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CROWNED BY THE VOID

PROLOGUE

PROLOGUE — Les Cendres du Trône

Kurosawa.

Une ville qui ne dort jamais, mais qui rêve toujours de pouvoir.

Sous ses néons tremblants et ses enseignes criardes, l’air sent la pluie, la sueur et la peur.

C’est ici qu’un garçon sans nom apprit que la pitié est un luxe réservé aux morts.

Ryo n’était pas destiné à régner.

Il n’avait ni famille, ni toit, ni avenir.

Il avait seulement deux poings, un regard qui ne fuyait jamais et une volonté assez dure pour briser l’acier.

La rue fut son berceau et son champ d’entraînement.

Elle lui apprit à survivre, mais surtout, à observer.

Chaque geste, chaque silence, chaque mensonge devenait pour lui une leçon.

Et de ces leçons, il forgea un code :

> « La force ne naît pas du sang, mais de la certitude. »

---

À douze ans, il menait déjà une bande d’orphelins.

À quinze, il commandait le respect de criminels adultes.

À dix-huit, il avait un nom — Ryo Tenshima — offert par un vieil homme qui voyait en lui autre chose qu’un voleur.

Le vieil homme mourut deux semaines plus tard, poignardé pour une dette impayée.

Ce jour-là, Ryo cessa de croire au hasard.

Il gravit les échelons du monde souterrain comme un fantôme.

Aucun gang ne le voulait, alors il bâtit le sien.

Ce fut d’abord un refuge pour les sans-noms, puis une armée.

Ils se faisaient appeler Black Heel, car leur symbole n’était ni un serpent ni une griffe — mais une empreinte laissée sur les ruines des autres.

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Ryo devint une légende vivante.

Certains disaient qu’il ne dormait jamais, qu’il voyait dans le noir, qu’il pouvait sentir la peur comme d’autres sentent la pluie.

Mais lui savait qu’il n’avait rien d’un monstre.

Il n’était qu’un homme qui refusait de tomber.

> « Pour protéger quelque chose, il faut être prêt à tout écraser. »

C’était sa vérité, dure et simple.

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Au milieu du tumulte de Kurosawa, un seul nom revenait toujours à ses côtés :

Kaito Arashi.

Son ombre, son miroir, son frère.

Ils avaient grandi ensemble, partagé le même toit troué, les mêmes blessures, les mêmes rêves.

Ryo frappait avec la tête, Kaito frappait avec le cœur.

Et c’est ce mélange — raison et passion — qui fit d’eux des rois.

Sous leur commandement, le chaos devint ordre.

Les trafics furent régulés, les guerres de clans cessèrent.

La ville respirait à nouveau, même si c’était sous la botte du Black Heel.

Les habitants murmuraient leurs noms, parfois avec crainte, parfois avec gratitude.

---

Pourtant, plus un royaume prospère, plus les fissures s’y creusent.

Le pouvoir engendre l’envie.

Et même parmi les frères, il y a des yeux qui calculent dans l’ombre.

Ryo, lui, ne voyait rien de cela.

Il croyait en Kaito.

Plus qu’en lui-même.

Peut-être parce qu’il avait besoin de croire que quelqu’un d’autre pouvait comprendre son fardeau.

Mais chaque roi ignore le poignard qui se forge derrière son trône.

---

Une nuit, Ryo resta seul sur les hauteurs de Kurosawa.

La ville brillait sous lui, immense et silencieuse.

Il contempla les lumières comme on contemple un champ de bataille.

Chaque enseigne, chaque lueur, chaque ombre — tout cela lui appartenait, et pourtant rien ne lui appartenait vraiment.

La pluie commença à tomber.

Fine d’abord, puis violente.

Il ferma les yeux et murmura, presque pour lui-même :

> « Si un jour je tombe, je veux que ce soit sous cette pluie. Qu’elle lave ce que j’ai construit, et qu’elle me prenne avec elle. »

Il ne savait pas encore qu’il venait de prédire sa propre fin.

