Chapitre 4: Premier contact

La musique pulsait dans le studio comme un battement de cœur. Les basses faisaient vibrer le sol sous les pieds d’Eline, mais ce n’était pas la chorégraphie qui la faisait trembler. C’était son regard. Celui de Naël. Toujours aussi précis, toujours aussi brûlant.

Elle ne l’avait pas vu entrer. Pourtant, elle avait senti sa présence avant même de croiser son regard. Comme un courant d’air chaud dans une pièce trop froide.

— Encore une fois, lança le chorégraphe, sans hausser la voix.

Eline reprit sa position, le souffle court. Le reste du groupe suivit, mais elle savait qu’ils n’étaient plus que deux dans cette pièce. Elle et Naël. L’intensité entre eux était devenue une danse parallèle, invisible aux autres, mais qui guidait chacun de leurs gestes.

Le morceau démarra, plus lent cette fois. Presque sensuel. Le genre de rythme qui glissait sous la peau, qui faisait parler le corps plus que les mots.

Eline se laissa aller. Elle oublia ses doutes, ses maladresses, ses hésitations. Elle n’était plus la fille timide qu’on avait recrutée de justesse. À cet instant, elle était une autre. Plus audacieuse. Plus dangereuse.

À la fin de la séquence, alors que tout le monde reprenait son souffle, Naël s’approcha. Trop près. Il sentait le danger, et pourtant, elle ne bougea pas.

— Tu danses comme si tu voulais fuir, dit-il à voix basse, juste pour elle.

— Peut-être que je danse pour ne pas brûler, répliqua-t-elle, le regard planté dans le sien.

Un silence chargé d’électricité s’installa. Il esquissa un sourire. Un de ceux qui désarment. Qui font perdre le contrôle.

— Alors brûle, Eline.

Elle sentit son cœur rater un battement. Il prononçait son prénom comme une promesse. Comme un défi. Et elle ne savait pas encore si elle était prête à y répondre.

— Vous deux, dit soudain le chorégraphe. Restez après la répétition. J’ai une idée pour le prochain duo.

Un frisson parcourut l’échine d’Eline. Un duo avec Naël ? Elle aurait dû se réjouir. C’était une opportunité rare. Mais au fond d’elle, quelque chose murmurait qu’il y avait un prix à payer.

Quand la répétition prit fin, les autres quittèrent la salle en plaisantant, transpirants mais légers. Elle, elle resta. Lui aussi.

— T’as déjà fait un vrai duo ? demanda Naël, en s’approchant d’elle alors que les lumières baissaient légèrement.

— Pas vraiment, admit-elle. Pas comme ça.

Il tendit la main vers elle, sans un mot. Elle hésita. Puis la prit.

— Alors suis-moi. Et ne pense à rien d’autre que ça.

Il posa sa main sur sa taille, l’autre guidant la sienne. Leurs corps n’étaient plus séparés que par un souffle. Le silence du studio était presque plus assourdissant que la musique. Chaque geste était précis. Contrôlé. Mais chaque contact était une décharge.

Les pas s’enchaînaient, et Eline s’abandonnait. Elle ne contrôlait plus rien. Ni son cœur, ni ses pensées. Il n’y avait que lui. Et cette étrange alchimie qui les consumait doucement.

Quand ils s’arrêtèrent, il ne lâcha pas sa main tout de suite.

— Tu ressens ça, toi aussi… hein ? murmura-t-il.

Elle ne répondit pas. Parce qu’elle ne savait pas si elle avait le droit de ressentir ça. Si c’était juste une illusion de la danse, ou quelque chose de plus dangereux.

Mais au fond d’elle, une certitude s’installait : ce n’était que le début.

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