Chapitre 4 : Une voix dans le silence
Le lendemain, Layla arriva à l’école avec un drôle de poids dans la poitrine. Pas un de ces poids lourds et familiers qui l’écrasaient… non. C’était différent.
Comme une tension douce, presque excitante, mêlée d’un peu de peur.
Elle ne savait pas pourquoi. Peut-être à cause de Sara, de ce carnet échangé, ou du regard sincère qu’elle avait posé sur ses dessins.
Ou peut-être parce qu’au fond, elle sentait que quelque chose changeait. Lentement, mais sûrement.
En entrant dans la classe, elle chercha Sara des yeux.
Elle était déjà là, assise, le menton appuyé sur sa main, rêvassant.
Quand elle vit Layla, elle lui adressa un petit signe discret, presque complice.
Layla s’assit à côté d’elle. Aucun mot ne fut échangé. Il n’y en avait pas besoin.
À la quatrième heure, c’était le cours de littérature.
Mme Hind entra avec son calme habituel, salua la classe, puis écrivit une phrase au tableau :
"Parfois, les mots qu’on ne dit pas sont les plus lourds à porter."
Elle se tourna vers les élèves.
— "Je vous ai demandé de réfléchir à cette citation. Aujourd’hui, j’aimerais entendre vos voix."
Un malaise discret parcourut la salle.
Certains chuchotaient, d’autres faisaient semblant de chercher dans leurs cahiers.
Puis, soudain, Mme Hind dit doucement :
— "Layla ? Que penses-tu de cette phrase ?"
Un vide s’ouvrit dans son ventre.
Elle sentit tous les regards glisser vers elle. Le sang lui monta aux joues.
Elle baissa les yeux, incapable de bouger.
Mais avant que Mme Hind ne détourne son attention, une main se glissa lentement sous sa table.
Celle de Sara.
Elle ne serra pas fort, ne força rien.
Elle était juste là, comme un ancrage. Une présence.
Layla inspira.
Puis, d’une voix tremblante, presque inaudible, elle répondit :
— "Je pense… que parfois, on garde trop de choses en soi. Parce qu’on a peur. Ou parce qu’on croit que personne n’écoute."
Le silence fut total.
Même les bavards s’étaient tus.
Mme Hind la regarda avec douceur.
— "Et toi, Layla, est-ce que tu gardes beaucoup de choses en toi ?"
Un moment passa. Puis Layla hocha doucement la tête.
Sara tourna lentement son visage vers elle. Et lui sourit.
— "Merci pour ton courage," dit Mme Hind. "Tes mots sont importants. Toujours."
Pour la première fois depuis longtemps, Layla sentit quelque chose se fissurer en elle.
Pas quelque chose de douloureux.
Quelque chose qui se libérait.
À la sortie des cours, elle et Sara marchèrent côte à côte.
Les rues étaient encore humides, mais le ciel semblait un peu plus clair.
— "Tu as été incroyable", murmura Sara.
Layla haussa les épaules, gênée.
— "J’avais peur", avoua-t-elle.
— "Moi aussi, tous les jours", répondit Sara.
Puis elle ajouta :
— "Mais tu vois, c’est en parlant qu’on apprend à ne plus se sentir seule."
Layla la regarda, touchée.
Elle ne répondit rien, mais un léger sourire apparut sur ses lèvres.
Ce jour-là, elle comprit qu’avoir une voix ne signifiait pas parler fort.
Cela voulait juste dire : oser être entendue.
Et ce qu’elle avait dit aujourd’hui… même si c’était peu… était un premier pas vers quelque chose de plus grand.
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