---

Kurosawa continua de tourner, indifférente à ses rois, à ses guerres, à ses morts.

Et quelque part, au cœur de cette nuit, un destin venait de s’écrire — celui d’un homme qui allait perdre le monde pour mieux en découvrir un autre.

Car au bout de chaque règne… il y a un vide.

Et c’est dans ce vide que Ryo Tenshima allait renaître.

---

Le Roi Déchu

La pluie tombait sans fin sur Kurosawa, capitale du pays de Tenshoku.

Les néons coloraient la nuit de reflets bleus et rouges, glissant sur les flaques d’eau et le sang mêlés.

Sous ce ciel noyé de lumière, la ville vibrait au rythme des cris et du métal.

Dans une ruelle étroite, les coups s’enchaînaient.

Des chaînes sifflaient, des battes s’abattaient, les corps heurtaient les murs.

Le vacarme emplissait l’air comme une symphonie de rage.

Deux gangs se déchiraient pour le contrôle du district nord : les Razor Fangs et les Black Heel.

La pluie s’écrasait sur les visages, effaçant la frontière entre sueur et sang.

Les corps tombaient, les armes glissaient, les cris s’étouffaient dans la boue.

Puis, soudain… le vacarme cessa.

Un silence lourd tomba.

Même la pluie sembla suspendre sa chute.

Là, au bout de la ruelle, une silhouette venait d’apparaître.

Grande. Droite. Impassible.

Sous le halo vacillant d’un lampadaire brisé, son manteau noir luisait sous l’averse.

Ses yeux d’un gris acier perçaient la brume.

Chaque pas qu’il fit résonna comme une sentence.

Un murmure parcourut les rangs :

— Tenshima Ryo...

Ce nom fit frissonner les cœurs.

Chef du Black Heel, Ryo n’était pas seulement un homme : il était une légende.

On disait qu’il avait conquis Kurosawa par la peur, et que même la police préférait détourner le regard.

Certains le voyaient comme un roi sans trône.

D’autres comme un démon vêtu de chair.

Il avança d’un pas lent, méthodique.

Ses bottes claquaient sur le bitume trempé.

Les regards se baissèrent à son passage.

— Qu’est-ce que vous attendez ?! hurla un membre des Razor Fangs.

— Tuez-le !

Ce fut le signal.

Le chaos reprit vie.

Les silhouettes bondirent. Les cris jaillirent.

Mais Ryo bougea avant même qu’ils ne le touchent.

Un coup de poing fendit l’air.

Une mâchoire se brisa.

Une chaîne s’enroula autour de son bras — il tira d’un geste sec, et un hurlement suivit.

Son genou percuta un torse.

Un crâne heurta le mur.

Il se mouvait comme une tempête silencieuse.

Chaque mouvement était précis.

Chaque coup, une exécution.

Les Razor Fangs tombaient un à un, incapables de suivre.

Les cris s’éteignaient sous la pluie.

Et quand tout fut terminé, seul le son de l’eau demeura.

Ryo resta debout, le souffle calme.

Autour de lui, les corps gisaient dans la boue.

La pluie effaçait le sang, comme si rien n’avait existé.

Les membres du Black Heel s’avancèrent, haletants mais victorieux.

— Ryo-sama ! Victoire !

— Les Black Heel règnent encore !

Ryo leva la main.

Le silence tomba aussitôt.

Son autorité ne venait pas de la force… mais de ce regard.

Il essuya le sang sur sa joue et se tourna vers un homme s’approchant calmement :

Kaito Arashi.

Son bras droit.

Son frère d’armes.

L’unique homme en qui il avait confiance.

Kaito, son égal en esprit et en loyauté.

Ils avaient grandi ensemble dans la misère, forgés par les coups et la rue.

Deux orphelins qui avaient bâti un empire sous la pluie de Kurosawa.

Ryo esquissa un sourire.

