Le repas a été accepté. Je m’habille comme pour un soir d'été. Je choisis des habits proches de ce que je portais aujourd’hui avant tout ça. Un jean bleu un t-shirt large neutre gris et une chemise noire à carreau ouverte. J’ose mettre le nez dans les couloirs du palais, je ne trouve aucun garde autour de ma chambre. C’est un bon point.
Je commence à croire que le palais n’a pas de fin, je marche depuis un moment et ça ne s'arrête pas : le long de ma promenade des gardes croise ma route, mais aucun ne me parle. Ils doivent être concentrés. Après une demi-heure de marche, je tombe sur le prince, je devine son conseiller vu sa posture proche de Leyo. Les soldats les accompagnant s'écartent et mettent de la distance comme pour nous laisser de l’intimité. Je dois avoir le regard un peu trop intense sur le conseiller, car il s’incline et se présente.
- Je me nomme Edea, je suis le conseiller du prince Leyo. Depuis sa naissance, je reste à ses côtés et l’aide dans ces tâches d'héritier.
Pourquoi il s’incline ? Le silence s'éternise, je comprends que c’est à moi de me présenter.
- Salut, moi, c’est Ethan… Je suis mort.
Il sourit entre l'amusement et la politesse. Il est à peine plus âgé que nous pourtant, il est d’une maturité affolante que ce soit dans son attitude ou dans son physique. Sa barbe bien taillée doit aider à le vieillir.
- Je suis au courant de qui vous êtes.
- Surement mieux que moi-même.
Le prince retire son manteau dévoilant des habits bien moins noble, il donne le diadème qu’il avait sur le front à son conseiller.
- Nous allons sur la colline Dimalk faire un pique-nique.
- Bien. Je transmets à vos parents que le repas prévu ce soir n’aura pas lieu.
- C’est vrai…
Il semble embarrassé d’avoir oublié, il se tourne vers moi, je le regarde avec des yeux ronds.
- Si un repas était prévu, allez-y.
- Oui, vous avez raison… Reportons le pique-nique et allons ensemble au repas.
- Ensemble ?
- Oui, une rencontre devra avoir lieu autant que cela soit un cadre que vous maîtrisez. Nous avons dans notre royaume un attrait vraiment important pour les habitudes humaines tel que les repas. Ce sera familier.
- Je ne suis pas habitué à ce genre de dîner…
- ça n’en sera pas une épreuve juste un repas pour se rencontrer. Si vous êtes mal à l'aise, vous pourrez partir.
J’ai le droit de partir avant même que ça ait commencé ? Je ne pense pas, dommage.
C'est comme ça que je me retrouve face au couple royal. Je prends le temps de les détailler. La mère du prince a une beauté à couper le souffle : je ne suis pas attiré par les femmes, mais pour elle, je veux bien douter de mon orientation. Sa peau sombre brille au soleil qui décline et donne une lueur doré exceptionnelle. Elle vient sublimer ces traits généraux ces courbes parfaites : ses yeux sombres, éclairés d’une lueur mystique, sont envoûtants. Le prince a hérité des pleine lèvre de sa mère ainsi que de sa belle chevelure noire. La reine a les mêmes perles perdues dans ces mèches. Le mari est tout son contraire, il a les cheveux blond polaire lisse, des yeux vert clair et une peau d'une pâleur similaire à la mienne. Il est tout aussi beau, mais je n’ose pas avoir le regard si baladeur sachant qu’il me fixe. Il a peut être cramer que j’ai observé sa femme. Je rougis de honte et m’enfonce légèrement dans ma chaise. Le couple royal est habillé aussi comme de simple humain. Ils ont pensé à tout pour me mettre à laise, c'est un effort que j'apprécie. Le roi et la reine ont l’air d’ado en plein émoi, ils ne se lâchent pas. C’est plutôt mignon, mais je n'y fais pas vraiment attention par pudeur.
Les conversations sont dynamiques, j’ai l’impression d'être dans une famille lambda si on met de coté le fait que je ne les connaissais pas il y a 24 heures. Très effacé, je ne participe pas aux conversations, je préfère rester discret et observateur. Finalement, j'apprécie.
Un bruit sourd retentit, il me fait sursauter, je regarde les autres personnes, ils n’ont pas l’air de réagir alors ça doit être normal. Je reprends contenance et reste sérieux. Le repas continue. Vers la fin de celui-ci, je sens mon esprit s’embrouiller, je perds le fil de la conversation et me concentrer deviens pénible. Je perds la notion de temps et d'espace. La gêne s'intensifie et dans mes pensées des voix inintelligibles surgissent. Je finis par distinguer deux voix différentes, les autres forment un mélange chaotique. Je parviens à créer l'illusion personne ne remarque rien. Je ne veux pas que le repas s'éternise avec ces symptômes étranges.
Aussitôt le dîner fini, je retrouve ma chambre, je m'écroule dans les draps et fonds en larmes en tenant mon crâne. Je prends conscience que le futur proche me terrifie.
J’ai envie de tout raconter à Léa, je fixe mon plafond imaginant la scène : elle, accoudée à la table, elle m’aura attendu, longtemps. Je lui raconterais tout d’une traite sans prendre mon souffle correctement en défaisant ma veste je serais tout du long concentré sur mon récit fou. Elle sera morte de rire dans un premier temps puis ne croirais rien a mon histoire. Elle me dirait "oui bien sur l'aller arrête ton délire de super sauveur de l'univers, d'élu inter-spatial et avoue que t’as juste pris trop de temps sous la douche” elle aurait raison…
Il faut que j'arrête de douter de la réalité. Comment vais-je faire ? Visiblement, j’ai une tâche importante à accomplir bon sang, j’arrive pas à y croire j’en peux plus la fatigue m’accable. J’empoigne le coussin et le tire vers moi, j'y plonge la tête puis hurle jusqu'à m'en brûler les poumons. Je continue de pleurer, le sommeil ne vient pas. La nuit va être terriblement longue. Mon corps est parcouru de spasmes mes membres son douloureux mon esprit est en proie à de nouvelles hallucination auditive que je m’efforce d’ignorer, en vain.
