Dans une famille où le pouvoir est acquis dans l'ombre et où le secret doit être préservé à tout prix, Ritsu et Rutsu sont les prochaines figures de la lignée KILER. Ritsu, l'Héritier au cœur de glace. Rutsu, la Reine et Gardienne du Code.

Leur formation est implacable. Les Kiler vivent par des règles et des traditions sanglantes, ne cherchant qu'à forger des dirigeants dénués de sentiments. Leur seul devoir : assurer la prospérité du clan, quel que soit le coût.

Entre ces deux cousins, la question n'est pas la loyauté, mais la survie : doivent-ils s'entraider pour changer le système, ou s'utiliser pour régner ?

Sur l'une des collines non loin de la ville, le vent soufflait fort dans cette nuit sans lune, sans étoiles. Un jeune garçon et sa tante, admiraient les lumières des bâtiments au loin. Le temps annonçait un orage, la tante aurait pu proposer de rentrer, mais elle avait une autre idée en tête. L'idée de se débarrasser de ce gamin qui lui rappelait sa défaite d'autrefois. Elle le poussa du haut de la falaise.

L'enfant sans défense, tombait lentement, sous le sourire satisfait de sa tante.

Ritsu se réveilla brusquement de son lit. Il regarda autour de lui, il était dans sa chambre, en sécurité. Il venait de faire un long rêve sur son passé, onze ans auparavant, le visage de sa tante qu'il s'était forcé à oublier après sa disparition en dérobant le bijou le plus précieux de la famille. Il se sentait lourd, le poids qu'il portait aux épaules manquait de le faire crouler. Il se leva du lit et se dirigea vers son petit bureau à côté de la fenêtre. Rien n'avait changé, personne n'était entré. Il lâcha un soupir de soulagement avant d'enfiler sa tenue et de prendre son sac.

À l'arrêt de bus, Ritsu attendait le prochain car. Quand celui vint, il était presque complet, mais Ritsu trouva une place à côté d'un autre garçon qui avait l'air d'avoir le même âge que lui. Le garçon, blond et les traits détendus, avait des yeux d'un bleu profond et tranquille, une surface apaisée qui n'invitait pas à la méfiance. Ritsu, lui, portait le poids de son héritage jusque dans son allure : des cheveux d'un noir absolu encadrant un regard bleu ciel qui, même à cet instant, ne reflétait rien, comme un ciel d'hiver.

— Je m'appelle Théo, enchanté. Dit le garçon d'un ton amical.

— Ritsu.

— Je vois que nous faisons la même école, vu la tenue que tu portes. Répliqua Théo, décidé de maintenir la conservation malgré la réponse directe de Ritsu.

— Oui.

— Quelle classe ? Moi je fais la première.

— Pareil.

— Dans ce cas on peut être amis ? Je suis nouveau en ville et je suis un peu perdu avec tous ces quartiers.

— Non.

L'atmosphère devint glaciale. Les autres passagers du bus sentaient aussi le malaise et la tension. Théo décida de ne pas tenir plus longtemps la conversation.

Il y eut un long silence, brisé seulement par le bruit des pneus sur le bitume. Théo ne le regardait plus. Mais Ritsu, lui, continuait d'analyser le garçon. Trop poli, trop engageant, trop attentif. Ritsu était conditionné à la trahison ; pour lui, l'amitié sincère était la plus dangereuse des armes. Cette méfiance, il savait qu'elle était sans doute irrationnelle, la simple déformation du monde par les KILER, mais il ne pouvait pas la désactiver.

À la pause, Ritsu se dirigea vers son casier, il s'arrêta juste devant, ne l'ouvrant pas immédiatement. Il l'observait dans le silence, dans une posture assurée, celle habituelle, qui attirait toujours le regard des autres filles. Ne trouvant rien d'anormal , il l'ouvrit. C'était une grave erreur. À peine la porte du casier ouverte, que Ritsu perdit connaissance.

Quelques heures plus tard, il se réveilla sur un lit d'hôpital, l'urgence était telle que l'infirmerie de l'école n'y pouvait pas grand-chose. À peine il se redressa qu'un docteur entra dans la salle, sueur au front, les yeux pleins d'inquiétude.

— Ne forcez pas vos mouvements M. KILER, votre état n'est pas encore stable.

— Combien de temps cette fois-ci ? Dit Ritsu, la voix calme, sans une lueur de surprise, ni de crainte.

— Environ cinq heures.

Ritsu se leva du lit et se rhabilla, il prit son sac qui se trouvait au pied du lit.

— Envoyez-moi des documents à la maison, dit-il avant de sortir.

Deux heures, c'est le temps qu'il a fallu à Yosuke, le meilleur ami de Ritsu, pour faire le déplacement. Il a dû trouver une excuse en or pour pouvoir quitter la résidence familiale, ce monde à part, avec ses règles et traditions, entièrement équipée. On ne peut la quitter sans permission ni en dehors du couvre-feu. Les rares personnes à l'avoir pu visiter l'ont toujours comparé comme une petite ville, rien n'y manquait et il semblait y faire bon vivre.

Ritsu avait reçu les documents et s'était procuré un échantillon de la substance qui l'avait fait perdre connaissance et les remis à Yosuke. Celui-ci ne se déplaçait jamais sans son matériel, il avait tout ce qu'il lui fallait pour l'analyse. Ritsu s'installa à côté, regardant son ami travailler, toujours avec cet air sérieux et froid, pourtant étant plus jeune que lui d'un an. Il est distant, son visage n'affiche aucune émotion à part de l'indifférence à tout et rien.

En voyant Yosuke manipuler la substance avec une seringue, les souvenirs de la souffrance refont surface.

Ritsu se souvenait des expériences horribles que subirent Yosuke depuis sa tendre enfance. À peine avait-il six ans, qu'il subit des atrocités. Elles visaient à modifier génétiquement son sang pour qu'il soit immunisé contre toute sorte de toxines et toute autre substance nuisible. L'expérience aurait pu s'arrêter là mais cela allait jusqu'à faire de son sang le principal ingrédient de leur nouveau poison mortelle ainsi que son antidote unique. Les résultats étaient si parfaits qu'ils visèrent à rendre son sang le remède miracle à toute maladie, encore une fois ce fut un succès.

Sous les tortures et ses moments horribles gravés dans sa mémoire, le sourire de Yosuke s'était naturellement effacé, laissant place à ce regard glacial, qui le suit n'importe où.

Le bruit de la mallette de Yosuke fit revenir Ritsu à lui. Il sentait la rage montée en lui.