— On dirait qu’on reste les rois du jeu, hein, Kaito ?

Kaito hocha la tête, un mince sourire aux lèvres.

— Ouais… comme toujours, boss.

Ils restèrent un instant immobiles, complices.

Mais dans le regard de Kaito, quelque chose vacilla.

Une lueur trouble, fugace.

Un poids invisible.

Ryo ne la vit pas.

Il se détourna, observant ses hommes.

Le tonnerre gronda.

La pluie redoubla.

Et soudain… la douleur.

Brutale. Inattendue.

Une chaleur vive dans son dos.

Il baissa les yeux.

Une lame d’acier traversait sa poitrine.

Le monde sembla s’arrêter.

— Kaito… ?

Sa voix n’était plus qu’un souffle.

Kaito le fixait, le regard froid, presque vide.

— Même les rois doivent tomber un jour, dit-il calmement.

— C’est la loi du trône.

Le sang de Ryo se mêlait à la pluie.

Il chancela, mais sourit faiblement.

— La trahison… est la seule lame… qui ne rouille jamais.

Son corps s’effondra dans la flaque rouge.

La pluie tomba encore, lavant lentement les traces de son règne.

Le roi de Kurosawa venait de mourir.

Trahi par son propre frère d’âme.

---

Un éclair déchira le ciel.

Puis le silence.

Ryo rouvrit brusquement les yeux.

Son corps tremblait.

Son souffle résonnait dans l’air chaud et humide.

Il n’était plus à Kurosawa.

Le béton avait disparu.

Sous lui, de la terre.

Autour, une forêt gigantesque.

Des arbres si hauts qu’ils semblaient toucher le ciel.

Des plantes luminescentes flottaient entre les racines.

Des cris monstrueux résonnaient au loin.

Il se redressa lentement.

— Où… où je suis ?!

Son cœur battait à tout rompre.

Il porta la main à sa poitrine.

Aucune blessure.

Son corps… était intact.

Ses muscles paraissaient plus forts.

Son souffle plus profond.

Ses sens plus vifs.

— Non… c’est impossible.

Je suis mort.

Je l’ai senti.

Un rugissement lointain fit trembler le sol.

Ryo se figea.

Ses poings se serrèrent.

L’instinct reprit le dessus.

Il leva les yeux vers la canopée et murmura :

— Peu importe où je suis…

Je redeviendrai le roi.

Même dans ce monde.

---

Ainsi débuta la légende du Roi Déchu —

l’homme trahi par la lame d’un frère,

et couronné à nouveau par le néant.

Survie

L’air était lourd, presque étouffant.

La forêt semblait respirer, comme un être vivant.

Des halos de lumière filtraient à travers la cime des arbres, dessinant des motifs dorés sur la mousse.

Ryo avança lentement, encore désorienté.

La douleur de la trahison, l’image du poignard dans sa poitrine… tout était encore là.

Mais son corps n’avait plus de blessure.

Son cœur, lui, battait fort, terriblement fort.

Il posa la main contre un arbre, cherchant à retrouver son équilibre.

> — C’est pas un rêve, hein… murmura-t-il, la voix tremblante.

Le vent souffla, portant avec lui une odeur de terre humide et de sang.

Une odeur qui ne lui plaisait pas.

Dans son ancienne vie, l’instinct de survie l’avait toujours protégé.

Et là, il sentait… quelque chose.

Quelque chose qui l’observait.

Il serra les poings, écoutant.

Pas un bruit d’oiseau, pas un insecte.

Rien que le murmure du vent.

Puis, un craquement.

Un autre.

Un souffle rauque.

Ryo recula d’un pas.

Entre deux troncs, il vit deux yeux jaunes luire dans la pénombre.

Des griffes grattèrent le sol, un grondement monta.

Puis la bête sortit de l’ombre.

Un monstre massif, quadrupède, au corps recouvert d’écailles d’onyx.

Ses crocs luisaient comme des lames d’acier, sa crinière formait des piques osseuses.

