Jimin avait dix-sept ans et menait une vie presque ordinaire à Busan, bercé par le bruit des vagues et les lumières des rues animées. Il vivait avec ses parents dans un quartier calme, et passait le plus clair de son temps libre avec ses amis : des rires, des soirées, des rêves d’avenir. Il n’avait jamais envisagé de partir. Encore moins d’être arraché à tout ce qu’il connaissait.
Ce soir-là, l’air était doux, chargé d’alcool léger et de musique étouffée. Ils sortaient d’un club de nuit, riant encore d’une blague stupide, titubant joyeusement sur le trottoir mouillé. Les néons de la ville reflétaient des couleurs mouvantes sur l’asphalte.
Mais la légèreté fut brisée net.
Deux hommes surgirent de l’ombre sans un mot, les visages à moitié masqués, l’allure menaçante. L’un tenait un long couteau, l’autre un objet tranchant et métallique. Ils s’approchèrent rapidement, leur voix rauque rompant le silence avec une violence froide.
— Donnez-nous tout. Téléphones. Portefeuilles. Maintenant.
Le groupe de jeunes recula, pris de panique. Il n’y avait aucune issue : derrière eux, un mur. Devant, la peur. Jimin sentit son cœur battre trop fort dans sa poitrine. Ses jambes tremblaient. Il entendait ses amis murmurer, retenir leur souffle, s’agripper les uns aux autres.
Mais quand l’un des agresseurs s’avança brutalement, prêt à les frapper, quelque chose changea. Une chaleur étrange monta dans la gorge de Jimin, puis dans sa poitrine. Sa main se leva d’elle-même, comme guidée par un instinct inconnu.
— Ne vous approchez pas ! cria-t-il.
Sa voix fendit la nuit comme un éclair.
Une lumière blanche, éclatante et pure, jaillit de sa paume ouverte. L’instant d’après, les deux hommes furent projetés en arrière, comme frappés par une force invisible. Le silence retomba brusquement. Les agresseurs gisaient au sol, inertes mais vivants. Personne n’avait bougé. Personne ne comprenait ce qui venait de se passer.
Jimin, haletant, baissa lentement la main. Ses amis le regardaient comme s’ils ne le reconnaissaient plus.
Lui non plus, à vrai dire.
CE N’ÉTAIT PAS UN RÊVE
Le soleil filtrait à travers les rideaux entrouverts, caressant les murs de la chambre de Jimin d’une lumière dorée et tiède. Il ouvrit les yeux lentement, encore engourdi, la gorge sèche, le souffle un peu court. Pendant quelques secondes, il ne sut plus vraiment où il était, ni ce qu’il avait vécu.
Avait-il rêvé ?
Cette lumière… ces hommes… ses amis figés… Tout semblait irréel.
Il s’étira, passa une main dans ses cheveux — un geste mécanique — puis se leva avec la lourdeur de quelqu’un qui aurait dormi cent ans. Il traîna les pieds jusqu’à la salle de bain, attrapa sa brosse à dents à l’aveugle, mit du dentifrice, se brossa les dents à moitié endormi.
Puis il ouvrit le robinet et passa un peu d’eau fraîche sur son visage.
Mais lorsqu’il releva la tête pour se regarder dans le miroir…
Il resta figé.
Ses yeux s’écarquillèrent. Sa bouche s’ouvrit légèrement.
Ses cheveux… étaient roses.
Pas une teinte délavée ou pastel. Non. Un rose éclatant, presque nacré, comme s’ils brillaient sous la lumière. Il se pencha. Se frotta les yeux. Tira sur une mèche. Puis il hurla.
— EOOOOOMMMAAAAAA !
Il sortit de la salle de bain comme une tornade, dévala les escaliers en frappant chaque marche comme un tambour, et surgit dans la cuisine, essoufflé, les cheveux en désordre, les yeux grands ouverts.
Ses parents, calmes et en train de prendre leur petit déjeuner, levèrent les yeux vers lui.
— Vous voyez ça ?! s’écria Jimin en désignant sa tête d’un geste agité.
— Qu’est-ce que… balbutia sa mère, posant lentement sa tasse.
— Je vous jure que j’ai rien fait ! Pas de teinture ! Pas de produit ! Rien du tout ! Vous m’avez interdit les colorations, je sais, mais là, c’est pas moi ! C’est pas moi !
Son père fronça les sourcils. Sa mère s’était levée, observant de plus près les reflets étranges dans la chevelure de son fils. Ce n’était pas une couleur artificielle. C’était… surnaturel. Organique. Vibrante. Et elle le sait.
— Et puis j’ai fait un rêve, enfin je crois, raconta Jimin en parlant vite, trop vite. On sortait du club avec les gars, y a deux types qui sont sortis de nulle part, ils étaient armés, ils nous ont menacés. Et moi… moi j’ai crié, j’ai levé la main et… et y’a eu une lumière. Et ils sont tombés. C’était pas réel, hein ? C’était pas…
Sa voix se brisa. Il cherchait désespérément une explication, un regard rassurant.
Mais ce qu’il vit dans les yeux de ses parents… ce n’était pas de la surprise.
C’était du silence. Un silence lourd, conscient. Trop plein de souvenirs.
Ils savaient.
