/_ Je la reconnais. Sa voix. Ce surnom. C'est lui. _/
PDV Ray :
Mon cœur manque un battement.
C'est lui.
Le roi Lucifer.
Je reste figé, mon yaourt à la main, incapable de dire un mot. Ses doigts sont toujours posés contre ma hanche, brûlants, possessifs. Sa présence est écrasante, étouffante, électrisante. L'air semble vibrer entre nous, lourd de quelque chose que je n'ose pas nommer.
Il se penche légèrement, sa bouche dangereusement proche de mon oreille.
Je sens son souffle chaud effleurer ma peau, et un frisson incontrôlable me traverse tout le corps.
— Tu es bien audacieux... murmure-t-il d'une voix basse et traînante, presque caressante.
— ... Oser t'introduire ici sans permission.
Je déglutis difficilement. Son torse effleure à peine le mien, mais c'est suffisant pour que ma respiration devienne chaotique. Chaque parcelle de mon être est en alerte, comme si mon corps reconnaissait quelque chose que mon esprit refusait d'admettre.
Il descend lentement sa main sur ma taille, sans me lâcher du regard. Ses yeux — que je devine dans l'obscurité — brûlent d'une intensité dévorante. Il se joue de moi, comme un prédateur qui savoure la peur et le désir mêlés de sa proie.
— Tu es... très gourmand, Mon Ange.
Sa voix est un poison lent, qui s'insinue dans mes veines. Mon cerveau hurle que je dois m'éloigner, mais mon corps... mon corps reste ancré là, suspendu à chacun de ses mots.
— Peut-être... très désobéissant aussi ? poursuit-il, son pouce glissant à la naissance de ma hanche.
Son visage est si proche maintenant que nos souffles se mélangent.
Je me sens brûler, noyé dans une chaleur qui n'a rien à voir avec la honte ou la peur.
Son autre main vient effleurer la peau nue de mon poignet, là où j’avais senti les chaînes dans mon cauchemar.
Il trace des cercles lents, possessifs, presque tendres. Mais sous cette douceur, je sens toute la violence contenue, prête à éclater à tout moment.
— Dis-moi, Mon Ange... susurre-t-il.
— Vas-tu me supplier de te punir pour ton insolence... ou bien... de t'accorder une récompense ?
Mon souffle se brise dans ma gorge.
Je sens qu'un mot de moi, un geste, pourrait tout faire basculer.
Et au fond de moi, malgré la peur, malgré la raison...
Une envie folle me dévore.
Son pouce effleure la ligne de ma mâchoire, lentement, presque avec une tendresse cruelle.
Je reste là, paralysé, incapable de détourner les yeux. Mon corps, pourtant, trahit mes pensées : ma peau frissonne sous son toucher, mon cœur cogne si fort que j’ai peur qu’il l’entende.
— Tu ne réponds pas, murmure-t-il en penchant légèrement la tête, sa voix vibrante d'une fausse douceur.
— Ce silence pourrait être interprété comme un aveu...
Je ferme les yeux une seconde pour reprendre contenance, mais il réduit aussitôt la distance qui nous sépare.
Nos corps se frôlent — un contact infime, et pourtant tout en moi se tend.
Il attrape doucement le yaourt que je tiens encore maladroitement. D'un geste lent, presque moqueur, il le retire de mes doigts tremblants et le pose sur le comptoir derrière moi. Son regard ne me quitte pas, pas une seconde.
— Ici... poursuit-il dans un souffle rauque, ses lèvres effleurant presque ma joue.
— ... C'est moi qui décide de ce que tu goûtes.
Il saisit alors mon menton entre ses doigts, forçant doucement mon visage à se lever vers lui.
Son pouce effleure mes lèvres dans un mouvement lent, calculé, presque obscène.
— Regarde-moi, ordonne-t-il.
Je m'exécute, malgré moi.
Ses yeux, brillants d'une lueur cruelle et affamée, m'avalent tout entier.
