Bébé À Bord - Chapitre 2 – La nuit de trop

La serrure a claqué. La lumière s’est éteinte.

Et Ayden s’est retrouvé seul. Enfermé.

Il est resté debout un moment, planté là, sans trop savoir quoi faire. Puis, il a laissé son corps tomber sur le lit, comme une poupée vidée d’air.

Il aurait pu dormir. Il aurait dû dormir. Mais tout était trop fort.

Trop bruyant dans sa tête. Trop serré dans sa poitrine.

Ayden

Quelle idée, sérieux… t’es qu’un con…

Il marmonne dans l’obscurité, les dents serrées, la voix fêlée.

Ayden

Pourquoi t’as dit oui ? Pourquoi t’es sorti, Ayden ? Hein ? POURQUOI ?!

Il frappe du poing contre son oreiller.

Ayden

Ce n'était pas pour toi cette soirée. Tu le savais. Tu le SAVAIS.

Ses yeux se remplissent.

Ayden

Mais non. Il a fallu que tu fasses comme les autres. Que tu fasses le malin. Que tu joues au grand. Et voilà. Bravo. T’as gagné.

Les larmes coulent. Enfin. Pas doucement. Pas calmement.

Mais violemment. Comme un barrage qui lâche.

Il se recroqueville. Se serre les bras. Et il pleure.

Ayden

T’es un bon à rien…

Sa voix se brise.

Ayden

Tu leur as fait honte. T’as tout foutu en l’air.

Son ventre se serre. Une chaleur diffuse s’y répand. Pas agréable. Pas douloureuse. Juste… étrange. Vivante.

Et ça le fait pleurer encore plus fort.

Ayden

J’voulais pas. J’voulais pas ça. J’voulais juste… être normal.

Il serre les dents.

Ayden

*pleure. * J'aurais dû écouter papa. J’aurais dû…

Il s’en veut. Il se haït. Il se juge. Et il pleure jusqu’à ne plus avoir de voix. Jusqu’à ce que ses larmes ne sortent plus. Jusqu’à ce que son corps soit épuisé. Et que seul le silence reste.

🌅 Le lendemain

Un rayon de soleil s’infiltre entre les rideaux.

Ayden est resté assis toute la nuit, dans la même position : jambes repliées, bras serrés autour, regard dans le vide.

Son visage est gonflé. Rouge. Sec. Ses lèvres fendillées.

Il ne bouge plus. Il ne pense plus.

Juste… il existe.

Et c’est là que la porte s’ouvre doucement.

Pas un bruit. Juste un petit clic discret.

C’est sa mère.

Elle entre à pas feutrés. Un plateau à la main. Un bol de soupe tiède. Des tranches de pain. Elle le voit. Et elle s’arrête.

Ayden… ?

Il ne répond pas. Il cligne à peine des yeux.

Tu… tu n’as pas dormi ?

Silence.

Elle s’approche, pose le plateau sur la commode.

Je t’ai apporté quelque chose à manger. Juste un peu. Tu dois reprendre des forces.

Il souffle, faiblement :

Ayden

Pourquoi faire ?

Elle sursaute presque.

Comment ça… ?

Ayden

Pour que je sois assez en forme pour avaler vos pilules ? lâche-t-il d’une voix cassée.

Elle baisse la tête.

On… on a paniqué. Ton père surtout. Moi aussi, j’avoue… j’ai eu peur.

Ayden

T’as pleuré. Mais t’as quand même glissé ça sous ma porte.

J’voulais… t’aider.

Il se tourne vers elle. Ses yeux sont rouges, creusés.

Ayden

Aider qui ? Moi ? Ou l’image qu’on désire garder en public ?

Elle s’assied, doucement, sans rien dire.

Ayden

J’ai tout gâché, hein… murmure-t-il.

Non.

Elle tend la main. La pose sur son dos. Il ne bouge pas.

T’as pas gâché. T’as fait une erreur. Une grosse. Mais t’es pas foutu. Et t’es pas seul.

Il secoue la tête, les larmes reprennent doucement.

Ayden

Papa m’a dit qu’il me détesterait.

Il était en colère. Blessé. Mais il t’aime. Il sait juste pas gérer ça.

Ayden serre les bras un peu plus fort.

Ayden

Moi non plus. Je sais pas gérer ça.

Silence.

Puis, d’une voix faible, presque un souffle :

Ayden

J’vais pas le faire. J’vais pas prendre vos pilules.

Elle ferme les yeux. Longuement.

Puis hoche la tête.

Alors… on va faire autrement.