Chapitre 3

Lenny n’avait pas mis les pieds dehors depuis plus d’une semaine, et cette situation n’inquiétait pas seulement sa sœur, Éliane, mais la rongeait. Elle venait lui rendre visite de temps à autre, lui apportant des repas faits maison et remplissant un réfrigérateur qui devenait rapidement désespérément vide. La situation était bouleversante, mais au moins, Lenny continuait à manger. Tout ce qu'Éliane lui apportait, il le dévorait sans sourciller, comme si c'était une bouée de sauvetage dans sa dérive émotionnelle. Ce n'était pas le genre d'homme à se laisser aller à la privation ; il avait toujours eu un bon appétit, une caractéristique que sa sœur connaissait bien. Pour Lenny, la nourriture était plus qu’un simple moyen de subsistance : c’était un réconfort tangible, une manière de retrouver un semblant de normalité au milieu du chaos qui l'entourait.

Pourtant, ce qui inquiétait le plus Éliane, c'était qu'après le départ de son beau-frère, Lenny semblait se résigner à une vie de routine morne, se confinant entre le lit et le canapé. Elle n'était même pas certaine qu'il prenne le temps de se laver. L’homme n'était plus que l'ombre de lui-même.

Les jours qui passaient ne faisaient qu'accentuer cette impression de désespoir. Chaque visite d'Éliane la laissait avec un goût amer, un mélange de compassion et d'impuissance face à la déliquescence de son frère. Elle le trouvait là, affalé sur son canapé, avec des cernes sous les yeux qui témoignaient d'un sommeil agité, ou peut-être même d'une absence totale de sommeil. Le regard éteint, il semblait perdu dans ses pensées, comme s'il avait pris la décision inconsciente de se couper du monde.

Éliane se sentait tiraillée entre l'envie de le secouer et celle de lui laisser l'espace de guérir à son rythme. Mais comment rester sans rien faire alors que son frère s'enfonçait lentement dans ce gouffre ?

Deux semaines plus tôt, si l’on avait dit à Lenny et à son imbécile de partenaire que leur relation allait se fissurer de la sorte, ils n'auraient jamais pu y croire. Enfin, Lenny n'y aurait jamais pu croire. Cela semblait être un mensonge tant ils paraissaient heureux à ce moment-là. Mais Ron avait tout gâché.

L’homme avait refusé de quitter leur appartement lorsque Lenny lui avait demandé de partir. Il lui avait promis qu'il ne trahirait plus ses sentiments, qu'il serait fidèle... mais rien de tout cela n’avait trouvé écho dans le cœur de Lenny. Ce dernier ne lui répondait même plus, car le son de sa voix lui était devenu insupportable. Il avait appris à détester ce qu'il avait autrefois aimé et ne pouvait s'empêcher de ressentir un profond dégoût pour celui qui avait trahi leur amour, c'est-à-dire Ron.

Pendant trois jours, l’atmosphère était glaciale. Lenny ne prononçait pas un mot, s'enfermant dans un silence pesant. Ron, de son côté, se débattait avec sa culpabilité, tentant de se racheter à travers des gestes qu'il savait futiles. Il cuisinait pour Lenny, mais les plats restaient intacts, négligés sur la table. Lenny ne touchait pas à sa nourriture, refusant même de croiser son regard. Chaque jour, Ron sentait son cœur se briser un peu plus.

Le troisième jour, l’angoisse atteignit son paroxysme. Ron se sentait pris au piège, rongé par le remords. Il réalisa que si c’était cela qu'il fallait faire pour sauver ce qui restait de leur relation—une pause, comme Lenny l’avait suggéré—alors il était prêt à l’accepter. Alors ce matin-là, le cœur lourd, il décida de partir, espérant que ce temps loin de Lenny pourrait, quelque part, leur redonner une chance.

Lenny entendit Ron l'appeler une dernière fois, la voix faible emprisonnée derrière la porte de leur chambre. Recroquevillé sur son lit, il aurait voulu le retenir lorsqu’il avait annoncé son départ, mais quelque chose l'en empêcha : il resta alors figé, incapable de faire le moindre geste. Puis, un mouvement attira son regard : une lettre glissée sous la porte. Il hésita un instant avant d’aller ouvrir ; et alors que le bruit de la porte principale claquait dans son dos, il réalisa soudain que Ron était...

Lenny se leva d'un coup et sortit en trombe, scrutant chaque recoin dans l'espoir de croiser Ron une dernière fois, mais ne trouva que le silence. L'appartement était vide. Son cœur se serra à cette pensée : Ron était parti, son homme était vraiment parti. Tel un naufragé perdu sur une île déserte, il s'effondra au sol, et les larmes jaillirent de ses yeux. Éliane, sa sœur, entra dans la maison à ce moment-là et assista impuissante à cette scène déchirante.

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