Une fois la crise passée le calme est revenu les voix ont disparu… Mais le sommeil n’est toujours pas à ma porte. Je décide de m’aventurer dans le château. L’air me fera du bien. Je sens un vide dans mon cœur, j’ai envie de le remplir, mais je ne sais pas ce qui serait efficace. Je me contente de marcher, le sport fait oublier les problèmes ça fonctionnera sûrement pour ça aussi.
J’arrive devant une salle, deux gardes sont de part et d’autre de la porte la tenant fermement, je m’approche de l’un d’entre eux et demande.
- Il y a quoi ici ?
- Nous ne sommes pas autorisées à vous le dire monsieur.
- Oh… Oui pardon merci bonne nuit
C’est décevant mais normal. Je suis un inconnu et un étranger en ces lieux, je ferais mieux de ne pas mettre mon nez là où il ne faut pas. Alors que j'étais sur le point de me tourner pour retrouver ma chambre, un projectile explose la porte et me percute de plein fouet. Je tombe au sol sur le dos quelques dizaines de mètres plus loin le souffle coupé je suis totalement paralyser par la douleur.
Les gardes se mettent en alerte d’autres arrive, le prince les accompagnent. Il dévale les escaliers en donnant des ordres. Le roi arrive à mon niveau peu après. Il pose un genou au sol et attrape l’objet qui m’a blessé. J’ai une douleur folle, le projectile ne m’a pas épargné et le recul ainsi que la chute n’ont rien arrangé. Je tourne la tête péniblement vers les mains du père de Leyo, j’y vois le livre qui m’est apparu sur la plage. Je le reconnais à la couverture de cuir usé. La douleur me lance de nouveau comme pour me rappeler à l’ordre.
- Bordel… Ça fait mal.
Je me tourne sur le côté et me mets en boule une main sur mon torse là où l’impact a été concentré. Le roi déplore les dégâts sur mon corps, l’air grave. Il lève l’alerte et pose doucement le livre dans les mains du prince.
- Qu’il ne s’en sépare plus. Le message est clair, je crois, donne lui des soins et monte la garde tel est ton rôle mon fils.
Leyo s’incline puis se précipite a mes cotes.
- Pardonnez-moi, je vais m’occuper de tout cela ça n’arrivera plus je vous en fait la promesse.
Il dépose sa main sur mon épaule espérant une réponse, mais la douleur m’accable, je ne peux rien répondre de plus qu’un gémissement de douleur. L’impact a été violent. Le prince me donne le livre et me demande de ne plus m’en séparer. Instantanément, le vide dans mon cœur disparaît, remplacé par la douleur sûrement… J’ai mal.
Leyo m’accompagne jusqu’à ma chambre, il essaie de communiquer, mais la douleur est trop vive et m’empêche de réfléchir. Je suis de nature douillet pourtant, je peux assurer avec certitude que n’importe qui serait dans mon état. Il m’aide à m’allonger et me demande doucement.
- Vais soulever votre haut afin de voir la blessure. Je vais utiliser mon énergie et atténuer la douleur au mieux êtes vous d’accord ?
Je hoche la tête le laissant faire, il m’a déjà vu à moitié nu alors que pourrait, il se passer de pire. J’ai besoin de soin, c’est urgent. Il relève mon haut et place ses mains sur ma peau déjà bien marquer par l’attaque. De ses mains, s’échappe une lueur verte, elle agit comme de la glace sur une plaie, c’est apaisant, je soupire de soulagement. La douleur après quelques minutes devient supportable, je souffle un merci et m’allonge plus confortablement.
Le prince retire ses mains lorsque les soins sont administrés, il me couvre le torse dans des geste très respectueux et élégant ça me fascinera toujours à mon avis. Je m’enroule dans le plaid et le remercie encore. Je le détaille, il porte un ensemble en soie bleu, ça a l’air d'être un tissu très doux, il est trop grand pour lui ce qui change des tenue tailler au centimètre près habituel, la nuit, il souhaite sûrement être bien plus à son aise ce que je peux comprendre.
- Merci pour vos soins, ça va beaucoup mieux.
- C'est tout naturel après tout, j’aurais dû y penser.
- Personne n’aurait pu prévoir que le livre explose une porte et me fonce dessus.
- Dit comme cela oui, c’est bien vrai, personne ne pouvais prédire une telle chose
- Demain, ça sera un mauvais souvenir.
- Je l’espère… Je vais vous laisser vous reposer, oh… Oui, je dois vous demander que faisiez vous dans le palais si tard ça n’allait pas ?
Il semble vraiment inquiet de mon état, je ne me vois pas l’ignorer ou lui mentir.
- Oui, je n’arrivais pas à dormir, j’ai voulu prendre l’air.
- N’hésitez pas à venir me voir même au beau milieu de la nuit, je dors peu, ma chambre est dans l’aile ouest ma porte est rempli de dessin que j’ai réalisé lorsque j'étais enfant elle est reconnaissable.
Je ne peux m’empêcher de sourire, c’est si adorable. Mais je n’oserais pas le déranger. La fatigue me fait me frotter les yeux en baillant. Le prince me salut et s'apprête à sortir de la pièce. J'enlace un coussin en guise de peluche.
- Belle nuit à vous prince
Ce sont mes derniers mots avant de m'endormir.
***Téléchargez NovelToon pour profiter d'une meilleure expérience de lecture !***
3 épisodes mis à jour
Comments