Chapitre 5: Le poids d’un nom

Ezran fixait son reflet dans la baie vitrée de son bureau au 32e étage. Son costume gris anthracite était tiré à quatre épingles, sa cravate nouée à la perfection. Pourtant, sous cette apparence contrôlée, une tempête grondait.

Ce matin-là, il avait à peine regardé la femme qu’il venait d’épouser. « Liora Delcourt ». Rien que ce nom lui tordait les tripes. Elle avait osé lui sourire timidement au réveil, comme une sainte faussement douce. Il n’avait pas répondu. Au contraire, il l’avait mise en garde, sans détour. Il n’avait pas la patience pour les mascarades. Et surtout, il n’était pas un pion.

Il avait prononcé ces mots froidement, en l’appelant par ce prénom qui, pour lui, portait déjà le poison de toutes les rumeurs. Puis il avait claqué la porte, bien décidé à passer la journée loin d’elle.

À peine installé dans son fauteuil, son père fit irruption dans son bureau, comme un général dans une caserne.

— Tu pourrais au moins faire semblant, Ezran.

— Bonjour à toi aussi, répondit-il sèchement sans lever les yeux de l’écran.

— Elle est ta femme maintenant. Tu lui dois le respect.

— Cette fille ? Ne me parle pas de respect, père. Tu as entendu ce qu’on raconte d’elle ? C’est une manipulatrice, une enfant gâtée. Elle a fait virer trois gouvernantes en un mois. Elle a humilié son ex en public. Ce n’est pas une épouse, c’est une bombe à retardement.

— Les rumeurs ne sont pas toujours vraies, Ezran. Tu fais erreur sur elle, j’en suis sûr.

— Erreur ? C’est toi qui m’as poussé à cette mascarade ! s’écria Ezran en se levant. Tu veux savoir la vérité ? Je ne l’aime pas. Je ne la connais même pas. Et pire encore, je ne veux rien apprendre d’elle.

Son père le fixa un long moment, avant de secouer la tête et quitter la pièce sans un mot.

Ezran s’effondra dans son fauteuil, exaspéré. Son téléphone vibra. Il décrocha sans même vérifier l’appel.

— Alors ? C’était comment ton mariage avec la vipère ? lança la voix amusée de Marcellus, son meilleur ami.

— Ne commence pas, souffla Ezran.

— Je suis sérieux. T’as vraiment épousé Liora Delcourt ? Tu deviens fou ou quoi ?

— Je n’avais pas le choix. Mais je te jure, Marce, je ne vais pas lui faire de cadeaux. Pas un.

— Garde la tête froide. Cette fille est dangereuse. Elle te fera un scandale à la première contrariété.

— Qu’elle essaye. Ce mariage, c’est un contrat d’un an. Pas un jour de plus.

— Je rentre dans deux mois. J’espère que tu seras encore en vie d’ici là.

Ils échangèrent un rire amer, avant de raccrocher.

Ezran appuya sa tête contre le cuir froid du fauteuil, les yeux fermés. Il aurait voulu que tout cela ne soit qu’un cauchemar. Un bruit précipité dans le couloir le fit rouvrir les yeux. Sa secrétaire cria quelque chose, mais ce fut trop tard.

Une femme entra comme une tempête dans son bureau.

Ses yeux s’ouvrirent aussitôt. Il la reconnut avant même que son parfum ne l’enveloppe.

— Brenda…

Elle était là. En chair, en beauté, et en larmes. Sa robe noire moulait son corps élancé, ses cheveux attachés à la va-vite laissaient échapper des mèches folles. Elle s’effondra dans ses bras comme un cri silencieux.

Ezran la serra sans réfléchir. Il avait rêvé de ses bras. De sa voix. De ses larmes… mais jamais comme ça.

— Dis-moi que ce n’est pas vrai, murmura-t-elle contre sa chemise. Dis-moi que tu n’as pas fait ça.

Il voulut parler, mais sa gorge se noua. Il ferma les yeux, un instant.

— C’était un arrangement, Brenda. Un contrat familial. Un an. Un an et je divorcerai.

Elle le repoussa d’un geste rageur.

— Un an ? Tu crois que ça va me suffire ? Tu crois que je vais attendre comme une idiote pendant que tu joues à la poupée avec cette fille ?

— Il ne se passera rien avec elle. Je te le jure. Ce n’est qu’un nom sur un papier.

— Elle t’a quand même passé la bague au doigt.

— Et elle peut la garder, cette bague. Elle ne m’aura jamais, pas vraiment.

Brenda essuya ses larmes, le regard dur.

— Je t’aime, Ezran. Mais je ne partagerai jamais.

Il resta figé, incapable de répondre. Quand elle quitta le bureau en claquant la porte, il sentit son monde se fissurer un peu plus.

Il avait tout perdu pour un mariage auquel il n’avait jamais cru. Et maintenant, il allait devoir vivre un an sous le même toit qu’une femme qu’il haïssait… sans savoir qu’elle n’était même pas celle qu’il croyait.

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