Chapitre 7 : Le bonheur fragile
Les jours qui suivirent leur premier vrai baiser furent d’une douceur presque irréelle. Tout semblait plus simple, plus lumineux. Ils riaient ensemble, partageaient des moments suspendus, comme si le monde entier avait décidé de ralentir pour les laisser respirer enfin.
Ils se voyaient à chaque pause, se frôlaient volontairement, se murmuraient des secrets à l’oreille. Les regards autour d’eux devenaient insistants, certains curieux, d’autres moqueurs, quelques-uns clairement hostiles. Mais rien ne semblait pouvoir les toucher. Pas encore.
Elle semblait changée. Plus libre, plus vivante. Comme si elle reprenait possession de son corps, de ses pensées, de ses choix. Il la regardait souvent, fasciné, heureux… et pourtant, quelque chose vibrait au fond de lui. Une note fausse. Un léger inconfort qu’il ne comprenait pas encore.
Un après-midi, alors qu’ils étaient allongés dans l’herbe, elle tourna la tête vers lui.
— Tu m’aimes ? demanda-t-elle, presque en chuchotant.
Il ne répondit pas tout de suite. Elle sourit, gênée.
— Désolée, question bête.
— Non, dit-il vite. C’est juste… oui. Oui, je crois que je t’aime.
Et il le pensait. Sur le moment. Même s’il ne savait pas vraiment ce que ça voulait dire. Même s’il avait cette impression étrange que son cœur battait parfois pour des choses qu’il ne comprenait pas encore.
Chapitre 8 : L’inattendu
C’est ce jour-là qu’il le remarqua vraiment.
Le nouveau. Un garçon discret, arrivé depuis à peine une semaine. Assis au fond de la classe, toujours un peu à l’écart, comme s’il observait le monde depuis une distance choisie. Il avait un regard calme, presque trop calme, et un sourire rare mais sincère.
Au début, ce n’était rien. Juste un regard croisé. Une phrase échangée en sortant du cours de littérature. Puis il y eut ce moment.
Un jour de pluie, en fin de journée. Tout le monde se bousculait pour sortir, mais lui, il était resté là, assis près de la fenêtre. Il écoutait de la musique, les yeux perdus dans le gris du ciel.
Le garçon s’était arrêté. Il ne savait même pas pourquoi
Chapitre 9 : L’écho
Depuis leur échange sous la pluie, le garçon pensait à lui. Trop souvent. D’abord sans s’en rendre compte. Puis avec une certaine peur.
Il se surprenait à chercher sa silhouette dans la foule, à tendre l’oreille quand il entendait sa voix. Il apprenait sans poser de questions : il écoutait du rock indé, dessinait dans les marges de ses cahiers, et buvait toujours son café noir, sans sucre.
Et lui, il se demandait : Pourquoi ça m’attire autant ? Pourquoi j’y pense autant ?
Un matin, ils furent désignés pour un exposé à faire ensemble. Il sentit son cœur battre un peu trop fort. L’autre haussa les épaules, sans émotion apparente.
— T’inquiète, je suis pas trop chiant en duo, dit-il avec un sourire de coin.
Ils passèrent l’après-midi au CDI, assis côte à côte devant un ordinateur, à se partager les recherches. Le garçon se surprenait à rire, à poser des questions, à se sentir… bien. Simplement bien.
Il y avait une légèreté nouvelle. Rien de forcé. Rien à prouver.
— Tu sais que t’as une drôle d’énergie, dit le nouveau en tapant sur son clavier.
— Comment ça ?
— T’as l’air de quelqu’un qui se cherche encore… mais qui a déjà peur de ce qu’il va trouver.
Il resta figé. Il n’avait jamais entendu quelqu’un lui parler comme ça.
— Et toi ? Tu t’es trouvé ?
Le garçon le fixa un instant, puis haussa les épaules.
— J’me cache pas. C’est pas pareil.
Quand ils quittèrent la salle, il faisait nuit. Ils marchèrent côte à côte, lentement. Et alors qu’ils s’apprêtaient à se dire au revoir, le garçon sentit un frisson lui parcourir la peau.
— T’as déjà aimé quelqu’un… sans savoir pourquoi ? demanda-t-il, presque dans un souffle.
Le nouveau s’arrêta, le regarda. Longtemps.
— Ouais. Et c’est souvent les amours les plus vrais.
Il partit ensuite, sans se retourner.
Et lui, il resta là, au bord d’un tremblement.
— Tu restes là longtemps ? demanda-t-il.
Le nouveau enleva un écouteur et le regarda, souriant légèrement.
— T’es pressé que je parte ?
— Non. Juste… je sais pas. T’as l’air bien ici.
— C’est calme. Et j’aime bien la pluie.
Ce fut une discussion banale. Mais quelque chose dans la voix du nouveau, dans sa façon d’être présent, marqua le garçon. Un genre de silence qui parlait plus que tous les mots.
Ce soir-là, il n’arrivait pas à penser à autre chose. Il en oublia même de répondre à un message de sa copine. Il ne comprenait pas pourquoi ça le travaillait autant.
Mais au fond, une fissure s’était ouverte. Et il sentait que quelque chose, en lui, commençait à glisser. Lentement. Inévitablement.
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