Elias n’a pas quitté sa chambre depuis deux jours. Kaldwin refuse de le laisser sortir. Ezra non plus.
Le monde extérieur pourrait être toxique, qu’ils disent.
Mais le vrai poison… c’est dedans. C’est Lys. Ou l’absence de Lys.
Elias (narration)
Elle ne parle presque plus. Quand elle le fait, c’est comme un souffle, une pensée étranglée.
Je crois qu’elle m’oublie. Ou qu’elle me protège.
Mais j’ai besoin d’elle. Même si elle me détruit.
Elias s’est remis à écrire. Pas pour se souvenir. Mais pour ne pas disparaître.
Des mots, des fragments. Des phrases que Lys a dites, ou peut-être qu’il imagine.
« Il faisait froid dans l’eau. »
« Je n’ai jamais eu le temps. »
« J’avais 16 ans. Je crois. »
« On ne me cherchait plus. »
Il écrit jusqu’à ce que ses mains tremblent. Puis il arrête.
Fixe la feuille. La tâche d’encre.
Et là… quelque chose. Un vertige. Une odeur.
De la pluie.
Lys
(faible, mais réelle)
Tu te souviens de la pluie ?
Elias Novak
(sursaute, murmure)
Lys ? Tu…
Lys
(doucement)
Elle tombait sans bruit. Comme si le monde s’excusait. C’était un jeudi. Il y avait des sirènes.
Et j’avais un carnet… comme le tien.
Un flash. Pas un rêve. Un souvenir. Qui n’est pas le sien.
Une fille court dans une rue déserte. Trempée. Son sac en travers de l’épaule.
Ses mains saignent. Des lumières clignotent derrière elle.
Elle tombe. Elle crie. Elle serre un carnet contre elle.
Elias Novak
(chuchote)
C’était toi… Ce que je vois. C’est toi ?
Lys
Tu commences à me voir. Comme j’étais.
Mais ne regarde pas tout. Tu risques de ne plus savoir qui tu es.
Elias se lève brusquement. Il veut savoir. Il DOIT savoir.
Il fouille le tiroir à côté de son lit. Rien.
Puis sous le matelas. Un dossier. Plié. Sale.
Volé ? La couverture porte un nom effacé à moitié.
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