La lune d’Halloween flotte comme une grosse orange trop mûre, prête à éclater en jus de citrouille.

Dans Kabocha-Ville, les rues puent le caramel cramé, la barbe à papa fondue et les hurlements joyeux des gamins déguisés en zombies fluo. Les guirlandes de toiles d’araignée en guimauve collent aux lampadaires, et les citrouilles-lanternes font des grimaces électriques.

Léo surgit du ciel en vrille.

Son balai-brosse (un manche à balai volé à la concierge, customisé avec des stickers squelettes et un klaxon de vélo) freine en dérapage parfait sur la place centrale.

12 ans, cape de supermarché trop grande qui traîne par terre, chapeau pointu en carton alu froissé, et un sourire de requin qui a avalé un paquet de blagues.

Il saute, atterrit en roulade, se relève d’un bond.

« Cette année, LE CONCOURS DU MEILLEUR COSTUME EST À MOI ! »

Il brandit un sac en toile de jute vide, comme un trophée.

« J’ai besoin de six citrouilles vivantes. Pas des trucs mous du supermarché. Des vraies, qui bougent, qui grognent, qui font peur… et rire ! »

Derrière lui, ses cinq copines sorcières – les Mini-Maudites – débarquent en troupeau, bras croisés, balais en bandoulière :

• Lili, la chef autoproclamée, chapeau trop grand qui lui tombe sur les yeux :
« T’as pas intérêt à piquer les nôtres, Léo ! J’ai passé trois jours à les faire pousser avec de la potion de croissance express ! »

• Zoé, la cerveau, lunettes rondes et livre de sorts sous le bras :
« Et la règle de Mamie Citrouille ? Tu sais, celle gravée sur la pierre tombale en forme de bonbon ? »

• Mia, la drama queen, cape violette et larmes de crocodile :
« ‘Jamais les six ensemble’, sinon… catastrophe ! »

• Nina, la sportive, balai en position de hockey :
« Ouais, et la dernière fois, t’as transformé le chat du voisin en citrouille. Il miaule encore en orange. »

• Sasha, la muette, fait des signes rapides : citrouille + explosion + Léo en prison.

Léo lève les yeux au ciel.

« Superstitions de vieux os pourris. Regardez les pros à l’œuvre ! »

Il claque des doigts.

POUF !

Nuage de fumée verte pomme, odeur de menthe chimique.

Léo disparaît.

Une seconde.

Deux secondes.

RE-POUF !

Il réapparaît au milieu des Mini-Maudites, les bras chargés de cinq citrouilles qui se tortillent comme des vers géants.

• Une fait des bulles de savon.

• Une rote des confettis.

• Une chante « Joyeux Halloween » en fausse voix.

• Une essaie de mordre la cape de Lili.

• La dernière… dort, ronfle, et bave du sirop d’érable.

« VOLÉES ! » hurlent les filles en chœur.

Lili : « Rends-les ! »

Léo : « Trop tard, elles m’adorent déjà ! »

Il court vers le cimetière-jardin d’attractions du village : tombes en plastique qui s’ouvrent avec des « BOO ! » enregistrés, fantômes en mousse qui dansent la macarena, squelettes en carton qui font des selfies.

Entre deux pierres tombales en forme de bonbons géants, il repère la sixième.

Pas orange.

Noire comme l’encre.

Surface lisse, sourire gravé au couteau… et elle rit toute seule.

« Hihihi… hihihi… »

Un rire de gorge, comme un vieux jouet cassé.

Léo s’accroupit, fasciné.

« T’es parfaite. T’es la star du spectacle. »

Il la soulève. Elle est lourde. Chaude.

Elle pulse.

Comme un cœur.

Il revient sur la place en courant, la citrouille noire sous le bras.

Les Mini-Maudites l’attendent, furieuses.

« Léo, ARRÊTE ! »

« C’est celle de Mamie Citrouille ! »

« Elle est maudite ! »

Léo les ignore.

Il aligne les six citrouilles en cercle parfait sur le pavé.

Les cinq volées gigotent.

La noire… fixe Léo.

Ses yeux gravés brillent d’une lueur rouge.

Léo sort une allumette magique de sa poche – celle qui fait des étincelles en forme de crânes rieurs.

Il se tourne vers la foule qui commence à s’amasser : gamins, parents, sorciers amateurs, tous excités.

« Mesdames, messieurs, monstres et bonbons !

