‎💖 Prologue — Les Jumeaux de la Prophétie

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‎La nuit pesait sur le royaume comme une chape de plomb. Le ciel, chargé d’éclairs, grondait avec une colère presque humaine. Chaque coup de tonnerre faisait trembler les vitraux du château, comme si la tempête annonçait la tragédie à venir.

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‎Dans une salle obscure, les flammes vacillantes de torches creusaient des ombres inquiétantes. Au centre, une vieille prêtresse, courbée par le poids des ans, se tenait devant deux berceaux jumeaux. Ses yeux voilés par l’âge brillaient d’une clarté surnaturelle. Quand elle parla, sa voix chevrotante prit des accents de tonnerre :

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‎— Ces enfants portent l’espoir… ou la ruine. Ils sauveront les trois races, ou les réduiront en cendres.

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‎Ses mots résonnèrent, lourds comme un jugement irrévocable. Dans les berceaux, deux nourrissons dormaient, inconscients de la prophétie. Le garçon remuait faiblement, ses poings serrés comme pour se battre contre des ennemis invisibles. La fillette, elle, paraissait sereine, ses traits lumineux comme marqués du sceau de la pureté.

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‎Un homme, tapi dans l’ombre, les observait. C’était l’oncle des enfants, frère du roi, son visage dur sculpté par l’amertume. Ses yeux ne reflétaient ni tendresse ni fierté, mais une avidité glaciale. Ses poings se crispèrent tandis qu’un sourire amer étirait ses lèvres.

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‎— Tant que vous respirez… mon fils n’aura jamais la couronne, murmura-t-il d’une voix sifflante.

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‎Il s’approcha lentement, ses pas résonnant sur la pierre. Son regard se posa sur la petite fille. Une lumière invisible semblait jaillir d’elle, fragile mais éclatante, et cela attisa sa haine.

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‎Alors, dans un souffle empoisonné de magie interdite, il leva la main. L’air s’épaissit, saturé d’une noirceur suffocante. Des ombres rampantes s’enroulèrent autour du berceau de l’enfant. En un instant, la fillette disparut, avalée par un voile d’obscurité.

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‎Le garçon ouvrit brusquement les yeux. Ses bras minuscules se tendirent vers le vide, appelant sa sœur d’un cri déchirant. Ses pleurs emplirent la salle comme une plainte insoutenable. La prêtresse sentit son cœur se briser.

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‎Elle tomba à genoux, ses larmes coulant librement, son souffle court mêlé au fracas de l’orage. Ses mains tremblantes se joignirent tandis qu’elle murmurait avec désespoir et certitude :

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‎— Le lien des jumeaux ne peut être détruit… Un jour, ils se retrouveront. Et ce jour-là, le monde tremblera.

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‎Ses mots restèrent suspendus dans l’air, comme une promesse gravée dans les pierres. Le garçon, secoué de sanglots, fixait encore l’espace vide, refusant d’accepter l’absence.

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‎Puis, au loin, un rire cruel se fit entendre. Il s’éleva dans la nuit, porté par les rafales, et se perdit dans la fureur du ciel. Ce rire, glacé comme l’acier, scellait le crime et marquait le commencement d’un destin funeste.

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‎Sous la tempête grondante, le sort des jumeaux venait d’être irrémédiablement lié à celui du monde.

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‎💖 Chapitre 1 — Les chaînes invisibles

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‎Le matin se levait sur la maison, mais pour elle, la lumière n’était qu’un mensonge.

‎Les rayons filtraient à travers les rideaux poussiéreux, caressant les murs décrépits, mais rien ne pouvait réchauffer son cœur glacé. Son nom signifiait espoir, pourtant, chaque journée ressemblait à une punition divine, une épreuve interminable imposée par un ciel muet.

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‎Depuis la mort de sa mère, son univers s’était écroulé comme un château de sable balayé par la mer. Là où il y avait eu chaleur et tendresse, il n’y avait plus que froideur et cris. Son beau-père, celui que les voisins appelaient avec respect « un homme de valeur », s’était révélé être son pire cauchemar. Respectable ? Oui, aux yeux du monde. Mais derrière les murs, il devenait tyran, bourreau domestique, maître cruel d’une vie qu’il piétinait sans remords.

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‎La fillette, désormais adolescente, portait sur son corps les marques de son esclavage. Ses mains fines étaient couvertes de brûlures infligées par la cuisine, son dos sillonné de cicatrices laissées par le fouet du travail forcé. Mais plus douloureux encore étaient les cicatrices invisibles : celles qu’on grave dans un cœur avec des mots humiliants, répétés jour après jour jusqu’à ce qu’ils empoisonnent l’âme.

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‎Du matin au soir, elle lavait, récurait, frottait, portait des charges trop lourdes pour ses frêles épaules. Ses genoux s’usaient sur les carrelages, son souffle se brisait sous l’effort, mais jamais elle ne pliait complètement. Parfois, elle se demandait si le ciel n’avait pas confondu son destin avec celui d’une esclave antique. Elle n’était pas née pour être brisée… pas entièrement.