Et pour la première fois, Jimin comprit qu’ils lui avaient caché quelque chose.
Le silence dans la cuisine était devenu presque étouffant. Jimin restait debout, les poings serrés, sa chevelure rose vibrant doucement sous la lumière du matin. Ses parents se regardèrent longuement, comme s’ils échangeaient des mots sans parler. Puis sa mère ferma doucement les rideaux. Son père posa sa tasse, se leva et vint se placer à côté d’elle.
— Jimin, dit-elle d’une voix douce. Assieds-toi, mon cœur.
— Non, répliqua-t-il, tremblant. Dites-moi ce qui se passe. Vous saviez. Vous saviez que quelque chose clochait !
Son père prit la parole, grave et calme :
— Ce que tu as vécu hier soir n’était pas un rêve. C’était… ton éveil.
— Mon quoi ?
— Ton héritage… se réveille. Et il était temps que tu saches la vérité.
Sa mère inspira profondément. Puis elle leva une main au-dessus de la table.
Des poussières lumineuses, douces et dorées, commencèrent à danser au bout de ses doigts. Elles tournoyaient autour d’elle comme une brise invisible. Puis, dans un souffle, deux ailes translucides et scintillantes jaillirent de son dos. Elles vibraient, vivantes, délicates et puissantes.
— Je suis une fée, Jimin. Une fée ancienne. Issue d’une lignée royale.
— Et moi, ajouta son père avec un sourire discret, je suis un phénix.
Avant que Jimin ne puisse dire un mot, son père se concentra. Ses yeux brillèrent d’un feu intérieur. Sa peau sembla irradier de chaleur. Et dans un bruissement magique, son corps s’illumina : de son dos, jaillirent des plumes rouges et or, enflammées, majestueuses. Une aura de chaleur douce envahit la pièce.
Jimin recula d’un pas, les yeux écarquillés.
— C’est… c’est une blague ? Vous me faites une blague là ? Une caméra cachée ?
Sa mère s’approcha et posa sa main contre sa joue.
— Tu es notre fils, Jimin. Mais tu es bien plus qu’un humain. Tu es un enfant de lumière et de feu, un mélange rare, puissant… et précieux. Et... tes cheveux naturels sont roses comme tu le vois, on avait pris la décision de te teindre tes cheveux en noir pour cacher ta vraie nature, lui expliqua sa mère.
— Et l’Akademya Anunn, est le seul endroit où tu pourras apprendre à contrôler ce que tu es en train de devenir, continua son père.
Jimin resta silencieux. Le souffle court. Sa tête bourdonnait.
Des ailes. Du feu. Une école magique.
Et lui… un être mi-fée, mi-phénix ?
Son monde venait de basculer.
INVITATION INDISCUTABLE
- Quoi ?! Non, je n'irai nulle part !
Jimin se leva brusquement de sa chaise, renversant presque son verre de jus. Ses cheveux rose brillaient faiblement à la lumière du matin, mais il n'y faisait plus attention. La révélation de ses origines, la démonstration magique de ses parents, tout cela le dépassait.
Il refusait d'y croire. Il ne voulait pas quitter sa ville. Ses amis. Sa vie.
- C'est une blague, pas vrai ? lança-t-il, la voix tremblante. - Je veux rester ici... Je veux rester normal.
Sa mère échangea un regard avec son père, puis soupira doucement.
- Jimin, je sais que c'est difficile à accepter, mais tu ne pourras pas refuser ce que tu es. Tu es un Ignéféa. Tu es déjà éveillé. Et elle est au courant.
- Elle ?
Un bruit se fit entendre à l'extérieur. Une voiture noire venait de s'arrêter devant leur maison. En sortit une femme, vêtue d'un long manteau d'un bleu nuit brodé d'or. Ses cheveux gris clair étaient tressés comme de la soie lunaire, et ses yeux étincelaient d'une étrange sagesse. Elle s'approcha, digne et silencieuse, avant de toquer doucement à la porte.
La mère de Jimin ouvrit, comme si elle attendait ce moment depuis des années.
- Maelis. murmura-t-elle avec un léger sourire.
- Ji-Eun. répondit la femme, en hochant la tête. Puis elle regarda Jimin.
- Je suis Maelis Naram. Émissaire de l'Akademya Anunn. La directrice est déjà au courant de ton éveil, Jimin. Il n'y a plus de retour possible.
Jimin recula d'un pas, encore sous le choc. C'était trop soudain. Trop réel.
- Mais je... je n'ai rien demandé. Je veux juste rester comme avant...
Maelis s'approcha lentement, sa voix douce mais ferme :
- Il n'y a plus de "comme avant", Ignéféa. Quand la lumière de ton feu s'est levée, les voiles du monde se sont écartés. Tu n'es pas seulement un enfant du hasard... Tu es un héritier. Et tu es attendu.
Jimin sentit un frisson courir le long de son dos. Le regard de Maelis semblait voir à travers lui.
Sa mère posa une main sur son épaule.
- Tu ne peux plus y échapper, mon cœur. Le monde magique t'a reconnu. Et Akademya Anunn est la seule place où tu seras en sécurité... et libre de comprendre ce que tu es.
Dans un silence presque cérémoniel, Jimin comprit que sa vie venait de basculer. Il n'avait plus le choix.
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