🌧️ Chapitre 2 : *Survivre, pas vivre*
Le chantier s’appelait *Mboka One*, un projet de construction luxueux à la périphérie de Kasenga. Une trentaine d’ouvriers, des machines bruyantes, des ordres qui claquaient comme des fouets. Et au milieu, *Mika*, casque trop grand, bottes trouées.
Il avait 15 ans, mais son dos en portait déjà 25.
Mika travaillait *12 heures par jour* à soulever des sacs de ciment, trier les briques, nettoyer le matériel. En échange ? Deux repas par jour et *10 000 francs congolais par semaine* — à peine assez pour nourrir sa sœur et lui acheter un savon.
Mais Mika ne se plaignait pas. Il *endurait*. Il devait rester fort. Il ne pouvait pas abandonner.Chaque soir, après le travail, il marchait jusqu’à l’orphelinat pour voir *Kemi*, derrière la grille. Elle souriait encore, croyant que son frère était un “grand travailleur sur des immeubles modernes”.
Il mentait pour qu’elle espère encore.
Un soir, alors que la pluie tombait dru, Mika s’abrita sous un échafaudage. Il avait mal partout. Une plaie à la main s’infectait. Il n’avait pas mangé depuis midi.
*Kayombo*, sortant d’une jeep climatisée, le vit assis.
— _“Qu’est-ce que tu fais là, Mika ? Tu veux dormir ou construire ?”_
— _“J’ai pas eu le temps d’aller manger.”_
— _“Tant mieux. On ne forme pas les lions avec du riz.”_
Il éclata de rire et partit.
Cette nuit-là, Mika rentra à l’abri de fortune qu’il partageait avec d’autres ouvriers. Il écrivit dans un vieux cahier qu’il avait sauvé de l’incendie :
> _“Un jour, je construirai un immeuble qui ne brûle pas. Et personne ne dormira dehors.”_
Mais les jours passaient, et *le rêve semblait de plus en plus lointain*.Les autres ouvriers, eux, commençaient à parler. Un bruit circulait : le terrain sur lequel ils construisaient n'était pas vide. Des familles y vivaient avant. On les avait *expulsées de force.* Certains disaient même que le feu qui avait ravagé des maisons autour… avait été *déclenché volontairement.*
Le cœur de Mika se glaça.
Ce chantier, ce patron, cette “aide”…
Et si *tout était lié à ce qu’il avait perdu* ?.
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🏗️ Chapitre 3 : *Main tendue, poing fermé*
Les semaines s'écoulèrent lentement pour *Mika*. Chaque jour, il se rendait au chantier, épuisé avant même d’arriver. Les gestes étaient mécaniques, ses pensées envahies par des souvenirs douloureux : le bruit des flammes engloutissant sa maison, le regard plein de terreur de Kemi, la promesse qu’il s’était faite, cette promesse de ne jamais laisser le mal gagner.
Mais l’homme, ce *Monsieur Kayombo*, semblait toujours aussi lointain. Malgré sa posture élégante, son costume immaculé et sa voiture brillante, il avait un pouvoir indéniable sur les quartiers autour du chantier. Les ouvriers, qui travaillaient sous des conditions inhumaines, n'osaient pas se rebeller. Pas devant lui.
Ce jour-là, Mika n’arrivait pas à ignorer la sensation persistante dans son ventre, celle qui lui disait que ce qu'il faisait n’était pas juste. Ce *projet Mboka One*, cette *construction qui redéfinirait l’horizon* de Kasenga, avait des racines sombres.
Il n’y avait pas que les ouvriers qui souffraient. La terre, elle aussi, avait été *volée*.
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