Amoureux

PDV Nathan

Depuis ce moment sur le canapé, tout avait changé, et pourtant, rien n'avait changé. Mathieu et moi étions toujours nous, à se chamailler pour un rien, à se lancer des piques pour le fun, mais maintenant... il y avait ça. Nous.

Et honnêtement, ça me terrifiait.

Pas parce que je regrettais ou parce que je doutais de mes sentiments. Non, au contraire, je n'avais jamais été aussi sûr de quelque chose. Mais c'était la peur de l'inconnu, de ce que ça signifiait, de comment ça allait marcher entre nous.

Ce soir-là, on avait discuté pendant des heures. Après ce baiser, Mathieu m'avait tiré vers le tapis du salon, et on s'était allongés côte à côte, comme on le faisait souvent, sauf que cette fois, nos mains étaient liées. Il m'avait parlé de ce qu'il ressentait, depuis combien de temps il gardait ça pour lui.

- Franchement, je pensais que tu me détesterais, avoua-t-il en riant nerveusement.

- Détester ? Sérieux ? Tu me prends pour qui ? avais-je répondu, un peu vexé qu'il ait pu penser ça.

- Bah, t'es un peu imprévisible, tu sais, Nath. Et j'avais pas envie de risquer ce qu'on a... enfin, ce qu'on avait.

Je l'avais regardé, un mélange de tendresse et de tristesse dans le cœur.

- T'es con, Mathieu. Pourquoi t'as attendu aussi longtemps ?

Il avait haussé les épaules avec ce petit sourire en coin qui me faisait toujours craquer.

- J'attendais peut-être que tu sois prêt aussi.

Narrateur

Les jours suivants, ils avaient trouvé un nouvel équilibre. Si quelqu'un les voyait, il n'aurait peut-être même pas remarqué la différence. Mais dans les petits détails, tout avait changé.

Il y avait ces regards échangés qui duraient un peu trop longtemps. Ces gestes maladroits, comme quand Nathan attrapait machinalement la main de Mathieu en marchant dans le couloir, avant de la lâcher en rougissant. Ou ces moments où Mathieu passait derrière Nathan en cuisine pour l'enlacer, juste parce qu'il en avait envie.

Un soir, alors que Nathan était concentré sur un livre, Mathieu s'assit à côté de lui sur le canapé, sa tête venant naturellement se poser sur son épaule.

- Tu lis quoi ? murmura-t-il.

- Rien qui t'intéresse, répondit Nathan en souriant.

- T'es sûr ? Parce que là, ça m'intéresse beaucoup.

Nathan haussa les sourcils et ferma son livre, le posant sur la table basse.

- Et pourquoi ça ?

Mathieu releva la tête, ses lunettes légèrement de travers, et haussa les épaules.

- Parce que c'est toi.

Nathan sentit une chaleur familière monter en lui. Il passa une main dans les cheveux de Mathieu, les ébouriffant au passage.

- T'es insupportable, tu le sais, ça ?

- Et pourtant, t'es toujours là, répondit Mathieu avec un sourire éclatant.

PDV Mathieu

Je pensais que tomber amoureux de Nathan serait compliqué, mais en fait, c'était tout l'inverse. Tout semblait naturel avec lui, comme si on avait juste ajouté un chapitre à notre histoire sans rien effacer.

Mais une chose me travaillait encore.

Un dimanche matin, alors que Nathan dormait encore — il avait la mauvaise habitude de se lever à midi les week-ends — je m'étais installé dans la cuisine avec un café. Mon téléphone vibra, et quand je regardai l'écran, je vis le nom de ma sœur, Chloé.

Ça faisait un moment qu'on ne s'était pas appelés.

- Salut, Chloé, dis-je en décrochant.

- Eh bah ! Je pensais que t'avais disparu, grogna-t-elle. Ça va, toi ?

- Ça va, ouais. Et toi ?

- Pas mal. Alors, comment ça se passe avec ton coloc ?

Je me figeai un instant.

- Euh... ça se passe bien, répondis-je, un peu trop rapidement.

- "Ça se passe bien ?" Sérieux ? T'as pas arrêté de parler de ce gars pendant des mois et là, t'es tout mystérieux.

Je soupirai. Chloé m'avait toujours percé à jour comme un livre ouvert.

- OK, écoute... c'est un peu plus que ça. Nathan et moi... on est ensemble maintenant.

Il y eut un silence de l'autre côté de la ligne.

- Attends. Quoi ? Depuis quand ?

- Ça fait quelques jours, murmurai-je, un peu gêné.

- Mathieu ! Mais c'est génial ! Enfin ! Je savais que ça finirait comme ça, mais bordel, t'as pris ton temps.

Je ne pus m'empêcher de sourire.

- Ouais, mais... c'est compliqué, Chloé.

- Pourquoi ? Vous êtes heureux, non ?

- Oui, mais... je sais pas. J'ai peur de tout gâcher.

Chloé soupira de l'autre côté de la ligne.

- Écoute-moi bien, petit frère. Si ce mec te fait sourire comme tu souris en ce moment — et ouais, je sais que tu souris, je te connais — alors fonce. Arrête de te poser trop de questions.

PDV Nathan

Quand je me réveillai, Mathieu était déjà levé. Je le trouvai dans la cuisine, le téléphone à la main et un sourire un peu idiot sur le visage.

- T'as parlé à qui ? demandai-je en m'étirant.

- À Chloé, répondit-il.

- Ah, et ?

Il se tourna vers moi, ses yeux brillants d'une joie que je n'avais encore jamais vue chez lui.

- Et elle m'a dit qu'on allait gérer.

Je fronçai les sourcils, confus.

- Gérer quoi ?

Il s'approcha de moi, posant ses mains sur mes épaules, et me regarda droit dans les yeux.

- Nous.

Je souris malgré moi.