coffret, mais l’avait accroché à sa ceinture, comme une provocation inversée. Cela lui arracha un sourire. Il jouait. Lentement, prudemment. Mais il était dans la partie. Et Freya, elle, avait toute une guerre à gagner.

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