Depuis ce jour où il l’avait sauvée de son ex petit ami, Su Qiao n’avait qu’une envie : l’éviter. Pas parce qu’il l’avait mise mal à l’aise, mais parce que sa présence déclenchait en elle une tempête de pensées qu’elle ne voulait pas affronter.
Elle arrivait tôt le matin, repartait dès que l’horloge atteignait l’heure de fin. Elle se débrouillait pour prendre l’ascenseur avant que Lin Zeyan n’arrive à l’étage. Elle passait par les couloirs les plus longs juste pour ne pas croiser son bureau.
Mais malgré tous ses efforts… il était là. Toujours là.
— Bonjour, Assistante Designer Su, lança-t-il d’un ton neutre en passant à côté d’elle dans l’open-space, ce matin-là, un café à la main.
— Bonjour, PDG Lin, répondit-elle, la voix serrée.
Il s’arrêta net et se tourna vers elle avec un sourire.
— Vous m’évitez ? demanda-t-il simplement, presque amusé.
— Pas du tout, répondit-elle trop vite.
Il arqua un sourcil. Un petit silence s’installa, puis il reprit :
— Alors pourquoi vous êtes partie à l’autre bout de l’étage quand je suis entré tout à l’heure ?
— J’allais chercher… des échantillons, bredouilla-t-elle.
— Ah. Et quand vous avez laissé vos documents dans l’ascenseur hier ? Une fuite rapide, aussi ?
— J’étais pressée, PDG Lin.
— Très bien, dit-il avec un sourire léger. Je veillerai à ce que vous n’ayez plus besoin de courir.
Et il partit, laissant Su Qiao avec un frisson dans le dos.
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Les jours suivants, son attitude devint plus déroutante encore. Chaque fois qu’elle tentait de rester discrète, il la mettait en lumière.
— Qiao Qiao, pouvez-vous venir me montrer vos croquis ? demandait-il à haute voix lors d’une réunion d’équipe.
Tous les regards se tournaient vers elle. Elle se figeait. Pourquoi utilisait-il ce surnom devant tout le monde ?!
— PDG Lin, murmura-t-elle en s’approchant, les joues rouges.
— Vous êtes gênée ? Pourtant, c’est vous qui m’avez appelé “Zeyan” au bar ce soir-là, non ? chuchota-t-il avec un regard malicieux.
Elle le foudroya du regard, et il étouffa un rire.
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Un après-midi, alors qu’elle sortait des toilettes, elle s’immobilisa en entendant sa voix dans le couloir.
— …elle est brillante, mais elle m’évite comme la peste, disait-il à l’un des responsables de département.
— Vous parlez de Su Qiao ? demanda l’autre, surpris.
— Bien sûr. J’aime bien la taquiner. Ça rend ses réactions intéressantes.
Elle serra les poings et recula, s’éloignant avant qu’ils ne la voient. Il aimait la taquiner ? Quelle immaturité ! C’était un PDG, pas un lycéen amoureux.
Et pourtant… son cœur battait plus vite.
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Le soir, alors qu’elle était la dernière dans la salle de création, il entra sans frapper.
— Vous travaillez encore ? demanda-t-il.
Elle se redressa d’un bond.
— Je terminais juste quelques ajustements. Je m’en vais.
— Vous partez toujours dès que je rentre dans une pièce. Je commence à croire que je vous fais peur.
— Ce n’est pas ça… je ne veux simplement pas déranger.
— Et si c’était moi qui voulais être dérangé par vous ?
Elle le fixa, abasourdie.
— Vous… vous le faites exprès ?
Il s’approcha, lentement, les mains dans les poches, son regard planté dans le sien.
— Peut-être. Vous êtes drôle quand vous essayez d’être distante. Et vous avez l’air encore plus jolie quand vous êtes agacée.
— PDG Lin, je pense que vous dépassez les limites du cadre professionnel, dit-elle avec une voix ferme mais tremblante.
Il haussa les épaules, un sourire au coin des lèvres.
— Vous avez raison. Je vais essayer d’être sage… demain.
Puis il fit demi-tour et disparut comme une brise légère. Elle resta là, le cœur en vrac.
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Le lendemain, elle trouva une boîte de pâtisseries artisanales sur son bureau avec une note :
« Pour m’excuser de mon comportement d’hier. Mais je doute que ça suffise. — Z »
Elle secoua la tête, les lèvres pincées.
— Il se croit où, dans un drama ? marmonna-t-elle en cachant la boîte dans son tiroir.
Mais elle y goûta quand même.
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Ce jeu du chat et de la souris dura des jours. Parfois, elle sentait son regard sur elle quand elle ne le regardait pas. D’autres fois, elle entendait son rire bref dans une réunion après une de ses réponses trop sèches. Elle voulait rester neutre, professionnelle… mais il sapait ses défenses, lentement, jour après jour.
Et le plus insupportable… c’est qu’il semblait sincèrement s’amuser. Pas par méchanceté, mais comme si elle était une énigme plaisante à résoudre.
Un soir, alors qu’elle marchait vers la sortie, il apparut à ses côtés.
— Je vous raccompagne.
— Je prends le bus.
— Alors je prends le bus avec vous.
— Vous plaisantez ?
— Jamais.
Et il le fit. Il monta dans le bus, s’assit à côté d’elle, écouta sa playlist dans un silence curieux. Lorsqu’elle descendit, il descendit aussi, puis appela un chauffeur privé.
— Bonne soirée, Qiao Qiao.
Elle leva les yeux au ciel.
— Vous êtes fou.
— Un peu. Bonne nuit.
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Elle monta chez elle, le cœur agité. Ce n’était pas de la peur, ni même vraiment de la gêne. C’était de la confusion. Pourquoi cet homme, cet homme qui pouvait avoir tout ce qu’il voulait, s’acharnait-il à vouloir son attention ?
Et surtout… pourquoi elle commençait à l’attendre ?
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