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‎Car malgré tout, il restait une arme que son bourreau ne pouvait pas lui voler : son esprit. Et dans cet esprit, elle trouvait la force de se moquer de lui, de transformer sa douleur en ironie.

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‎« Un jour, pensa-t-elle en frottant le sol avec rage, il glissera sur ce carrelage brillant et se cassera une dent. Et ce jour-là… je rirai si fort que même les anges descendront applaudir. »

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‎Un sourire fugace éclaira son visage fatigué, mais il disparut aussitôt lorsqu’un hurlement retentit derrière elle.

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‎— Plus vite, vermine !

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‎Elle serra les dents, étouffant la réplique qui lui brûlait les lèvres. Chaque insulte était une chaîne invisible. Et chaque chaîne pesait lourd. Pourtant, au fond d’elle, elle savait qu’un jour ces liens se briseraient. Un jour, ses larmes se changeraient en flammes.

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‎Ce qu’elle ignorait encore, c’est que ce jour approchait plus vite qu’elle ne l’imaginait. Son destin était déjà en marche, prêt à la conduire vers un monde plus cruel encore, mais infiniment plus vaste. Bientôt, elle ne serait plus la prisonnière d’un seul homme, mais la proie d’un univers de ténèbres. Vendu comme on vend une marchandise, son nom résonnerait dans les couloirs du pouvoir. Et son maître ne serait autre que celui que l’on appelait le Boss de glace…

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‎💖 Chapitre 2 — Vendue comme une marchandise

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‎La nuit tombait, et avec elle, un silence inquiétant.

‎Lumina savait, au fond d’elle, que son beau-père préparait quelque chose. Toute la journée, il avait chuchoté avec des hommes vêtus de noir, silhouettes inquiétantes qui portaient sur eux l’odeur de la poudre, du cuir et du danger. Chaque murmure étouffé résonnait comme une sentence dans l’air lourd de la maison.

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‎Au dîner, il ne lui adressa pas un mot. Pas même une insulte. Et c’était peut-être pire que tout. Le silence, dans sa bouche, était plus effrayant que ses colères habituelles. Lumina sentit son estomac se nouer, ses doigts serrer la cuillère comme une arme invisible. Son instinct lui hurlait que quelque chose d’horrible se préparait.

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‎Quelques heures plus tard, les coups frappés à la porte confirmèrent ses craintes. Trois coups secs, comme un glas. Son beau-père ouvrit, laissant entrer deux hommes en noir. Leurs visages étaient à moitié cachés par la pénombre, mais leurs épaules larges et leur démarche méthodique suffisaient à faire comprendre qu’ils n’étaient pas là pour discuter.

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‎Les yeux de son beau-père brillaient d’une lueur qu’elle n’avait vue qu’une seule fois : celle de la cupidité.

‎— Elle est là, dit-il d’une voix sèche. Prenez-la.

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‎Lumina cligna des yeux, interdite.

‎— Pardon ?

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‎Le coup de poing partit plus vite qu’un éclair. Sa joue brûla, son oreille siffla, et une larme roula malgré elle.

‎— Tu n’es rien, cracha-t-il. Rien d’autre qu’un poids mort. Mais ce soir… tu vas enfin rapporter de l’argent.

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‎Les hommes s’avancèrent et la saisirent brutalement par les bras. Elle se débattit, griffa, mordit, hurla de toutes ses forces. Mais leurs mains étaient des étaux, leurs bras des barres de fer. Sa voix, elle, se perdit dans le vacarme de la nuit, avalée par l’obscurité.

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‎On la traîna jusqu’à une voiture noire aux vitres teintées. On la jeta à l’intérieur comme un paquet indésirable. Le moteur rugit, les pneus crissèrent, et le paysage commença à défiler à toute allure. Le cœur de Lumina battait si fort qu’elle croyait qu’il allait briser sa cage thoracique.

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‎— Où… où m’emmenez-vous ? balbutia-t-elle.

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‎Un des hommes ricana, sa voix rauque emplie de mépris.

‎— Vers ton nouveau propriétaire.

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‎Le mot tomba sur elle comme une lame glaciale. Propriétaire.

‎Elle n’était plus une fille. Plus une personne. Elle devenait une marchandise, un objet qu’on vendait et qu’on échangeait. Son ventre se serra, sa gorge brûlait, mais aucun cri ne sortit.

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‎La voiture finit par s’arrêter. Devant ses yeux s’élevait une immense demeure, sombre et intimidante. De hauts murs l’entouraient, hérissés de barbelés, gardés par des hommes armés. Des projecteurs éclairaient les grilles monumentales qui s’ouvrirent dans un grincement lugubre.

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‎Lumina frissonna.

‎Un des hommes, presque malgré lui, laissa échapper un murmure chargé de crainte :

‎— Bienvenue dans l’antre du Boss de glace.

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