Un Luphar.

Ryo le fixa, incrédule.

— T’es pas réel… chuchota-t-il.

Mais la créature grogna, et la terre trembla.

La réalité le gifla.

Il tenta d’analyser la situation : aucune arme, aucun repère, juste un corps qu’il ne connaissait plus.

L’idée de combattre cette chose relevait de la folie.

Mais la fuite ? Impossible.

La bête lui bloquait toute issue.

Le Luphar avança, lentement, comme pour savourer sa proie.

Ryo sentit son instinct reprendre le dessus.

Ses muscles se tendirent.

Il inspira profondément.

La bête bondit.

Il plongea sur le côté, roulant dans la boue.

Une patte griffue frôla son visage, laissant une entaille sur sa joue.

La douleur était vive.

Trop vive pour un rêve.

> — Merde… il veut vraiment me bouffer !

Il esquiva une nouvelle charge, trébucha, se releva à temps pour éviter les crocs.

Son souffle s’accéléra.

Son cœur tambourinait.

Il n’avait jamais affronté un monstre.

Des hommes, oui.

Des gangs, des armes, la mort, il connaissait.

Mais pas ça.

Pourtant, quelque chose bouillonnait en lui.

Une énergie qu’il n’avait jamais ressentie.

Chaque fois que son regard croisait celui du monstre, une étrange vibration traversait son corps.

Il ne savait pas ce que c’était — mais elle réagissait à sa volonté de survivre.

Le Luphar bondit encore.

Ryo esquiva d’un pas latéral et, d’un réflexe pur, frappa.

Son poing percuta la mâchoire de la bête avec une force qu’il ne se connaissait pas.

Le monstre recula, grognant.

Ryo resta figé.

> — Qu’est-ce que…

Il baissa les yeux sur sa main.

Aucune douleur.

Aucun os fracturé.

Mais la terre autour de lui vibrait.

Comme si une onde invisible venait de jaillir de son poing.

Le Luphar rugit, furieux, et fonça de nouveau.

Ryo leva les bras, prêt à encaisser.

Et à cet instant, sans le vouloir, il vit.

Des éclairs de lumière traversaient le corps du monstre, dessinant un réseau d’énergie.

Il ne comprenait pas comment, mais il voyait ses mouvements avant qu’ils ne viennent.

Son esprit se vida.

Son corps bougea seul.

Il esquiva la griffe, frappa dans le flanc, et d’un mouvement circulaire, balaya la jambe arrière.

Le Luphar s’effondra sur le côté, hurla.

Ryo, haletant, regarda la scène, incapable de croire ce qu’il venait de faire.

Une énergie brûlante montait en lui, pulsant dans ses veines.

Et dans son esprit, un écho : la sensation d’avoir… pris quelque chose.

Comme si une part du monstre lui appartenait désormais.

Le combat reprit, plus violent encore.

Ryo se battait avec l’instinct d’un animal acculé.

Chaque coup du Luphar faisait trembler le sol ; chaque contre de Ryo laissait une traînée de sang noir.

Enfin, dans un dernier mouvement, il esquiva une charge et frappa sous la gorge de la bête.

Un craquement sourd retentit.

Le monstre s’effondra, inerte.

Ryo recula, haletant.

Son souffle faisait trembler sa poitrine.

La peur, l’adrénaline, la douleur — tout se mélangeait.

Il tomba à genoux.

> — Qu’est-ce qui m’arrive… ?

Il leva la main.

Une lueur sombre dansait sur sa peau avant de s’éteindre.

Il avait changé.

Et il le savait.

Mais il n’était pas en position de comprendre.

Pas encore.

Il se releva, jeta un dernier regard au corps du Luphar et murmura :

> — Si ce monde veut ma mort… alors qu’il vienne me la prendre lui-même.

Puis il s’enfonça un peu plus dans la forêt, ignorant que son odeur, son énergie, et ce meurtre allaient attirer bien pire.

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