le balle de alliance et le pas masqué

Le palais de Carlow brillait de mille feux ce soir-là. Les ducs, comtesses, généraux et héritiers défilaient sous les lustres de cristal, guidés par la volonté d’une seule femme : *la Reine Élisandra*.

Assise sur son trône surélevé, elle observait la salle, froide et calculatrice. Son fils, *le prince Caldrien*, était quelque part dans l’ombre, le regard perdu dans son verre. Trop frivole. Trop sensible. Trop... faible, pensait-elle.

Mais ce soir, tout devait changer.

Dans un coin discret de la salle, *Lyana d’Almoor*, fille d’un comte influent mais discret, ajustait nerveusement ses gants. Elle n’était pas là pour danser. La Reine l’avait convoquée. Et tout le monde savait que quand la Reine appelait, c’était rarement pour offrir des fleurs.

Lyana sentit un regard. Elle leva les yeux — et croisa ceux du Prince. Il la regardait. Pas comme les autres. Pas avec arrogance. Avec... fatigue. Et quelque chose d’autre. Une sorte de solitude.

Mais à peine avait-elle cligné des yeux qu’un homme s’approcha d’elle.*« Mademoiselle d’Almoor. Je suis le duc Edran de Vorthen. Puis-je avoir cette danse ? »*

Lyana hésita. Le Duc Edran n'était pas inconnu. Riche, jeune, redouté. Sa famille contrôlait une grande partie de l’est du royaume. Un allié précieux… ou dangereux.

Mais sous le regard de la Reine, elle n’avait pas le droit de refuser.

Elle accepta la main tendue.

Le Duc la guida au centre de la salle, et la musique s’éleva doucement.

Un violon, un clavecin, puis les pas précis et froids de la noblesse.

*« Vous êtes plus belle que ce que l’on m’avait dit, »* murmura-t-il.

Lyana pinça les lèvres. *« Et vous plus direct que ce que j’avais entendu. »*

Il sourit, amusé. *« La Reine souhaite nous voir proches, je ne fais que faciliter le travail royal. »*

Elle manqua un pas. *« Vous êtes au courant ? »*

*« Tout le monde l’est. Elle veut vous lier à moi. Pour affaiblir les autres. »*

Lyana sentit son cœur se resserrer. Elle était une pièce. Un pion.

Mais au bord de la piste, *le Prince Caldrien* la regardait encore. Un regard fixe, blessé.

Le duc s’inclina à la fin de la danse.

*« Ne vous inquiétez pas, je suis peut-être un pion, moi aussi. Mais un pion peut toujours renverser la partie. »*

Et il s’éloigna, la laissant seule au milieu de la salle… jusqu’à ce qu’une voix douce murmure derrière elle :

*« Si tu ne veux pas danser avec des loups, suis-moi. »*

Elle se retourna : *le Prince.

Le bal battait son plein, les rires et la musique résonnaient dans le grand hall, mais pour Lyana, tout semblait soudain lointain, comme si le monde autour d’elle s’était ralenti. Son cœur tambourinait dans sa poitrine alors que les yeux du Prince Caldrien la suivaient à chaque mouvement. Il n’était pas comme les autres nobles. Pas comme le Duc Edran, qui lui lançait des regards lourds de calcul.

Quand le duc s’éloigna, satisfait de sa danse, Caldrien s’approcha doucement, son regard pénétrant et sincère. « Si tu ne veux pas danser avec des loups, suis-moi, » murmura-t-il à son oreille.

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