Le soleil venait à peine de se lever, et la lumière entrait doucement dans la chambre d'Élisa. Ce matin-là, elle se réveilla avec un immense sourire, repensant à la soirée passée. Les mots de Nasser résonnaient encore dans sa tête : "Si c'était à refaire, je le referais."
Elle se souvenait de leur montée au sommet de l'hôtel Nuit d'Or, de la vue imprenable sur la ville illuminée. Un frisson de bonheur la traversa. "La meilleure soirée de ma vie !" pensa-t-elle avant de s'étirer et de bondir hors du lit.
— Bonjour, le soleil ! cria-t-elle en ouvrant grand sa fenêtre.
Elle tourna sur elle-même, submergée par l'excitation.
— Bonjour, la maison ! Bonjour, le lit ! Bonjour, la cuisine !
Elle fila sous la douche.
— Bonjour, la brosse à dents ! Bonjour, le lavabo !
Sortant de la salle de bain, encore toute joyeuse, elle sauta sur son père et le serra dans ses bras.
— Bonjour, papa !
— Eh bien, ma fille, on dirait que tu es de très bonne humeur aujourd'hui !
— Oui ! Hier, c'était magique !
Son père sourit.
— Alors, Nasser t'a vraiment fait visiter la ville ?
— Oui, et ça faisait tellement longtemps ! Mais le meilleur moment, c'était la fin…
— Oh ? Et qu'avez-vous fait ?
— On est montés sur un grand bâtiment et… Wah ! J'ai vu toute la ville ! Les maisons, les immeubles, les lumières qui brillaient partout… C'était incroyable !
Son père hocha la tête.
— Je vois.
— Au fait, ils reviennent quand ? demanda-t-elle.
— La semaine prochaine, je pense.
— Génial ! Je serai là pour les attendre !
Elle se leva brusquement.
— Bon, papa, je dois aller au lycée !
Son père la regarda, amusé.
— Donc, tu comptes y aller en pyjama, avec les cheveux en bataille ?
Elle s'arrêta net, jeta un regard à son reflet et poussa un cri.
— Aah ! Merci papa !
Elle fila se préparer, prit un petit déjeuner rapide, puis s'élança vers la porte.
— À ce soir, papa !
— À ce soir, ma fille.
Tout semblait magnifique ce jour-là. Le soleil, les gens qui se chamaillaient dans la rue, même le marché sur le chemin du lycée. Rien ne pouvait gâcher sa bonne humeur.
En arrivant, elle aperçut ses amies et cria avec enthousiasme :
— Émilie ! Ino ! Lusia !
Les filles se tournèrent et s'exclamèrent en chœur :
— Élisa !
Elles coururent l'une vers l'autre et se serrèrent dans un câlin collectif.
— Alors, comment s'est passée l'interro pour vous ? demanda Élisa.
Ino soupira.
— Une vraie horreur ! Ma mère me surveillait comme un faucon.
Lusia rit.
— Oui, on aurait dit que tu cherchais un moyen de tricher, alors qu'elle te fixait droit dans les yeux. C'était drôle à voir.
— Il y avait beaucoup de monde ? demanda Élisa.
— Oui, plein d'élèves connectés, confirma Émilie.
Elle la fixa avec curiosité.
— Mais attends… Pourquoi tu as l'air si heureuse ?
Élisa cligna des yeux.
— Moi ? Heureuse ?
— Oui, on dirait que tu as passé la plus belle journée de ta vie.
Son sourire s'agrandit en repensant à la veille.
— C'est vrai… C'était juste magique !
— Dis-nous tout ! supplièrent les filles.
Élisa leur raconta sa soirée en détail.
Ino écarquilla les yeux.
— Attends… Vous avez passé toute la soirée ensemble ?
Élisa hocha vivement la tête.
— Oui, c'était incroyable !
Ino fronça les sourcils.
— Mais… c'est ton frère !
Lusia et Émilie acquiescèrent.
— Oui, Élisa, arrête de dire ça comme si c'était une romance !
Élisa rougit légèrement.
— Mais… je n'ai rien dit de mal…
Les filles s'échangèrent un regard inquiet.
— Si, justement…
Au même moment, Nasser marchait nerveusement en direction du lycée, complètement paniqué. Il marmonnait en se tenant la tête :
— Non, non, non… J'ai pas réussi à dormir de toute la nuit ! Je n'ai pas arrêté de penser à elle et à ses derniers mots…
"Au revoir, grand frère…"
Il s'arrêta un instant et secoua la tête, frustré.
— Aaaah, c'est pas possible ! Pourquoi elle est coincée dans ma tête ?! Allez, sors de là, Élisa !
Il poussa un profond soupir.
— Bon… J'espère que je ne vais pas la croiser aujourd'hui. Il suffit juste que je l'oublie, c'est tout… C'est simple, non ?
Il prit une grande inspiration et reprit sa marche en essayant d'ignorer ce qui s'était passé la veille.
Au lycée
L'établissement était animé comme d'habitude. Les élèves se chamaillaient, discutaient, révisaient… Mais au milieu de cette agitation, Élisa était plongée dans ses pensées, son regard perdu dans son livre de cours.
