Chapitre 1 : Un nouveau scénario

Le plafond blanc et aveuglant n’avait rien de rassurant. Lin Yanyu fronça les sourcils.

Classique. L’hôpital. Évidemment. Où d’autre se réveillent les héroïnes de webtoon après un drame ?

Elle tenta de bouger ses doigts. Sa main était prisonnière d’une poigne élégante. En baissant les yeux, elle découvrit Madame Shen, les larmes aux coins des yeux.

" Ma fille… tu nous as fait si peur. "

À côté, son père opinait gravement, incapable de masquer son émotion.

Ok. Papa et maman parfaits, trop beaux pour être vrais. Cliché numéro 3 : la famille riche et aimante, mais avec une adoptée au centre du drame. Soupir.

Avant qu’elle ne puisse répondre, trois silhouettes apparurent dans son champ de vision.

" Petite sœur, tu es réveillée ! " Shen Yichen, l’aîné, lui serra doucement l’épaule.

" Fais plus attention la prochaine fois, idiote ! " râla Shen Liang, bras croisés.

" Tu m’as inquiété, Yanyu… " murmura Shen Rui, la voix tremblante.

Les trois frères protecteurs. Cliché numéro 9. Sérieusement, on dirait une brochette de personnages secondaires trop beaux pour être honnêtes.

Mais son cœur battit plus fort quand une ombre se pencha au-dessus d’elle. Un jeune homme en costume sombre, regard tendre, lèvres pincées par l’inquiétude.

" Yanyu… je suis soulagé. "

Han Wei.

Son fiancé… enfin, l’ex-fiancé. L’homme destiné à aimer Bai Lian jusqu’à la fin de l’histoire.

Lin Yanyu arqua un sourcil.

Tiens, voilà le héros parfait. Trop parfait. Un moule sur pattes. Cliché numéro 1 : le fiancé attentionné, mais au fond amoureux de l’héroïne. Pitié.

Mais ce n’était pas lui qui la fit frissonner.

Derrière lui, un autre jeune homme restait en retrait. Plus jeune, expression neutre, presque glaciale. Mais ses yeux, eux, brûlaient d’une intensité sourde, comme un feu couvant sous la cendre.

Han Zixin.

Elle sentit un sourire étirer ses lèvres.

Ah. Le seul personnage que je n’ai jamais trouvé complètement raté. Froid, mystérieux, loyal jusqu’à la folie… et pourtant, si mal exploité par l’auteur.

Avant qu’elle ne puisse lui adresser un mot, une silhouette frêle entra dans la pièce.

" Grande sœur Yanyu… " Bai Lian, les larmes coulant sur ses joues, lui saisit la main. " Je suis tellement désolée… "

Yanyu fixa ses yeux purs, son aura de sainte.

Et voici le cliché numéro 2 : l’héroïne parfaite. Pure, naïve, trop gentille pour son bien. Il ne manque que l’auréole, vraiment.

Elle inspira, se redressa légèrement et laissa échapper un petit rire ironique.

" Vous dramatisez tous un peu trop, non ? Je vais très bien. "

Silence. On aurait entendu une mouche voler.

Dans le scénario original, elle aurait dû hurler, pointer Bai Lian du doigt, et piquer une crise de jalousie. Mais elle se contenta de sourire comme si rien ne s’était passé.

Les regards autour d’elle s’élargirent.

Voilà, première bifurcation : pas de crise, pas de scène ridicule. L’auteur peut aller se rhabiller.

...****************...

Plus tard, la chambre se vida peu à peu. Yanyu, enfin seule, ferma les yeux.

Dans l’histoire, c’est ici que la méchante commence à sombrer. Mais moi, Lin Yanyu, je refuse d’être une idiote stéréotypée. Han Wei ne m’a jamais aimée, pas la peine de courir après lui. L’héroïne Bai Lian ? Qu’elle vive sa romance en sucre. Moi, j’ai mieux à faire.

Un bruit de porte. Elle entrouvrit les yeux.

Han Zixin venait d’entrer. Silencieux, mains dans les poches, expression de marbre. Il s’arrêta au pied du lit.

" Tu semble... Différente..."

Sa voix était basse, neutre, mais son regard… intense.

Yanyu pencha la tête.

Si une personne pouvait bien voir la différence s'était lui. Le cliché numéro 17 : le sous-fifre loyal.

Elle esquissa un sourire narquois.

" J’ai toujours trouvé que tu étais le personnage le plus intéressant. "

Han Zixin cligna des yeux, un léger froncement entre ses sourcils.

" …Qu’est-ce que tu racontes ? "

" Rien d’important, " répondit-elle avec désinvolture. " Disons juste que je compte réécrire l’histoire. Alors... Han Zixin, veux-tu sortir avec moi ?"

Un silence pesa. Il la regarda longuement, puis détourna les yeux.

" Je t'appelle un médecin... "

Yanyu lui attrapa le poignet pour l'arrêter.

" Je suis sérieuse..."

Zixin fronça les sourcils à nouveau et poussa un soupir.

" Fais comme bon te semble."

Elle se rallongea, le regard étincelant.

" Prépare-toi, Han Zixin. Moi, je déteste les clichés. Et ensemble, on va pulvériser ce scénario foireux. "

Il la fixa encore un instant, et son masque froid se fissura d’un sourire infime, presque imperceptible.

Un frisson parcourut l’air.

Ce que Yanyu ignorait, c’était que derrière ce sourire se cachait une vérité bien plus troublante. Han Zixin ne l’avait jamais aimée… du moins, pas celle qu’elle croyait.

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