DUEL POUR SURVIVRE

Lieu : Zone industrielle – 1h56 restantes.

Les lames s’entrechoquent dans un éclair de lumière neuronale.

Takumi recule sous la pression de Rin, chaque coup résonnant jusque dans ses bras.

Rin est plus rapide, plus expérimenté… et il le sait.

— Tu vas devoir frapper plus fort que ça si tu veux vivre, gamin !

Takumi esquive de justesse une taille horizontale, sa botte glissant sur le gravier humide.

Il tente un contre, mais Rin le bloque d’un simple mouvement de poignet et l’envoie rouler au sol.

[HP : 68%]

Takumi halète, la sueur lui coulant sur le front.

— Pourquoi… pourquoi tu souris ?

— Parce que t’es encore là. Beaucoup de bleus auraient déjà abandonné.

Le compte à rebours descend inexorablement :

01:42… 01:41…

Alors qu’ils se préparent à reprendre l’assaut, un hurlement déchirant retentit.

Derrière un container, une créature massive surgit : un Spectre de niveau 5, silhouette difforme faite de métal rouillé et de chairs noircies.

Le système annonce froidement :

[Menace non prévue détectée]

[Priorité : Élimination de la menace]

Rin et Takumi échangent un regard.

Pas un mot.

En un instant, ils se retrouvent côte à côte, leurs lames frappant la même cible.

Le combat est brutal :

•      Rin distrait la créature en multipliant les attaques rapides.

•      Takumi vise les points faibles, son interface neuronale analysant chaque mouvement.

Finalement, un dernier coup combiné transperce le cœur noir du Spectre.

La bête s’effondre dans un rugissement métallique, se désintégrant en éclats de données.

Takumi tombe à genoux, épuisé.

Rin s’approche… et lève sa lame.

— C’est le moment, gamin. Éliminer ou être éliminé.

Le compte à rebours affiche :

00:15… 00:14…

Takumi serre sa dague. Son cœur bat à tout rompre.

Puis, dans un geste impulsif, il lance son arme au sol.

— Non. Je refuse.

Une alarme retentit.

Des lignes de code rouge envahissent son champ de vision :

[Mission non accomplie]

[Exécution neuronale imminente…]

Takumi ferme les yeux, prêt à mourir…

…mais la douleur n’arrive jamais.

Lorsqu’il les rouvre, Rin est toujours là, son arme plantée dans le sol.

Un sourire étrange éclaire son visage.

— T’es vraiment pas comme les autres, gamin… et je crois que le jeu vient de te remarquer.

Dans l’interface, un nouveau message apparaît :

[Protocole alternatif activé]

[Nouveau statut : Anomalie]

** Le protocole inconnu**

Lieu : Appartement – nuit, pluie battante contre les vitres.

Takumi est assis seul devant son vieux PC, les doigts tremblants.

L’interface neuronale s’active sans qu’il l’ait appelée.

L’écran devient noir… puis une voix inconnue, plus humaine que celle du système habituel, résonne dans sa tête.

— Sujet : Takumi Sato.

— Statut confirmé : Anomalie.

— Raison : Refus d’exécution malgré directive prioritaire.

Une silhouette floue apparaît à l’écran, comme brouillée par un signal crypté.

Elle n’a pas de visage… mais ses yeux rouges fixes semblent le percer à travers l’écran.

— Tu es… différent.

— Le protocole principal ne peut pas te supprimer.

— À partir de maintenant, tes missions ne seront plus celles des autres joueurs.

Takumi se penche en avant, crispé.

— Qu’est-ce que vous voulez dire ?

— Tu seras libre… mais à un prix.

L’interface change, affichant une carte du monde avec des points lumineux clignotants.

— Chaque point est une Anomalie comme toi… ou pire.

— Ta nouvelle mission : localiser et neutraliser ces anomalies avant que le système les efface.

Takumi fronce les sourcils.

— Et si je refuse ?

Un silence pesant. Puis la voix répond, glaciale :

— Alors le système trouvera… une autre façon de te faire obéir.

La connexion se coupe.

Takumi reste seul, le cœur battant, avec l’impression d’avoir été marqué… comme une pièce unique dans un jeu qu’il ne comprend pas encore

** Le calme fragile**

Lieu : Petit appartement au 5ᵉ étage, banlieue de Tokyo.

Takumi pousse doucement la porte, encore marqué par le combat de la journée.

L’odeur familière du miso et du vieux tatami l’accueille.

Dans le salon exigu, Yui est assise par terre, occupée à recoudre un vieil ourson en peluche.

Elle lève la tête en entendant son frère :

— Onii-chan ! dit-elle en souriant, oubliant l’aiguille dans sa main.

— Salut, Yui… répond Takumi, tentant de sourire aussi.

Il passe dans la petite chambre du fond.

Son père, Sato Haru, est allongé sur un futon, une couverture sur lui malgré la chaleur étouffante.

Sa respiration est faible, rythmée par la machine à oxygène.

— T’es rentré tard… murmure Haru d’une voix cassée.

— Oui… j’avais des trucs à régler.

— Fais attention à toi, Takumi. Tu es tout ce qu’il nous reste.

Takumi serre les dents.

Il mentirait s’il disait que tout va bien… mais il sait qu’ils ne comprendraient pas ce qu’est vraiment Neuron Aether.

Yui entre avec un petit plateau de soupe.

— Tiens, j’ai mis plus de tofu, comme t’aimes.

Takumi prend le bol, et l’odeur chaude et réconfortante lui arrache presque des larmes.

Il repense aux yeux rouges sur son écran, à la voix qui lui a dit "À un prix"… et comprend que ce prix, c’est eux.

Il jette un coup d’œil à Yui qui rit doucement, puis à son père qui ferme les yeux pour se reposer.

Dans sa tête, il jure :

Peu importe ce que ce jeu est… je ne les laisserai pas toucher à ma famille.

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