FRISSONS ,FRAPPES ET FREESTYLES

Amelia n’avait dormi que trois heures.

Trois misérables heures où ses rêves avaient été peuplés de sons bizarres, de gens masqués qui lui parlaient en rythme, et d’un chat violet qui scratchait des vinyles en disant : “Écoute le battement, pas la peur.”

Quand elle se réveilla, le soleil était haut, son casque vibrait légèrement sur son bureau, et son estomac grognait comme un vieux beatbox cassé.

— j’suis censée sauver le monde ou juste trouver des œufs pour l’omelette ?, grogna-t-elle en se levant.

Mais dehors, le monde ne l’attendait pas pour bruncher.

8h47 – Devant le lycée Kaymara

Amelia marchait vite, hoodie relevé, casque vissé, regard en mode *“j’suis dans mon clip”*. Mais tout le monde la regardait bizarrement. Pas parce qu’elle était en retard. Pas parce qu’elle avait oublié de mettre son badge. Non. C’était à cause de ce qui tournait sur les réseaux.

: Vidéo floue d’un tunnel, d’un grésillement sonore, d’une lumière violette… et d’Amelia qui marmonne “Je suis prête.”

Quelqu’un avait filmé. Quelqu’un avait posté. Et maintenant ? Elle était “La Fille du Flow”sur TikWizz. 89K vues. 14K partages. Et un remix trap déjà en ligne.

— Mais j’ai rien signé, moi ! s’étrangla-t-elle en arrivant.

Et comme si ce n’était pas assez, Tya*, la star du lycée, influenceuse locale et peste certifiée, l’attendait devant les casiers, bras croisés, sourire en coin.

— Tiens tiens… la prêtresse du beat silencieux, ricana-t-elle. Tu veux qu’on t’ouvre un studio ou t’as juste buggué dans le tunnel ?

Amelia tenta de l’ignorer.

— Sérieux ? Le Flow Libre ? C’est quoi la prochaine étape ? Tu vas contrôler la météo avec une flûte ?

— En tout cas, si tu veux vraiment devenir une “élue du son”, va falloir apprendre à pas te ridiculiser… genre maintenant.

Elle claqua des doigts.

Un haut-parleur caché cracha un beat électro.

Et derrière elle, *son crew* apparut. Des danseurs. Des rappeurs. Un mec en roller qui faisait des figures pour rien.

— Battle ? lança Tya. T’as ton casque, j’ai ma scène. On voit si t’es Flow ou juste Flop.

9h03 – Cour du lycée transformée en arène improvisée*

Les élèves formaient un cercle. Caméras prêtes. Cris en arrière-plan.

Tya fit signe à son beatmaker. Le son démarra.

Elle lança son flow. Précis, rapide, arrogant.

Les mots claquaient, son corps suivait, la foule criait.

Puis elle s’arrêta.

Fixa Amelia.

— À toi, Flow Girl. Vas-y. Fait vibrer l’air.

Amelia s’avança, casque sur les oreilles.

Elle n’avait pas de beat. Pas de crew. Juste le silence. Et… lui.

Le Flow Libre.

Elle ferma les yeux.

Le casque vibra.

Une fréquence grave monta.

Puis une autre.

Et soudain — *BOOM* — une boucle sonore jaillit d’elle, comme un écho cosmique.

Ses pieds bougèrent.

Ses bras aussi.

Son corps suivait le flow, mais ce n’était pas elle qui dansait.

C’était le Flow qui l’habitait.

La foule se tut.

Les rires fusèrent. Trop. Fort.

Amelia respira, serra les dents. Elle n’allait pas exploser. Pas ici. Pas maintenant. Pas à cause de Tya.

Mais Tya poussa plus loin.

Le beat changeait, se transformait en live, en suivant ses gestes.

Elle ne rappait pas. Elle parlait avec le rythme.

Chaque mot tombait comme une frappe de lumière.

— J’suis pas venue pour briller, j’suis venue pour résonner.

T’es peut-être connue ici, moi j’viens du passé.

Mon flow, il est libre, il casse les règles.

Et ton crew ? Il suit, pendant que moi, je lève l’aigle.

La foule hurla.

Tya recula d’un pas. Un craquement s’échappa de l’enceinte.

Puis une chose étrange se produisit.

Le sol vibra légèrement.

Les lumières grésillèrent.

Et pendant une demi-seconde, le casque d’Amelia projeta une lueur violette autour d’elle. Comme une onde de force. Une décharge harmonique.

Tout le monde recula.

— C’est… c’est quoi ça ?!* cria quelqu’un.

Tya se figea, pour une fois sans répartie.

Amelia retira son casque.

Regarda autour d’elle.

— C’est ça… le Flow Libre.

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