Chapitre 5: La Réunion

La nuit précédant la réunion, l’air était chargé d’une tension palpable. Dans ma chambre, les ombres dansaient sous la lumière vacillante de la lampe. Chaque coin de ce sanctuaire qui avait autrefois été un lieu de refuge m’apparaissait désormais comme une scène de crime. Chaque détail me rappelait mes erreurs passées, mes choix désastreux.

Le miroir au-dessus de ma commode me renvoyait une image de moi-même que je ne reconnaissais pas. Mon reflet était celui d’un homme déterminé, mais au fond de mes yeux, une lueur de doute persistait. Avais-je vraiment changé ? Serais-je capable de déjouer les plans d’Aliana cette fois-ci ?

Je vérifiais ma chemise et ma cravate dans le miroir. Chaque geste était calculé. Pas de faux pas. Pas de faiblesse. J’étais prêt à affronter le serpent qui m’avait mordu jadis.

Les préparatifs du dîner se déroulaient en bas, et l’odeur des plats cuisinés flottait dans l’air, me rappelant la chaleur des repas familiaux que j’avais tant négligés. Mais ce soir, tout était différent. Le poids de mon passé et la peur de l’avenir pesaient sur mes épaules.

Je descends les escaliers, le cœur battant la chamade. Dans le hall, je croise plusieurs domestiques, leur murmure s’interrompant lorsque je passe, leurs regards curieux scrutant mon visage. Je m’efforce d’adopter une attitude confiante, mais l’anxiété rongeait mes entrailles.

Dans la salle à manger, la table était magnifiquement dressée, les chandeliers scintillants comme des étoiles dans la nuit. Mes parents étaient déjà là, le regard concentré sur leurs assiettes, visiblement préoccupés par les affaires de la journée. Livia et Gabriel étaient assis à l’autre bout de la table, leur bêtise habituelle flottant dans l’air.

Je prends place, essayant de me fondre dans cette ambiance familière.

— Elton, tu es enfin là ! s’exclame Gabriel, un sourire moqueur sur le visage. Tu es tellement pris par tes affaires que tu en oublies ta propre famille ?

Je lui lance un regard glacé, mais il continue, sûr de lui.

— J’espère que tu es prêt pour ta grande rencontre. Aliana Hegel doit être impatiente de te voir.

Les mots de mon frère tombent comme des boulets de canon, frappant au cœur de mes angoisses.

Aliana. Je l’avais oubliée, mais elle était là, ancrée dans ma réalité.

Martha, la cuisinière, entre dans la salle, interrompant mes pensées. Elle apporte un plat fumant, mais son visage est marqué par une inquiétude sous-jacente. Des rides de préoccupation plissent son front, et je remarque qu’elle se mordille les lèvres, signe d’un stress inhabituel.

— Tout va bien, Martha ? lui demande ma mère, levant les yeux de son assiette.

— Oui, madame, mais… je ne peux m’empêcher de m’inquiéter pour vous tous avec cette réunion.

Un frisson d’inquiétude traverse la pièce. Je scrute le visage de Martha, et je me souviens des moments où elle avait pris soin de moi enfant, me nourrissant et me protégeant des tempêtes émotionnelles qui balayaient ma vie. Elle avait toujours été une figure maternelle, une présence rassurante dans cette maison.

— Pourquoi t’inquiètes-tu tant ? interroge mon père, un sourcil haussé, le ton un peu brusque.

Martha hésite, son regard s’échappant vers la fenêtre, comme si elle espérait y trouver une réponse.

— C’est juste… la famille Hegel a une réputation, et je crains que cela ne vous cause des ennuis.

Sa voix tremble légèrement, et je vois qu’elle essaie de se reprendre. Martha a toujours été loyale, mais son instinct protecteur est palpable. Elle sait que les Hegel ne sont pas qu’une simple famille d’affaires. Ils portent en eux un héritage de manipulation et de tromperie.

Je vois dans ses yeux qu’elle a déjà vu les conséquences des ambitions démesurées. Elle a assisté à la manière dont les Hegel ont détruit des vies.

— Martha, tu as toujours eu tendance à t’inquiéter pour nous, rétorque ma mère avec un sourire apaisant. Ne t’en fais pas, tout ira bien.

Mais les mots de ma mère ne semblent pas suffire. Martha continue de fixer le sol, les sourcils froncés, et je sais que son inquiétude est bien plus profonde que ce qu’elle laisse paraître. Elle sait que nous avons joué avec le feu, et sa loyauté envers notre famille la rend d’autant plus nerveuse.

Un coup de tonnerre retentit à l’extérieur, faisant vibrer les vitres. Je me redresse, surpris. Ce bruit est un rappel que le monde est plus grand que ma petite réunion familiale, plus imprévisible que les manigances de la famille Hegel.

— Peut-être que la tempête approche, murmure Livia, une lueur d’excitation dans les yeux. Cela pourrait être un bon signe pour Elton.

— Ou un mauvais, répond Gabriel avec un ricanement.

Je détourne le regard, évitant de leur donner satisfaction. Le tonnerre gronde à nouveau, mais je me concentre sur ma résolution. Je suis là pour éviter l’erreur du passé, et cette réunion avec Aliana est mon premier pas vers la rédemption.

La discussion tourne vers le futur de l’entreprise, mais je me sens déjà hors du temps, hors de ce monde. L’angoisse de l’inconnu me ronge, mais une lueur d’espoir s’allume dans ma poitrine.

C’est maintenant ou jamais.

Je suis prêt à retrouver ma place, à reprendre le contrôle. Mais avant cela, je dois me préparer à affronter mon pire cauchemar.

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