Chapitre 3

Jay

Je regardais la porte de la salle de classe, comme si elle allait s'ouvrir à tout moment.

J'avais l'impression que quelque chose n'allait pas. Ce matin, elle ne m'avait pas envoyé son sourire habituel, ni même un petit signe. Rien.

Je n'avais pas vu Mia depuis hier, et une étrange sensation d'inquiétude m'envahissait.

Mia, la fille nouvelle, la mystérieuse fille que je n'arrivais pas à comprendre, m'avait bien plus marqué que je ne l'admettais.

Il y avait quelque chose chez elle, quelque chose que je ne pouvais ni nommer ni appréhender. C'était comme si elle était là et en même temps... pas tout à fait présente. Comme un fantôme qui se glisse dans le monde, sans vraiment faire de bruit.

Aujourd'hui, elle ne s'était pas assise à sa place. Pas un seul regard vers moi.

Je m'étonnai moi-même à la chercher dans la salle, tout en essayant de rester concentré sur ce que disait le professeur. Mais ma concentration m'échappait. Et chaque seconde passée sans la voir ne faisait qu'alimenter une sensation de vide dans ma poitrine.

Je me surpris à repenser à notre dernier échange, le projet d'art, notre complicité tranquille, presque trop naturelle. Elle avait accepté de venir à mon entraînement, sans vraiment savoir ce qu'elle risquait d'affronter - une bande de mecs bruyants et un coach qui déteste tout ce qui n'est pas basket. Mais elle avait souri, et j'avais senti qu'elle se détendait. Un peu. Juste assez pour qu'on ait l'impression que tout était simple.

Je voulais la revoir. Je voulais juste comprendre pourquoi elle m'échappait, pourquoi elle restait si distante et, en même temps, si présente dans ma tête.

À la fin des cours, je traînai un peu dans les couloirs, espérant peut-être la croiser avant de partir. Mais pas de Mia.

Rien.

Elle n'était pas là, et je me sentais bizarrement inquiet. Un de mes amis me fit une remarque sur l'entraînement de ce soir, mais je n'étais pas vraiment là.

Mon esprit était ailleurs, avec elle.

J'étais dans la cour, un peu à l'écart des autres, quand j'entendis quelqu'un m'appeler par derrière.

- Jay !

C'était Max, un des gars de l'équipe de basket.

Je me retournai, trop brusquement. Il me regardait, l'air sérieux.

- T'as vu Mia ? Tu sais où elle est ?

Mon cœur fit un bond dans ma poitrine.

- Non, pourquoi ?

Max haussait les épaules.

- Bah, elle n'est pas venue en cours, et je l'ai pas vue à la pause déjeuner non plus... c'est pas son genre.

Je le dévisageai, sentant une légère panique m'envahir. Mia n'était pas absente, elle était simplement... disparue

Ce n'était pas comme elle. Elle avait toujours été là, même si elle restait en retrait, même si elle ne parlait pas beaucoup. Mais aujourd'hui... rien.

- Tu crois qu'elle va bien ? ajouta Max, un peu inquiet.

Je n'avais pas de réponse.

Je n'en savais rien.

Je ne savais même pas pourquoi ça m'angoissait autant.

Max me lança un dernier regard avant de partir en direction du terrain de basket, me laissant seul avec mes pensées.

La journée passa, mais elle se traîna. Le temps s'étira interminablement, comme si l'univers voulait m'obliger à penser à Mia. J'avais l'impression de ne pas pouvoir respirer sans me demander si elle allait bien. Et pourtant, je n'avais pas le droit de lui demander, n'est-ce pas ?

Elle n'était pas du genre à se confier. Elle m'avait montré assez de fois qu'elle préférait se cacher derrière des sourires ou des silences gênés.

Je savais qu'elle ne voulait pas de la pitié.

Et pourtant, je ne pouvais pas m'empêcher de me demander si quelque chose de plus profond, de plus sombre se cachait derrière ses yeux. Ses silences avaient l'air trop lourds, trop secrets.

Le soir arriva, et je me dirigeai vers le terrain pour l'entraînement. Mais encore une fois, quelque chose me bloquait. Elle n'était pas là, bien sûr. Et chaque panier que je marquais semblait moins brillant, chaque passe moins excitante. Il me manquait quelque chose, quelqu'un.

L'entraînement se termina plus tôt que d'habitude, et j'avais l'impression de n'avoir rien accompli. Comme si mon esprit n'avait pas réussi à se concentrer.

Je passai près du hall, espérant encore une fois la croiser, mais rien. Toujours rien.

Je fis un détour par la bibliothèque, juste au cas où. Peut-être qu'elle y était, plongée dans un livre, comme d'habitude, avec sa tranquillité apparente. Mais la bibliothèque était vide, à l'exception de quelques élèves absorbés par leurs révisions.

Je n'avais jamais été aussi agité.

Je rentrai chez moi sans même vraiment y penser, mes pensées tournant en rond.

Pourquoi Mia ne venait-elle pas ? Où était-elle ?

J'avais beau chercher des réponses, aucune n'était satisfaisante. Mon estomac était noué, une nervosité étrange me tordait l'esprit. Tout ce que je voulais, c'était lui parler, lui demander si tout allait bien.

Mais je savais que ça n'allait pas, pas vraiment.

Il y avait quelque chose dans l'air, quelque chose que je n'arrivais pas à saisir.

Je me retrouvai sur mon lit, le regard perdu dans le vide, pensant à elle.

Elle m'échappait. Et plus je pensais à elle, plus cela me hantait.

Et là, tout d'un coup, je me rendis compte de quelque chose.

Je m'inquiétais. Pour elle.

Et ça me terrifiait.

