Chapitre 5 : Intrigues

Fram, injustement accusé de la mort du roi, croupissait dans les geôles humides du palais, seul face à la faim, au froid et au poids écrasant de l’injustice. Tandis qu’il endurait le silence oppressant de son cachot, le capitaine Aris, dévoré par une colère sourde et un doute lancinant, jurait de châtier l’étranger qu’il tenait pour responsable de la tragédie qui avait frappé la couronne.

Dans la Salle du Trône, le grand conseiller, impassible, observait les flammes vacillantes des candélabres. Son regard argenté brillait d’une lueur insondable, presque hypnotique, tandis que ses doigts caressaient machinalement le boîtier d’argent de la montre royale, héritage personnel du défunt souverain. Derrière ses paroles mesurées et son calme étudié, il dissimulait des desseins obscurs, comme une ombre silencieuse prête à envelopper le destin de Fram et celui de tout le royaume.

À Valendris, les jours et les semaines s’écoulaient, implacables, comme si la mort n’avait pas frappé au cœur du palais. Dans les rues pavées, les artisans poursuivaient leurs ouvrages, les marchands clamaient leurs prix sur les places bondées, et les enfants jouaient à des jeux innocents, inconscients de la tourmente qui grondait au-dessus de leurs têtes. Cette illusion de normalité n’était qu’un fragile voile, destiné à masquer les fissures grandissantes d’un royaume au bord de la rupture.

Pourtant, derrière ce calme trompeur, des murmures s’insinuaient dans les salons des nobles comme dans les tavernes des faubourgs. Des bribes de conversations, des regards inquiets, des chuchotements sur le vide laissé par le trône vacant. Les factions, autrefois contenues par la main ferme du roi, s’agitaient désormais dans l’ombre, et l’odeur âcre de la guerre s’étendait, insidieuse, telle une brise froide annonçant la tempête.

Dans sa cellule, Fram, adossé contre les pierres glacées, fixait le plafond bas de la geôle. La faim lui nouait l’estomac, mais ce n’était pas la douleur physique qui le hantait, c’était ce sentiment d’injustice, brûlant comme un fer rouge. Ses yeux, éteints par les nuits sans sommeil, scrutaient les fissures des murs, à la recherche d’une échappatoire, ou d’un signe… ne fût-ce qu’un souffle du destin.

Dans la vaste salle ornée de lourdes tapisseries anciennes, éclairée par des chandeliers majestueux, les voix des nobles résonnaient avec force, trahissant la tension qui les étreignait.

Gaspard (frappant violemment la table, les traits déformés par la fureur) — « Comment est-il possible, diantre !? »

Le Noble Aîné (d’une voix posée, tentant de calmer la tempête) — « Seigneur Gaspard, je vous en conjure… modérez vos ardeurs. La colère ne saurait être un guide sûr pour la raison. »

Gaspard (fulminant, les poings crispés) — « Modérer ma colère ? Tandis qu’un étranger s’est infiltré jusque dans les appartements royaux sous nos yeux, et que notre roi gît à présent dans son linceul ? Et vous voudriez que je garde mon calme ? »

Le Noble Aîné (gravement) — « Les faits demeurent troubles… et nous ignorons qui a orchestré cette intrusion, ni pour quel dessein. »

Flaubert (d’un ton ferme mais mesuré) — « Et que direz-vous au peuple ? Le silence est une arme dangereuse. Je le dis : seule la vérité, aussi dure soit-elle, maintiendra la confiance du royaume. »

Gaspard (sèchement) — « La vérité ? Le peuple n’est pas prêt. Si nous révélons qu’un étranger a pu frapper le roi au cœur même du palais, ce n’est pas la confiance que nous sèmerons… mais le chaos. »

Flaubert (haussant légèrement le ton) — « Et pensez-vous qu’un mensonge solide fera un trône stable ? Les ombres bâties sur des illusions finissent toujours par dévorer ceux qui s’en accommodent. »

Un silence lourd s’installa, avant que le Noble Aîné, d’une voix tremblante mais lucide, ne reprenne :

Le Noble Aîné — « Alors, il nous faudra des preuves. Des preuves irréfutables. Car si, par malheur, cet étranger se révélait innocent… que répondrions-nous à l’Histoire ? »

Gaspard (frappant la table de nouveau) — « Innocent ? Je vous dis qu’il ne l’est pas ! Il était là, lorsque le roi a rendu son dernier souffle. À mes yeux, cela suffit. »

Flaubert (froidement, coupant Gaspard) — « Non, seigneur. Il ne suffit pas d’accuser pour que la justice soit faite. La priorité, ici, n’est pas seulement de trouver un coupable… mais un roi. Car si le trône reste vide, nos ennemis s’en réjouiront. »

La tension monta encore, presque palpable, jusqu’à ce qu’un grincement sourd rompe le silence.

Les lourdes portes de la salle pivotèrent lentement, et des pas mesurés résonnèrent sur le marbre. Le grand conseiller fit son entrée, le regard aussi calme qu’énigmatique, ses doigts effleurant le sceau d’argent suspendu à sa ceinture.

Le Conseiller (d’une voix lisse et posée) — « Messieurs… Je vous remercie d’avoir répondu à cette convocation. »

Il balaya la pièce d’un regard acéré, lisant sans peine la tension dans les visages fermés qui l’observaient.

Le Conseiller (avec un léger sourire ironique) — « Oh… Il semblerait que je sois arrivé au plus mauvais moment. »

Gaspard (d’un ton tranchant, venimeux) — « Mauvais moment ? J’appellerais cela plutôt un retard intolérable. Tandis que le royaume vacille, vous vous permettez de nous faire languir, comme si le temps n’avait aucune prise sur vous. »

Le conseiller inclina légèrement la tête, une excuse aussi polie que calculée.

Le Conseiller (froidement courtois) — « Je vous présente mes plus sincères excuses, seigneur Gaspard. Une affaire urgente, tout à fait imprévue, a requis ma présence… et je ne pouvais m’en défaire. »

Gaspard (avec une suspicion à peine voilée) — « Une affaire urgente ? Voilà qui sonne bien commode. Peut-être daignerez-vous nous éclairer, que nous sachions pourquoi le destin de Valendris doit se plier à vos mystères. »

Le conseiller esquissa un sourire impénétrable, avant de répondre d’une voix douce, presque mielleuse :

Le Conseiller — « Cette affaire n’est pas encore mûre pour être exposée en ce lieu. Mais croyez-le bien, seigneur Gaspard… je n’agis jamais sans raison, et toujours dans l’intérêt de notre royaume. »

Puis, dans un geste empreint d’une assurance calculée, il se pencha dans une révérence subtile, ses yeux argentés brillant d’un éclat indéchiffrable, comme s’il tissait déjà les fils d’un destin dont lui seul connaissait la trame.

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