Je me noie dans leur obscurité, incapable de penser, incapable de fuir.
Il se penche davantage, jusqu’à ce que je sente son nez frôler le mien, jusqu'à ce que l'électricité entre nous devienne insupportable.
— Tu es à moi, Mon Ange, souffle-t-il si bas que seul moi peux l'entendre.
— Et je vais m'assurer que tu n'oublies jamais ce que cela signifie.
Sa main quitte mon visage pour glisser lentement sur ma nuque, ses doigts jouant avec la base de mes cheveux. Il tire légèrement, m'obligeant à basculer un peu plus la tête en arrière.
Un gémissement muet me monte aux lèvres, et il sourit — un sourire de chasseur qui sent sa proie céder.
Pendant une fraction de seconde, j'oublie tout. La peur, la honte, la perte. Il n'y a plus que lui, cette chaleur enivrante, cette tentation terrible.
Sa bouche frôle enfin la mienne. Pas un vrai baiser — une menace, une promesse.
Je retiens mon souffle.
Un battement. Deux. Trois.
Puis il s’éloigne brutalement, me laissant pantelant, le cœur en feu et les jambes prêtes à me lâcher.
Lucifer se redresse, me regardant de haut avec ce même sourire énigmatique.
— Retourne dans ta chambre, Mon Ange, ordonne-t-il d'une voix froide et brûlante à la fois.
— Avant que je décide de ne pas être aussi clément.
Et sans attendre ma réponse, il disparaît dans l'ombre, me laissant seul au milieu de la cuisine, le souffle court, les jambes tremblantes... et un goût interdit sur les lèvres.
Je reste un moment planté là, incapable de bouger.
Mon cœur bat si vite que j’en ai presque le vertige.
Je passe ma main tremblante sur mes lèvres, comme pour m'assurer que tout ça vient bien d'arriver... que ce n'était pas encore un de ces foutus cauchemars.
Un sourire, fugace, nerveux, étire malgré moi le coin de ma bouche.
Je finis par me forcer à bouger, mes jambes encore fébriles. Chaque pas en direction de ma chambre est un effort. Mes pensées tournent en boucle, s'emmêlent, se contredisent.
Je devrais avoir peur. Je devrais être en colère. Je devrais vouloir fuir.
Mais au fond de moi...
Une chaleur étrange grandit. Un sentiment interdit, doux-amer, qui me réchauffe malgré tout ce chaos.
Arrivé devant la porte de ma chambre, je m'appuie un instant contre le bois froid, fermais les yeux.
Pourquoi suis-je aussi... heureux ?
Ce n’est pas logique. Pas après ce qu'il vient de faire. Pas après cette façon de me dominer, de me posséder déjà, sans même me toucher réellement.
Et pourtant...
Je me surprends à sourire à nouveau, un sourire petit, fragile, mais sincère.
Je pousse la porte et entre.
La chambre est paisible, silencieuse. Rien ne trahit ce qui vient de se passer dans les cuisines, comme si tout cela n'avait été qu'un rêve étrange.
Je m'effondre sur le lit, mon cœur toujours en déroute.
Je fixe le plafond, laissant mes pensées vagabonder, porté par un sentiment d'excitation sourde, de curiosité, de... bonheur, peut-être.
Il m'a vu.
Il m'a touché.
Il m'a parlé comme si... comme si j'avais de l'importance pour lui.
Même si ce n'était qu'un jeu cruel, même si demain il me piétine... ce soir, dans cette cuisine, j’ai existé pour lui. Rien que pour lui.
Et pour la première fois depuis ma mort, je me sens vivant.
Un rire nerveux m'échappe, étouffé dans l'oreiller.
Je suis perdu. Perdu corps et âme.
Mais étrangement...
Ça ne me dérange pas tant que ça.
***Téléchargez NovelToon pour profiter d'une meilleure expérience de lecture !***
17 épisodes mis à jour
Comments