Le taxi s’arrêta et je descendis. Le chauffeur fit de même, ouvrit le coffre et en sortit ma valise. Je la récupérai, le remerciai d’un signe de tête et réglai la course. Puis il remonta aussitôt dans sa voiture et s’éloigna, me laissant seul face à cette maison que j’avais quittée il y a dix ans.
Un frisson me parcourut l’échine. Revenir ici laissait un goût amer sur ma langue. Mais c’était inévitable. J’avais tenu ma promesse : j’avais terminé mes études, comme mon très cher père l’avait exigé. Il était donc logique que je revienne.
Mais aujourd’hui, je ne reviens pas en fils modèle. Je reviens pour assouvir ma soif de vengeance.
Je sonnai. Un jeune homme vint m’ouvrir, probablement le nouveau gardien. Rien à voir avec le vieux Carlos qui m’avait vu grandir.
Il me dévisagea avec hésitation, puis finit par ouvrir le portail. Je traversai l’allée bordée de buissons taillés au millimètre, puis gravis les marches du perron. Je sonnai à la porte principale. Une domestique m’ouvrit. Elle me fixa, intriguée, ne sachant visiblement pas qui j’étais.
Génial. Isadora avait donc refait tout le personnel. 😒
Avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, une voix féminine s’éleva à l’intérieur de la maison.
Isadora
Olga, qui est-ce ?
Olga
Un jeune homme, Madame, je ne le connais pas.
La porte s’ouvrit en grand. Et je la vis. Isadora. Ma belle-mère.
Toujours aussi impeccable. Toujours aussi glaciale. Et, il fallait l’admettre, toujours aussi belle.
Ses yeux s’écarquillèrent lorsqu’elle me reconnut.
Isadora
Ni… Nick ?
Je souris avec un calme qui ne reflétait en rien la rage qui bouillonnait en moi.
Nick
Bonjour, belle-maman. Contente de me revoir ?
Elle resta figée quelques secondes, la bouche entrouverte, incapable de répondre. J’avais prévenu mon père de mon retour, mais sans préciser le jour. Histoire de faire une petite surprise. Et visiblement, ça marchait à merveille.
Isadora
Entre.
Je fis un pas dans le hall, et la domestique prit ma valise.
Isadora
Olga, voici Nick… le fils de mon mari.
Olga
Bienvenue, monsieur.
Isadora
Emmène sa valise dans la chambre au bout du couloir à gauche.
Olga acquiesça puis quitta la pièce, nous laissant seuls, Isadora et moi.
Isadora
Alors, tu as fait bon voyage ?
Nick
Oui, un peu long… mais agréable.
Je la scrutai de haut en bas, sans me gêner.
Nick
Et toi, tu n’as pas changé. Toujours aussi ravissante. On dirait bien que la fortune de mon père te va à merveille, Isadora.
Elle me jeta un regard noir, mais se retint de répliquer.
Isadora
Ton père est au bureau. Je vais l’appeler pour l’informer que tu es rentré.
Nick
Non, ce n’est pas la peine. J’aimerais lui faire la surprise ce soir, quand il rentrera. Ce sera bien plus marrant, tu ne trouves pas ?
Elle haussa les épaules.
Isadora
Comme tu veux.
Isadora
Je vais te laisser, tu dois être fatigué.
Nick
Ouais. Je vais monter.
Elle tourna les talons mais je l’interpellai.
Nick
Attends.
Elle se retourna, méfiante. Je m’approchai, puis la pris dans mes bras. Son corps se tendit sous la surprise. Un sourire se dessina sur mes lèvres, savourant son malaise.
Lorsque je me détachai d’elle, ses yeux étaient aussi ronds que des billes.
Nick
Tu m’as manqué.
Elle resta figée, incapable du moindre geste. Puis, sans un mot de plus, je gravis les marches menant à ma chambre.
Ce n’était que le début.
Elle ne savait pas encore ce qui l’attendait. Ce que je préparais allait les réduire en miettes, elle… et mon père. Ce qu’ils nous avaient fait à ma mère et moi, ils allaient le payer. Très cher.
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