"Si c'était à refaire, je le referais."
Les mots de Nasser résonnaient dans sa tête. Son visage s'empourpra, et son cœur s'emballa.
— Non, non, non… ! murmura-t-elle en secouant la tête.
Elle tenta de se raisonner :
— Je ne dois pas penser à ça… C'est mon futur frère après tout ! Il m'a juste fait visiter la ville pour me faire plaisir, c'est tout…
De son côté, dans une autre salle
Nasser s'efforçait lui aussi d'ignorer ce qui le troublait. Il croisa les bras et baissa la tête, l'air déterminé.
— Si elle m'a souri, c'est juste parce qu'elle a aimé la balade. En plus, elle m'a appelé grand frère…
Mais malgré lui, un doute s'immisça dans son esprit.
Élisa :
"C'est normal de faire visiter la ville à quelqu'un qui va bientôt rejoindre la famille…"
Nasser :
"C'est ma future sœur, c'est normal…"
Mais alors…
Les deux levèrent brusquement la tête, les yeux écarquillés.
— Pourquoi je pense autant à elle ?!
— Pourquoi je pense autant à lui ?!
Ino entra en trombe dans la salle de classe, courant à toute vitesse dans le couloir avant de hurler :
— Les gars ! Les gars ! C'est chaud !
Toute la salle se tourna vers elle, intriguée et un peu troublée.
Émilie, inquiète, demanda :
— Qu'est-ce qui est chaud ?
Ino, à bout de souffle et visiblement paniquée, répondit :
— Demain... Non, samedi prochain, c'est la journée culturelle !
À cette annonce, la classe explosa de joie. Tout le monde se mit à danser et chanter.
(Note : Les journées culturelles sont l'équivalent des fêtes d'école.)
La déléguée de classe, perplexe, demanda :
— Mais pourquoi tu stresses alors que c'est un événement festif ?
Ino reprit son souffle avant de lâcher la bombe :
— Parce qu'on va affronter l'Académie Atlas !
Un silence glacial tomba sur la classe.
— Quoi ?!
Des murmures affolés fusèrent de toutes parts :
— "Non… Atlas, la plus grande école du pays !"
— "Mais qui les a provoqués ?"
— "Ça doit être le directeur…"
— "On va pas survivre…"
Élisa fronça les sourcils et demanda :
— Attends, pourquoi ils viennent ici ? C'est quoi cette histoire ?
Ino soupira avant d'expliquer :
— C'est le directeur… Il est devenu pote avec leur proviseur, ils traînent ensemble tout le temps. Alors, en bonne commère que je suis, j'ai écouté leur conversation... Et j'ai entendu qu'on allait devoir les affronter dans plusieurs défis !
La déléguée de classe se leva brusquement et s'écria :
— Bon, les amis, je crois que c'est le bon moment pour paniquer !
D'un coup, toute la salle sombra dans la panique générale.
Élisa, elle, soupira en se tenant la tête :
— Encore des problèmes de ouf…
Toute la classe se dirigea vers le rassemblement général avec le moral à zéro.
Élisa avançait lentement dans la foule, complètement déprimée.
— C'est quoi le problème du directeur ? Il veut juste nous voir ridiculisés ou quoi ?! … Et en plus, j'ai faim. J'ai rien mangé pendant la récré…
Elle baissa la tête en soupirant avant d'apercevoir Ino un peu plus loin, dans la cour de l'école. Elle l'appela d'une voix fatiguée :
— Ino !
Ino se retourna et Élisa ajouta :
— J'ai besoin d'un câlin…
Ino, visiblement aussi épuisée, lui répondit :
— Moi aussi… Viens, on se fait un câlin !
Sans réfléchir, Élisa ferma les yeux et avança, les bras grands ouverts. Lorsqu'elle sentit quelqu'un devant elle, elle le serra fort contre elle.
— Merci… J'avais vraiment besoin d'un câlin…
Elle raffermit son étreinte et ajouta avec un soupir satisfait :
— Mmh… C'est bizarre… Ino, depuis quand t'as des abdos ?
Elle tapota doucement le ventre de la personne, intriguée.
— Mais c'est très agréable en vrai… Je sais pas pourquoi, mais j'ai pas envie de te lâcher… C'est le plus beau câlin de ma vie… J'aimerais rester comme ça pour toujours… C'est si agréable…
Puis, un doute la traversa.
— Attends… Des abdos ?
Elle fronça les sourcils et continua à parler, toujours sans ouvrir les yeux :
— Ino, pourquoi tu réponds pas ?
Un détail attira alors son attention : les mains de la personne qu'elle serrait étaient plus grandes… et noires.
Elle se figea.
— Attends… Ino est japonaise, elle a la peau claire… Et elle a pas d'abdos… Alors c'est pas elle… Alors c'est…
Prise d'un terrible pressentiment, elle leva lentement les yeux.
Et là, son regard croisa celui de Nasser, qui la fixait avec un air gêné et complètement figé.
— Na… Nasser…?!
À SUIVRE…
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