-------

Une semaine.

Sept jours.

C'était le temps qu'il m'a fallu pour me rendre compte que je n'avais pas arrêté de penser à elle, que ses silences avaient laissé un vide. Que son absence avait bouleversé quelque chose en moi que je ne comprenais pas encore.

Je l'avais cherchée partout, de manière presque désespérée. Mais aujourd'hui, après une semaine d'incertitude, je ne pouvais plus l'ignorer : Mia était absente, et j'avais l'impression qu'un gros morceau de ma journée était manquant. Ce n'était pas juste qu'elle ne soit pas là pour parler de projets ou pour échanger des sourires timides. Non, c'était plus. Beaucoup plus.

Ce matin-là, je me levai plus tôt que d'habitude, espérant enfin la voir, espérant qu'elle revienne, qu'elle soit là, comme avant.

Mais la sonnerie retentit, et le portail de l'école se referma sur mes doutes.

Je n'avais pas eu de nouvelles de Mia, ni de ses amis, personne ne m'avait parlé d'elle. Il y avait cette lourde sensation que quelque chose n'allait pas, mais je n'osais pas poser de questions. Je n'avais aucune idée de ce qui se passait avec elle, et c'était peut-être mieux ainsi, non ?

Alors je passai la journée à me concentrer sur autre chose. Enfin, j'essayai.

L'après-midi, alors que je me dirigeais vers la salle de sport, un bruit de pas me fit me retourner.

Et là, je la vis.

Mia.

Elle se tenait dans l'embrasure de la porte, à quelques pas de moi, l'air un peu perdu. Elle semblait plus fragile que d'habitude, ses yeux étaient marqués par quelque chose que je ne pouvais pas définir. Mais, bizarrement, elle souriait. Ce sourire qui, d'habitude, cachait des secrets, mais qui, cette fois-ci, semblait sincère.

Je m'arrêtai net, les mots restèrent coincés dans ma gorge.

- Mia ?

Je n'arrivais même pas à cacher ma surprise, mon soulagement et, surtout, l'inquiétude qui me serrait la poitrine. Une semaine. Une semaine sans un mot, sans un signe de vie, et voilà qu'elle réapparaissait comme si de rien n'était.

Elle baissa les yeux un instant, comme si elle cherchait ses mots. Puis elle releva la tête et s'avança lentement vers moi.

- Désolée... je... je suis revenue, enfin.

J'eus du mal à la croire. Sa voix était douce, calme, mais il y avait quelque chose d'étrange dans son ton, quelque chose que je n'avais jamais remarqué chez elle auparavant. Ce n'était pas de la tristesse, mais une sorte de sérénité lointaine, comme si elle avait traversé quelque chose qu'elle ne voulait pas partager.

Je lui lançai un regard attentif.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi tu ne m'as rien dit ?

Elle sembla hésiter, puis elle secoua la tête doucement, comme si le sujet était trop délicat. Elle s'éloigna un peu et se posa contre le mur, observant les autres élèves qui passaient, indifférents à notre conversation.

- J'avais besoin de temps... de me ressourcer.

Je n'étais pas sûr d'avoir bien compris, mais quelque chose dans son regard m'indiquait qu'il n'était pas question de simplement "se ressourcer". Il y avait plus. Elle se rendait bien compte de l'effet que son absence avait eu, mais elle n'avait pas l'air prête à expliquer quoi que ce soit.

- Tu vas bien ? demandai-je, ne pouvant m'empêcher de la scruter davantage.

Elle hésita un instant avant de répondre, et ce moment d'incertitude ne fit qu'aggraver mes inquiétudes.

- Oui... je vais bien. Ne t'inquiète pas.

Ce "ne t'inquiète pas" sonnait faux. Je ne pouvais pas m'empêcher de me demander ce qui se cachait derrière ses mots.

Pourquoi cette distance soudaine ? Pourquoi revenir après une semaine sans un mot, sans une explication ?

Je m'approchai d'elle, peut-être un peu trop brusquement, mais l'angoisse avait pris le dessus.

- Mia... je sais que ça ne te ressemble pas, de disparaître comme ça sans rien dire. Et je...

Je m'arrêtai, réalisant que mes paroles pouvaient paraître envahissantes. Elle se tourna vers moi, les yeux brillants d'une lueur que je ne lui connaissais pas. Elle resta là, figée, avant de finalement répondre.

- Jay, j'ai... j'ai traversé des moments difficiles. Mais je suis là. Maintenant.

Son sourire était revenu, mais il n'atteignait pas ses yeux. Il y avait quelque chose d'effrayant dans ce calme, comme si elle portait une lourde charge et que tout, en elle, s'efforçait de cacher cette vérité.

Je restai là, sans savoir quoi dire. L'angoisse et l'inquiétude tourbillonnaient dans ma tête. Une semaine.

Je l'avais laissée partir sans comprendre pourquoi elle était partie. Et maintenant qu'elle était là, devant moi, je savais que je n'étais pas prêt à entendre ce qu'elle pourrait dire. Pourtant, quelque chose me disait qu'elle n'avait pas encore tout partagé.

Elle me fixa, avant de se détourner doucement.

- Je dois y aller, Jay. On se voit demain ?

Elle s'éloigna, et je restai là, figé, incapable de faire un mouvement.

La voir partir ainsi, sans avoir répondu à mes questions, me laissa un goût amer dans la bouche.

Elle ne m'avait rien dit. Elle n'avait rien expliqué. Mais son absence... son absence m'avait trop perturbé. Et je savais, au fond de moi, que la vérité ne tarderait pas à éclater.

Mais pour l'instant, elle restait dans l'ombre, comme toujours.

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