Préparez-vous au PLUS GRAND HALLOWEEN DE L’HISTOIRE ! »

Il gratte l’allumette.

Fssssssss…

La première flamme touche la première citrouille.

CLIFFHANGER :

La citrouille cligne de l’œil.

Ses lèvres gravées s’étirent.

Et elle murmure, d’une voix rauque et joyeuse :

« T’es sûr que t’en veux six… ou juste une blague qui te bouffe ? »

À suivre…

Allumage Express et Boum Clowns Orange

Fssssssss…

La flamme de l’allumette crâne-danseur touche la première citrouille – celle qui rote des confettis.

PLOUF !

Elle gonfle comme un ballon de baudruche.

Sa peau orange se craquelle.

Un clown zombie en sort en moonwalk :

• Chapeau melon trop petit.

• Nez rouge qui clignote.

• Sourire peint jusqu’aux oreilles.
Il lance une poignée de bonbons explosifs.
BANG ! BANG ! BANG !
Confettis partout. Les gamins hurlent de joie.

Léo, triomphant :

« UN ! Qui dit mieux ? »

Les Mini-Maudites paniquent.

Lili : « Éteins ça ! »

Zoé feuillette son grimoire à toute vitesse :

« Page 666… ‘Citrouilles vivantes \= chaos comique’… oh non. »

Léo gratte la deuxième allumette.

Fssssssss…

La citrouille qui chante.

BOUM !

Un clown fantôme transparent, costume à rayures, sort en faisant des bulles de savon géantes.

Il attrape Mia par la cape et la fait tourner comme une toupie.

Mia : « Aaaaah ! Je vais vomir des arc-en-ciel ! »

Léo rit aux éclats.

« DEUX ! C’est du lourd ! »

Troisième allumette.

Fssssssss…

La citrouille qui mord.

CRAC !

Un clown squelette en smoking déchiré surgit, brandissant une scie rouillée.

Il coupe l’air en « ZZZZZ ! »… et tranche accidentellement la queue de cheval de Nina.

Nina : « MES CHEVEUX ! »

Le clown : « Oups ! Cadeau ! »

Il lui offre un nœud en os.

Quatrième.

Fssssssss…

La citrouille qui dort.

SPLATCH !

Un clown glouton obèse, ventre en citrouille, sort en rotant du sirop d’érable.

Il avale le sac de bonbons de Sasha d’un coup.

Sasha signe : rembourse.

Le clown rote : « Goût citrouille-caramel ! »

Cinquième.

Fssssssss…

La citrouille qui fait des bulles.

POP ! POP ! POP !

Un clown aquatique en scaphandre orange, avec un bocal sur la tête, nage dans l’air.

Il arrose Zoé avec un pistolet à eau… rempli de slime fluo.

Zoé : « Mon grimoire ! Il fond ! »

Léo, en transe :

« CINQ ! On y est presque ! »

La foule applaudit, filme avec des balais-selfies.

Les Mini-Maudites forment un barrage.

Lili : « LA SIXIÈME, LÉO ! C’EST LA MAUDITE ! »

Léo regarde la citrouille noire.

Elle ne rit plus.

Elle respire.

Ses yeux rouges pulsent.

Il hausse les épaules.

« Allez, pour la gloire ! »

Dernière allumette.

Fssssssss…

La flamme touche la mèche.

SILENCE.

Un silence de tombe.

Même les clowns se figent.

Puis…

CRAC-CRAC-CRAC.

La citrouille noire se fissure.

Comme une coquille d’œuf géante.

Une main blanche en sort.

Puis une deuxième.

Puis une tête.

C’est un garçon.

13 ans max.

Cheveux en bataille.

Costume de clown… déchiré, taché de boue.

Il connaît Léo.

Il ouvre la bouche.

Pas de rire.

Juste un mot :

« Salut, petit frère. »

Léo recule.

La foule retient son souffle.

Le garçon-clown sourit.

Mais ses yeux sont vides.

« Tu m’as oublié l’an dernier.

J’étais la sixième citrouille.

Maintenant… c’est ton tour de faire le clown. »

Les cinq autres citrouilles se retournent.

Elles gonflent.

Devenues géantes.

Leurs bouches s’ouvrent comme des trappes.

CLIFFHANGER :

La première avale Léo d’un coup.

Il disparaît dans la pulpe orange.

On n’entend plus que sa voix, étouffée :

« Attends… c’est pas drôle ! »

Les Mini-Maudites hurlent.

