Une présence palpable

Les apparitions de Kuroko continuaient de hanter les matchs et les entraînements de la Génération Miracle. Ce qui n'était au départ qu'une rumeur floue était devenu une constante étrange. Les joueurs avaient fini par accepter cette silhouette silencieuse comme une composante... inclassable de leur quotidien. Une anomalie. Une présence sans explication.

Mais ils n'avaient toujours pas compris qui il était.

Ni ce qu'il faisait là.

Un jour, lors d'un entraînement à huis clos, alors que le gymnase était baigné de lumière artificielle et que les murs renvoyaient l'écho des rebonds de ballon, il réapparut.

Plus clairement que jamais.

Il était là, au centre du terrain. Petit, mince.

Des cheveux bleu pâle, presque de la même teinte qu'un ciel sans nuages sous la lumière.

Des yeux clairs, profonds, lumineux d'une intensité étrange.

Son uniforme était celui de Teikō... mais légèrement délavé, comme usé par le temps.

Kise fut le premier à le remarquer. Il s'arrêta en pleine course, fixant la silhouette comme s'il la voyait vraiment pour la première fois.

Puis le ballon roula à quelques mètres. Kuroko tendit la main.

Et le ballon... changea de trajectoire.

Il ne l'avait pas saisi. Il ne l'avait pas frappé.

Il avait à peine effleuré sa surface, et pourtant, le ballon avait réagi.

Midorima, qui s'apprêtait à tirer, s'arrêta à son tour.

— Je l'ai vu... murmura-t-il. Il a touché le ballon.

Aomine fronça les sourcils, s'approchant avec prudence. Il observa Kuroko faire rebondir la balle au sol avec une lenteur presque cérémonielle.

— C'est impossible. Il... il ne devrait pas pouvoir.

Tous se figèrent lorsque Akashi prit la parole, le regard fixé sur Kuroko.

— Il ne fait que ça. Il ne touche que le ballon. C'est comme s'il... existe à travers lui.

Ils le virent tenter de toucher autre chose: une chaise, un cône de signalisation, un mur.

Et à chaque fois, sa main passait à travers, sans rencontrer la moindre résistance.

Mais le ballon... le ballon réagissait.

Et plus étrange encore, lorsqu'il s'approchait d'eux – des membres de la Génération Miracle uniquement – il semblait capable de les effleurer, juste un instant. Un frisson, une impression fugace de contact, comme si un courant d'air avait pris forme humaine.

— Je... je crois que je l'ai senti, murmura Kise, en se frottant le bras.

— Moi aussi, souffla Aomine, visiblement troublé. Pas comme un choc. Plutôt comme... un souvenir.

Un silence pesant tomba sur le groupe.

Kuroko les observait. Il ne souriait pas. Il n'avait pas l'air triste non plus. Juste... présent.

Midorima, les yeux rivés sur lui, murmura:

— Il est lié à nous. Ce n'est pas une hallucination collective. Ce n'est pas une illusion. Il nous voit. Il nous connaît.

— Alors pourquoi on ne se souvient pas de lui? demanda Kise, inquiet.

— Peut-être que ce n'est pas nous qui l'avons oublié, dit Akashi lentement.

— Peut-être que c'est le monde qui a décidé d'oublier.

Le ballon roula de nouveau jusqu'à Kuroko. Il posa les deux mains dessus et le fit tourner sur ses doigts, comme un joueur chevronné.

Puis il leva les yeux vers eux.

Son regard n'exprimait rien. Et pourtant, ils se sentirent tous fixés au sol.

Comme s'ils venaient d'être reconnus par quelque chose... d'autre.

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