Les clowns rient.

Et la citrouille noire cligne de l’œil.

À suivre…

Léo tombe dans la pulpe tiède et collante de la citrouille géante.

C’est comme plonger dans un smoothie orange géant.

Il glisse, se rattrape à une graine géante qui fait « plop ».

Autour de lui : un cirque en citrouille.

• Trapèzes en pépins.

• Piste en zeste.

• Public : des fantômes-clowns miniatures qui applaudissent avec des ballons en forme de crâne.

Au centre, sur un trône de paille de citrouille, trône son grand frère, Tom.

13 ans, mais vieilli d’un an de noir.

Costume déchiré, maquillage coulant, couronne en feuilles mortes.

Tom lève une main.

« Bienvenue au Grand Rire Hanté, petit frère. »

Léo, couvert de jus :

« Tom ? T’étais… mort ? Disparu ? En vacances ? »

Tom rit, mais c’est un rire cassé.

« L’an dernier, tu m’as laissé allumer cinq citrouilles.

J’étais la sixième.

Elles m’ont gardé.

Maintenant, je suis le Roi des Blagues Pourries. »

Il claque des doigts.

Les cinq autres citrouilles s’ouvrent comme des portes.

Les Mini-Maudites tombent dedans, une par une :

• Lili dans la citrouille-confettis → bombardée de serpentins.

• Zoé dans la slime → son grimoire devient pâte à modeler.

• Mia dans la bulles → elle flotte, hurle, tourne en toupie.

• Nina dans la mordante → poursuivie par des dents en guimauve.

• Sasha dans la gloutonne → le clown obèse lui vole ses bonbons.

Léo : « OK, c’est une blague. On sort comment ? »

Tom pointe une pancarte lumineuse :

RÈGLE DU CIRQUE :

FAIS RIRE UN FANTÔME → IL TE LIBÈRE.

FAIS RIRE LE ROI → TOUT LE MONDE SORT.

Léo sourit.

« Facile. Je suis le roi des farces. »

PREMIER DÉFI :

Un fantôme-clown bedonnant, ventre en ballon.

Il gonfle, gonfle… prêt à exploser.

Léo sort une blague magique :

« Pourquoi les citrouilles ne se disputent jamais ? »

Le fantôme : « …? »

« Parce qu’elles n’ont pas de tripes ! »

PFFFFFFF…

Le fantôme dégonfle en riant, devient un petit nuage de confettis.

UNE PORTE S’OUVRE.

Lili sort, couverte de serpentins.

« Pas mal… pour un voleur. »

DEUXIÈME DÉFI :

Un clown-squelette qui jongle avec ses os.

Léo : « T’as perdu une côte ? »

Squelette : « Non. »

Léo : « Pourtant, t’as l’air désossé ! »

CRAC !

Les os tombent. Le squelette rit aux larmes (des larmes de sirop).

Nina sort, furieuse mais libre.

TROISIÈME, QUATRIÈME, CINQUIÈME…

Léo enchaîne les blagues nulles :

• « Pourquoi le fantôme est-il mauvais en mensonge ? Parce qu’on voit à travers ! »

• « Qu’est-ce qu’une citrouille dit à une autre ? T’es ma moitié ! »

Les Mini-Maudites sortent une à une, hilares malgré elles.

Reste Tom.

Il ne rit pas.

Il regarde Léo.

« Une blague pour moi, petit frère.

Une vraie.

Pas une farce. »

Léo baisse les yeux.

Il sort une photo de sa poche :

Lui et Tom, l’an dernier, déguisés en duo.

Tom avait dit : « On fera les six l’année prochaine. »

Léo, la voix tremblante :

« Je t’ai pas oublié.

J’ai juste… eu peur.

Peur que tu sois vraiment parti. »

Silence.

Puis Tom sourit.

Pas un sourire de clown.

Un vrai.

« T’es con. »

Il rit.

Un rire franc, comme avant.

BOUM !

Toutes les citrouilles éclatent en confettis oranges.

Le cirque disparaît.

Léo et Tom tombent sur la place.

Les Mini-Maudites les entourent.

La foule applaudit.

Tom : « T’as gagné le concours… et moi. »

Léo : « Et les citrouilles ? »

Les débris orange se reforment.

Six petites pousses.

Elles clignent de l’œil.

CLIFFHANGER :

Une septième pousse, plus noire, murmure :

« Prochaine année… sept farces ? »

À suivre…